L'Homme Orchestre de Serge Korber est intéressant à
plus d'un titre. Comme cela sera également le cas deux ans plus
tard, le réalisateur offre à notre Louis de Funès de camper un
personnage dans un long-métrage relativement déroutant (Sur
un Arbre Perché poussera
l'expérimentation jusqu'à proposer une sorte de huis-clos à ciel
ouvert (qui a dit que cela était incompatible?) très particulier),
Tandis que L'Homme Orchestre
navigue entre comédie et spectacle musical. Le cinéaste offre à
Louis de Funès un rôle qui lui va à ravir. De ces individus
rigides, autoritaires et incorruptibles. Directeur d'une compagnie de
danse contemporaine, Evan Evans prépare son nouveau spectacle
lorsque l'une de ses danseuses lui fait faux bond. A la recherche
d'une remplaçante, il engage la jolie Endrika sous certaines
conditions : interdit d'avoir un petit ami, de se marier, de
tomber enceinte, etc. Endrika obtient le rôle au sein de la troupe
mais bientôt, lors d'une tournée en Italie, il est clair que la
jeune femme n'a pas rempli toutes les conditions puisqu'y vit son
enfant. Un bébé qu'elle a jusqu'à maintenant confié à une
famille italienne mais qu'elle est en devoir de récupérer. Et comme
elle n'a jamais partagé son secret avec quiconque, elle décide sur
les conseils de Françoise, une autre danseuse qui elle aussi a
dérapé
en ne respectant pas les règles d'or mises en place par Evan Evans,
de faire croire que l'enfant est de Philippe, le neveu du
directeur...
Je
disais donc que L'Homme
Orchestre était
intéressant à plus d'un titre : car outre le fait d'y
retrouver l'insurpassable Louis de Funès (tous les acteurs comiques
d'aujourd'hui faisant, avouons-le pâle figure à ses côtés), le
long-métrage de Serge Korber a l'immense privilège d'avoir pu
s'accorder la participation de l'immense compositeur François de
Roubaix qui à l'époque débarquait avec un son nouveau. L'Homme
Orchestre est
une œuvre psychédélique qui ne tient pas uniquement dans ses
décors ou ses costumes mais bien dans les remarquables compositions
du musicien malheureusement décédé à l'âge de trente-six ans le
21 novembre 1975 dans un bête accident de plongée.
Si
la plupart des personnages qu'aura interprété Louis de Funès
durant sa carrière semblaient suivre une ligne directrice
comportementale relativement commune, L'Homme
Orchestre paraît
rassembler des éléments du passé de l'acteur et des futurs rôles
qu'il allait endosser. On ne reviendra pas sur les aspects quelque
peu ignobles du personnage de Evan Evans et qui furent le fond de
commerce de Louis de Funès qui les rendit pourtant terriblement
attachants. Un miracle si j'ose dire !
Dans
L'Homme Orchestre,
il y a un peu du Oscar
d’Édouard Molinaro dans les liens de parenté tronqués entre le
bébé et Philippe. Un peu des Aventures
de Rabbi Jacob
dans ces danses auxquelles participait déjà avec plaisir l'acteur.
Une propension à se livrer corps et âme même lorsque le producteur
de la Gaumont Alain Poiré refuse de lui octroyer un cachet plus
élevé que prévu tandis que d'autres producteurs lui en proposaient
de plus importants. Soyons chauvins et poussons plus loin le bouchon
en affirmant que le producteur et réalisateur Robert S. Baker aura
su retenir la leçon pour l'ouverture de sa mythique série
Amicalement Votre
(le film de Serge Korber s'ouvre en effet sur une scène de
course-poursuite dans les environs de Nice) ou que Jean Yanne aura
trouvé là, matière à écrire ses propres comédies musicales pop
et psychédéliques. Paranoïa ? Peut-être... L'Homme
Orchestre demeure
de toute manière une expérience toute particulière avec ses bons
et ses mauvais côtés, que tout fans de Louis de Funès se doit
d'avoir vu au moins une fois dans son existence. A noter la présence
d'Oliver de Funès, fils du grand Louis, lequel jouera à six
reprises aux côtés de son père...
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