Un film sur l'anorexie.
Le sujet n'est pas nouveau et à déjà été porté plus de quinze
fois au cinéma sous différentes manières, mais le dernier en date,
To the Bone, fait sans doute partie des meilleurs.
C'est sans doute celui qui concentre également toutes les données
nécessaires afin de connaître mieux cette maladie dont la seule
évocation demeure malgré tout, assez incommodante. Réalisé par
une femme dont il s'agit ici du tout premier long-métrage, la
cinéaste Marti Noxon évite les écueils attendus dans ce genre de
production. Jamais larmoyant, et donnant encore moins dans le
voyeurisme, To the Bone
est une œuvre profonde, émouvante, et admirablement interprétée.
On tente d'y déceler l'élément déclencheur de la maladie. La
famille, éclatée. Le père, toujours absent. La mère, à des
années-lumières de là. Une vie partagée avec une demi-sœur et
une belle mère. On croit comprendre très vite les raisons du mal
qui touche la jeune et jolie Ellen. Mais c'est sans compter sur la
force irrépressible qui l'empêche de se nourrir. Comme une
dépendance. La même que celle qui lie l’héroïnomane et son
sachet de poudre , ou le coureur de fond pris de sueurs
abondantes dès lors qu'on ne lui accorde pas la plage de liberté
nécessaire à son entraînement.
Keanu
Reeves est le Docteur William Beckham. L'homme auquel va être confié
Ellen. Une charge lourde. Une responsabilité hors norme puisqu'à
l'amour de la vie, la jeune femme de vingt ans lui préfère
l'abstinence. Plutôt que de simplement s’appesantir sur le sort de
son héroïne, l'américaine Marti Noxon préfère conjuguer drame
et humour. Ses vedettes ne sont pas que des victimes d'un terrible
fléau que la Mort rêve d'emporter mais également des jeunes filles
et des jeunes hommes aussi attachants que peuvent l'être nos
proches. Pas de quoi fuir donc, à la vision de ces corps décharnés
dont seul celui de l'héroïne sera véritablement exposé comme
preuve de la déchéance physique dont sont victimes les anorexiques.
La
jeune Lily Collins porte à bout de bras le film, aidée en cela par
une brochette d'interprètes impeccables, dont un Alex Sharp dans le
rôle de Luc soufflant à l'héroïne de la nouvelle locataire un
message d'espoir absolument nécessaire pour que ne meure pas dans
l’œuf et dans cette maison où se réunissent les patients du
Docteur William Beckham, la trame conduisant à laisser entrevoir une
ouverture vers la guérison. Un drame donc, mais comme écrit plus
haut, une comédie également. Et même si l'humour n'étouffe pas
tout à fait le poignant message véhiculé par la
réalisatrice et par ses comédien(ne)s, il est un bien nécessaire
lui aussi. Il désamorce tout ce que l'on aurait pu redouter, les
discrets changements de ton désamorçant ainsi, et avec élégance,
les quelques douloureux passages de To the Bone.
On retrouve également au générique, l'actrice Lili Taylor, loin
des thématiques plus sombres et fantastiques (The
Addiction
d'Abel Ferrara) ou de l'humour trash du Pecker
de John Waters. A voir ne serait-ce que pour se convaincre que
l'anorexie ne mérite pas d'être encore considérée comme un
tabou, mais juste pour ce qu'elle est : une affection dont on
peut guérir ses malades...
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