Tradition villefalsienne
oblige, le réveillon du 31 décembre 2017 ne s'est pas déroulé
sous un déluge de cotillons. Pas une perruque de Michel Polnareff en
vue, pas de feux d'artifice les douze coups de minuit sonnant, et
aucune gueule de bois à prévoir pour le lendemain. Non, chez nous,
l'événement se fête chaque année dans les salles obscures. Deux
films. Deux comédies. Interprétées par deux monuments du
genre que sont Didier Bourdon, l'un des trois membres des Inconnus,
et Chirstian Clavier, l'en des fondateurs de la mythique équipe du
Splendid. Garde Alternée
et Momo. Si
l'un et l'autre des synopsis sentaient la viande faisandée, les
réactions du public ne se sont pourtant pas faites attendre. Dans
l'un comme dans l'autre, ce ne fut que profusion de rires. De la
grande salle numéro une du cinéma Mega CGR de Narbonne à la numéro
quatre, pas plus grande qu'un réduit, mais au combien chaleureuse,
les deux publics ont semble-t-il apprécié le spectacle. Mais Garde
Alternée et Momo
méritent-ils
l'engouement dont ils ont bénéficié ?
Entre cette histoire d'adultère, puis de vengeance orchestrée par
l'épouse trompée, et celle de ce couple sans enfants recevant la
visite d'un fils inattendu, la cinéaste Alexandra Leclère, puis le
duo Sébastien Thiery et Vincent Lobelle nous auront-ils convaincu ?
Pas sûr.
Si
les rires entendus lors de la première séance furent à mon goût
tout à fait justifiés, c'est avant tout parce que les interprètes
de Garde Alternée
et ses nombreuses et rocambolesques situations firent preuve d'une
grande originalité. Et puis, il y a derrière les personnages du
couple formé par Sandrine et Jean ainsi que celui de la maîtresse
Virginie, deux actrices et un acteur que l'on apprécie forcément.
Valérie Bonneton, Didier Bourdon et Isabelle Carré. La première,
barrée, inventive, dont l'expressivité est toujours aussi présente
organise un show exceptionnel. Face à une Isabelle carré nature.
Toujours aussi délicieusement belle. La maîtresse que tout les
hommes aimeraient entretenir et que toutes les femmes voudraient
détester. Au milieu de ces deux femmes, un Didier Bourdon parfois
effarant de crédulité. Abasourdi par ce qui arrive à son
personnage. Plus le récit déploie son intrigue, plus le spectacle
s'emballe, et plus ses interprètes se livrent. Jusqu'à se mettre
littéralement à nu. La recette permettant de raviver la flamme
contiendrait-elle dans cette heure et demi de pur bonheur ?
Garde Alternée
n'a certes pas la verve d'un Prénom
ou d'un Dîner de Cons.
L'écriture
n'y est pas aussi fine. Pas aussi profonde. Mais nombre de situations
font leur effet. On rit beaucoup. Les zygomatiques sont très souvent
sollicités. A noter la présence du toujours excellent Michel
Vuillermoz dans le rôle du libraire homosexuel Félix, d'Hélène
Vincent dans celui de la mère de Sandrine et de Jackie Berroyer dans
celui du père ou encore de Laurent Stocker dans la peau de Michel,
le meilleur ami de Jean. Un excellent divertissement à l'attention
de toute la famille.
Concernant
Momo,
la chose est un peu plus délicate. Certains vous diront que l'on ne
joue pas avec le handicap. Je vous répondrais que d'une certaine
manière, l'humour peut au contraire nous aider à l'accepter. Momo,
qui dans la langue de Patrick, l'enfant abandonné par ses parents à
sa naissance parce qu'il est sourd, veut dire maman. Le scénario
écrit à quatre mains par Sébastien Thiéry (également réalisateur
du film auprès de Vincent Lobelle) et Pascale Arbillot tourne donc
autour de ce personnage débarqué dont ne sait où. Pas vraiment
habillé à la mode et affublé d'une diction difficile à saisir,
Patrick est muet et reprend contact avec ses parents André et
Laurence Prioux (respectivement Christian Clavier et Catherine Frot)
qu'il n'a jamais connu. Pris pour un débile à cause de sa façon de
parler, il s'incruste chez ce couple aisé qui prend d'abord peur
face à ce très étrange personnage, capable d'entrer dans des états
de fureur inquiétante. Marié à Sarah (l'actrice Pascale Arbillot,
co-scénariste du film), il sait se faire attachant. Surtout auprès
de sa mère Laurence qui n'a malheureusement jamais eu d'enfants. Si
la mère et le fils se rapprochent peu à peu, la chose demeure
délicate entre Patrick et André qui voit l'irruption de cet
individu d'un mauvais œil.
Là
encore, le public a beaucoup rit. D'abord confronté à la voix
particulière du personnage interprété par Sébastien Thiéry, on
peut comprendre que cela fasse rire. Nous-mêmes avons à une ou deux
occasions. Mais entendre derrière moi certains spectateurs rire
chaque fois que Patrick ouvrait la bouche finit par devenir gênant.
Comme si le film n'était prétexte pour certains qu'à s'esclaffer,
se moquer du handicap de l'un de ses principaux personnages. Momo
ne prêtant pas forcément à sourire, certaines scène demeurent
même relativement triste. Le personnage de Catherine Frot plombe
l'ambiance. Et si le couple qu'elle forme auprès de Christian
Clavier est intéressant, les moments qui se voulaient d'intense
émotion retombent comme un soufflet raté. Pourtant, on n'en voudra
pas à l'actrice-scénariste Pascale Arbillot et l'acteur-réalisateur
Sébastien Thiéry d'avoir voulu réaliser une comédie prônant
quelque peu le droit à la différence. Le message est touchant
quoique maladroitement mis en scène. Il manque à Momo
une
vraie profondeur. Christian Clavier n'étant pas Louis de Funès, les
rôles que lui confient depuis un certain nombre d'années les
réalisateurs n'ont font pas pour autant un acteur irrésistiblement
drôle. Au final, a part quelques petits gags amusant (le berger
allemand allemand, l'anecdote concernant la rencontre entre Patrick
et Sarah), Momo se
révèle plutôt plat et malheureusement dans la mouvance comique
actuelle en France. Pas ou peu de véritable écriture pour un
résultat moyennement convainquant...
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