Erwan Gourmelon, veuf,
père de Juliette, fils de Bastien, est un démineur breton très
consciencieux envers son métier et ses employés. Lors d'un banal
test ADN, il apprend que Bastien n'est pas son vrai père. Dès lors,
Erwan fait appel à une détective afin de retrouver son véritable
géniteur. Lorsque celle-ci lui communique l'identité de l'individu,
Erwan enquête en toute discrétion afin de ne pas éveiller les
soupçons autour de lui. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de
Joseph Levkine, un vieil homme attachant avec lequel il va finir par
le lier d'amitié, lui révélant qu'il est sans doute son enfant.
Par le plus grand des hasards, et dès son retour au bercail, Erwan
croise lors d'un accident de la route qui a causé la mort d'un
sanglier, Anna, jeune et jolie médecin. L'un et l'autre tomberont
sous le charme mais ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que la
jeune femme est la fille de Joseph et donc, sans doute la demi-sœur
d'Erwan...
La magie du cinéma opère
à travers le dernier long-métrage de Carine Tardieu (Du Vent
dans mes Mollets). Une sensibilité toute féminine qui se
ressent à travers ces scènes intimistes remplies de tendresse,
d'amour et d'amitié. Une œuvre profonde qui ne souffre d'aucune
véritable rupture de ton puisque les différents passages de
l'humour à l'émotion se font avec beaucoup de douceur. François
Damiens est un peu à l'image de son alter ego Benoît Poelvoorde :
il est en effet capable au même titre que son concitoyen belge de
s'investir dans de pures comédies ou comme ici, dans un genre
parfois plus amer et sensiblement dramatique. L'une des principales
qualité du film de Carine Tardieu et de parvenir à éviter l'écueil
du misérabilisme. Chacun de ses personnages est admirablement mis en
valeur par son interprétation et la manière qu'a la cinéaste de le
cadrer et de le mettre en scène. Rarement on aura vu l’intégralité
d'un casting être placé au même rang. Aucun des interprètes n'est
laissé en retrait, et ce, pour le bonheur du spectateur qui pourra y
découvrir tout un panel d'expressions et d'émotions.
Car derrière l'apparente simplicité du récit se cache une vraie
profondeur. En effet, Ôtez-moi d'un doute
aborde
divers
sujets tels que la solitude, la vieillesse, l'abandon, les liens
familiaux, avec cette petite touche de folie qui parfois vous empêche
de fondre littéralement en larmes. Sur un script de la cinéaste
elle-même mais de Michel Leclerc et Raphaële Moussafir également,
François Damiens y incarne Erwin, ce breton un peu bougon, renfermé,
très proche de sa fille et de son père. Alice de Lencquesaing
incarne Juliette, enceinte jusqu'aux dents, ignorant l'identité du
père de son enfant à venir. On retrouve avec un immense plaisir le
toujours épatant Guy Marchand. Quelques rides en plus, mais
tellement plus émouvant également. Dans le rôle de Joseph,
l'excellent André Wilms, qui au même titre que Guy Marchand incarne
un homme vieillissant. Le père génétique d'Erwin. Un homme effrayé
à l'idée de se retrouver seul depuis le départ de son épouse. Un
aspect de son caractère qui d'ailleurs jouera beaucoup dans sa
relation avec Erwan. Anna, c'est Cécile de France. Au départ, jeune
femme méfiante. Mais à l'arrivée, femme amoureuse. Mais
connaîtra-t-elle de telles implications dans sa relation nouvelle
avec Erwan ? Une autre très belle surprise est la découverte
du chanteur et acteur français David Boring, interprète d'une
dizaine de long-métrages, qui ici joue le rôle de Didier, jeune
stagiaire d'Erwan « imposé »
par Juliette. Contrairement aux premières apparences, son personnage
n'est pas le moins fin de tous. Car de l'idiot qu'il paraît être
(aspect de sa personnalité qui ne fait d'ailleurs que s'accentuer),
il demeure l'un des personnages les plus attachants. On devine son
douloureux passé. Du rire un peu bête et primaire, le spectateur
finira par s'y attacher au même titre que les autres héros.
Ôtez-moi d'un doute fait partie de ces quelques films qui avec Le Tout Nouveau Testament ou Un Profil pour Deux ont relancé la comédie en France ces dernières en lui injectant une dose d'émotion et une écriture plus profonde qu'il n'y paraît. Autant dire que les amateurs d'humour strictement attirés par l'humour un peu léger des Dany Boon et Christian Clavier (surtout celui de ce dernier) risquent quelque peu de déchanter. Ce qui serait hautement dommageable lorsque l'on voit la qualité d'une œuvre telle que le dernier film de Carine Tardieu...
Merci
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