De la fiction...
Le temps passe,
inexorablement, et avec lui la mémoire et les souvenirs. Parmi les
milliers de films ingurgités depuis les trois dernières décennies
au moins, Gran Bollito (aka Black Journal,
aka Mémoires Diaboliques) fait partie de ces
longs-métrage dont le souvenir demeure aussi frais que lorsque je
les ai découvert pour la première fois. A l'époque, le film était
diffusé sur Canal+. Bien avant l'arrivée du câble, ou d'Internet
dans nos salons, il fallait soit patienter jusqu'à ce qu'une chaîne
de télévision se décide à les diffuser, soit se rendre dans le
vidéoclub le plus proche tout en risquant de rentrer malheureusement
les mains vides. Film italien réalisé par le cinéaste Mauro
Bolognini, est un petit thriller horrifique 'international'
puisque outre la présence de plusieurs interprètes d'origine
italienne, la principale interprète est l'actrice américaine
Shelley Winters. A ses côtés, l'acteur suédois Max von Sydow campe
l'un des nombreux personnages auxquels le cinéaste a choisi d'offrir
un goût immodéré pour le travestisme (ainsi que celui d'un
inspecteur de police intervenant après que Lisa, la travestie que
l'acteur interprétait jusque là, ait été tuée par Lea, l'héroïne
de Gran Bollito). Une 'déviance' sexuelle
plutôt commune à l'époque dans le cinéma italien puisqu'il
n'était pas rare d'en croiser de manière récurrente.
Scénarisé par Nicola Badalucco,
Gran Bollito est
surtout une adaptation libre d'un fait-divers particulièrement
sordide ayant eu lieu dans la commune de Correggio en Italie entre
1939 et 1940. Bien que quelques libertés aient été prise avec la
vérité et qu'en pré-générique, l'ouverture annonce que le film
de Mauro Bolognini s'inspire de diverses sources, il est clair que
l'histoire de Leonarda
Cianciulli demeure la principale.
Le
récit tourne autour de Léa, une italienne quinquagénaire bien
charpentée forcée d'émigrer dans le nord du pays afin de rejoindre
son époux Rosario. Lequel va être victime d'un accident vasculaire
cérébral. Un malheur contrecarré par la présence de Michele, leur
fils aimé. Les liens qui unissent l'enfant à sa mère s'expliquent
par le fait que Léao a perdu avant lui, ses treize bébés
précédents. Certains mourant lors de fausses couches ou quelques
mois seulement après leur naissance. Bien que Michele aime
profondément sa mère, le jeune homme rêve de voler de ses propres
ailes. Lorsque sa mère apprend qu'il entretient une relation avec
Sandra qu'il a, de plus, l'intention d'épouser. Afin de garder
auprès d'elle son enfant, Léa jette un sort au père de Sandra pour
éloigner la jeune femme. Elle tente ensuite de rapprocher Michele de
Tina, une sourde-muette s'occupant de Rosario. Mais comme aucune de
ces solutions ne fonctionne, Léa essaie une méthode beaucoup plus
convaincante consistant à sacrifier ses nouvelles amies en les tuant
dans sa propre cuisine aménagée pour l'occasion en abattoir. Afin
de se débarrasser des corps, elle les transforme partiellement en
savons et donne le reste à manger à celles de ses amies qui ne sont
pas encore tombées entre ses griffes...
Gran Bollito
maintient
surtout un intérêt grâce à l'interprétation de Shelley Winters
qui en tueuses machiavélique élimine avec une rigueur mécanique
plusieurs amies travesties. A croire que le cinéaste italien a un
problème avec ces derniers. Là où le film se rapproche davantage
du fait divers réel, c'est lorsque Léa apprend que son fils va
devoir partir pour le service militaire.
… à
la réalité
Par
contre, ce qui diffère grandement de l'histoire de Leonarda
Cianciulli de celle de l'héroïne de Gran
Bollito,
c'est la différence de stratégie concernant la méthode employée
par Léa pour éviter à son fils d'être mobilisé avant la seconde
guerre mondiale. Née le 14 avril 1894 , Leonarda Cianciulli tue
trois de ses amies à des fins de sacrifices humains. Contrairement à
Léo, Giuseppe (le fils inspirant le personnage de Michele) n'est pas
l'enfant unique de Leonarda Cianciulli, mais du moins son préféré.
Diseuse de bonne aventures, Leonarda Cianciulli profite des visites
respectives de Faustina Setti, Francesca Soavi et Virginia Cacioppo
pour les tuer chacune à leur tout et les offrir en sacrifice afin
que Giuseppe échappe à l'incorporation dans l'armée italienne.
Afin de se débarrasser des corps, elle les découpe en morceaux, en
transforme une partie en savon (ce qui lui vaudra le surnom de
'saponificratrice')
et cuisine le sang pour en faire des gâteaux qu'elle partage avec
les femmes qui viennent la consulter. C'est là qu'intervient ensuite
le subterfuge pour que son fils évite d'être mobilisé. En effet,
les atrocité commises par Leonarda Cianciulli découvertes, la mère
de famille fait accuser son fils afin qu'il passe les années
suivante en prison plutôt que sur le champ de bataille. La guerre
une fois terminée, Leonarda a modifié son témoignage, s'est
accusée, et a ainsi pu innocenter Giuseppe. En 1946, à l'issue de
son procès, lasaponificratrice'
est jugée coupable et condamnée à trente ans de prison dont trois
ans d'internement dans un hôpital psychiatrique. C'est en prison
qu'elle meure le 15 octobre 1970...
Les victimes et les armes utilisées par la meurtrière:
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