L'acteur Artus de
Penguern, lorsqu'il se mettait lui-même en scène possédait un
univers bien à lui. Kafkaïen, surréaliste, burlesque. Un
imaginaire sans frontières. Caricatural, empli d'une joie
incroyablement communicative. Malheureusement, un stupide accident
vasculaire cérébral l'a emporté le 14 mai 2013 alors qu'il venait
tout juste d'atteindre l'âge de cinquante six-ans. Né le 13 mars
1957 à Neuilly-sur-Seine, il aura eu le temps de tourner dans plus
de quatre-vingt courts, long-métrages, téléfilms et séries
télévisées. En tant que réalisateur, il n'aura par contre eu
l'occasion de nous offrir que deux longs-métrages. Ainsi que six
courts, entre 1995 et 2010. De son œuvre de cinéaste, j'ai abordé
très récemment l'excellent Grégoire Moulin contre
l'Humanité, daté de 2000 qu'il interprétait lui-même aux
côtés d'une foule d'excellents interprètes. Une histoire d'amour
peu commune dont le déroulement se rapprochait plus ou moins de
celui de l'excellent After Hours de
Martin Scorsese. Il aura fallut douze ans, et donc plus d'une
décennie, pour qu'Artus de Penguern revienne au grand format. Après
avoir adapté le scénario qu'il écrivit en compagnie de Jérôme
L'Hotsky, cette fois-ci, il s'attaque à celui qu'il a écrit avec
Gábor Rassov.
Ceux qui ont aimé
Grégoire Moulin contre l'Humanité
trouveront peut-être cette nouvelle comédie moins nerveuse, mais le
fait est que le réalisateur et acteur français a conservé le même
univers. Alors, bien entendu, beaucoup de situations paraîtront
naïves. Un peu... faciles dans leur résolution. Mais le propos
n'est pas là. Le sujet de La Clinique de l'Amour
(titre qui renvoie volontairement aux soap-opera diffusés en début
d'après-midi sur certaines grandes chaînes) laisse supposer une
romance à l'eau de rose pimentée par une intrigue aussi légère
qu'inconsistante. Et c'est vrai qu'en temps normal, mis entre les
mains d'un autre, l'histoire de ce duel entre frangins chirurgiens
dont l'un veut vendre la clinique familiale et l'autre veut la sauver
aurait pu se révéler désastreuse. Miraculeusement, la sauce prend.
Beaucoup moins grotesque qu'il n'y paraît, La
Clinique de l'Amour
est une comédie familiale très rafraîchissante qui peut compter
sur le sens inné de la mise en scène de Artus de Penguern et sur
l'interprétation sans faille d'une troupe entièrement acquise à la
cause d'un récit ubuesque.
Artus
de Penguern prouve surtout qu'il na pas utilisé toutes ses
cartouches douze ans auparavant et qu'il en a encore sous le manteau.
Le long-métrage multiplie les invraisemblances. Mais ce qui aurait
nuit ailleurs, fait la force de son œuvre. C'est parfois bête, mais
jamais véritablement méchant. D'ailleurs, les mauvais esprits qui
rôdent dans cet hôpital à l'agonie n'obtiennent jamais gain de
cause. Artus est bien trop gentil, bien trop honnête pour laisser le
destin de la clinique entre les mains du Malin qui, ici, arbore les
traits de Samantha Bitch (Natacha Lindinger, qui justement dans le
rôle de la « biatch »,
fait des étincelles), la nouvelle et très sexy infirmière dont les
intentions malhonnêtes transpirent invariablement dans le regard.
Aux
côtés de la belle et diabolique infirmière, Bruno Salomone, dans
le rôle de Michael Marchal, l'un des frères chirurgiens. Et puis la
délicieuse Helena Noguerra, la sympathique Anne Depetrini, la
surprenante Zmilie Caen, et quelques vieilles connaissance : Ged
Marlon, Michel Aumont, et même Dominique Lavanant. Tous orbitent
tels les membres d'une seule et belle famille d'interprètes autour
d'Artus de Penguern qui lui, s'est offert le rôle de John Marchal.
La Clinique de l'Amour n'est
peut-être pas LA comédie des années 2010, mais elle permet de
passer un excellent moment de détente. A sa façon, Artus de
Penguern abordait la comédie un peu à la manière d'un certain...
Alex de la Iglesia... Il y a pire comme référence...
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