Difficile de parler objectivement de cet OFNI inattendu réalisé par
l'américaine originaire d'Iran, Ana Lily Amirpour
dont il s'agit ici du second long-métrage après A
Girl Walks Home Alone at Night. Un
étrange objet que l'on pourrait presque comparer à un mélange
improbable de Mad Max
(ou tout autre film post-apocalyptique centrant son intrigue au beau
milieu d'un désert), de La Colline à
des Yeux,
de Bone Tomahawk,
de road-trip hallucinatoire et de romance. A sa sortie de prison, la
jeune, belle, et blonde Arlen (l'actrice Suki Waterhouse, laquelle
participa notamment au tournage du remake du premier volet de la
trilogie Pusher)
est forcée de quitter l'état du Texas et s'enfonce peu à peu dans
le désert, côté mexicain, où elle est enlevée par une tribu de
cannibales qui a pour habitude de conserver ses proies vivantes après
avoir prélevé leurs membres afin de garder la viande fraîche.
Déjà, faire de son héroïne une femme à laquelle manque la moitié
d'un bras et d'une jambe paraît osé. Ce 'détail'
renforce d'ailleurs la drôle
d'impression qui plane au dessus de la tête de la jeune femme. On
hésite entre la trouver séduisante (il faut dire que Suki
Waterhouse est particulièrement jolie) et ressentir un certain
malaise devant cette vision peu commune d'une femme à laquelle on a
ôté une partie de sa féminité.
Autre
'détail' curieux, la communauté
regroupant les dits cannibales. Des culturistes. Tous, sans
exception. Tellement bouffis de muscles que l'on a parfois du mal à
séparer les représentantes féminines de leurs congénères
masculins. Et puis, en face, à quelques kilomètres de l'enfer
cannibale (dont on ne suivra finalement pas les aventures durant le
reste de l'aventure), vivent au cœur de Comfort, des centaines de
paumés sous le joug de The Dream, sorte de gourou charismatique
interprété par l'excellent Keanu Reeves. Est-ce un fait exprès ou
est-ce simplement le fruit du hasard, mais l'acteur y ressemble
étonnamment à Jim Jones, lequel fut notamment responsable de la
mort de plus de neuf-cent des disciples de sa communauté de
Jonestown.
Étonnante
également, la participation de l'acteur Jim Carrey dans le rôle de
Hermit (l'homme au caddy), totalement méconnaissable en clochard-bon
samaritain aidant son prochain égaré dans le désert. Son rôle
dans la communauté demeure difficile à cerner puisqu'il est autant
capable d'aider Arlen lorsque celle-ci échoue dans sa traversée du
désert, que d'informer (contre un portrait de lui-même) un
cannibale de la présence de sa fille kidnappée au sein de la
communauté de Comfort. Il est amusant de noter, d'ailleurs,
l'approche similaire de la cinéaste envers ses 'indésirables'
aux yeux de la loi et ceux tout juste
chroniqués sur Cinémart dans l'article consacré à Accion
Mutante de Alex de la Iglesia.
Meurtriers, clandestins et homosexuels sont condamnés à errer hors
du territoire américain dont les panneaux situés à la frontière
américano-mexicaine annoncent d'entrée de jeu la couleur :
celui qui quitte l'espace américain y perd tout ses droits. Elle
n'est plus 'résidente des États-Unis
d'Amérique, et n'est plus gouvernée par les lois et organismes en
vigueur dans ce pays.'
Autre
personnage central de The Bad Batch,
Miami Man, interprété par l'océanien Jason Momoa. Apparence de
brute épaisse mais personnage plutôt calme, bardé de tatouages,
paire de lunettes noires vissées en permanence devant les yeux et un
désir profond de retrouver sa fille après qu'il ait découvert sa
femme morte dans une décharge. La romance citée plus, c'est la
sienne, et celle d'Arlen. La belle et la bête. La blonde, reprise de
justice, et le culturiste, mangeur de viande humaine. Encore l'un
des aspect 'barrés' de l’œuvre de Ana Lily Amirpour. Un film qui
tente de ménager quelques visuels léchés et hypnotiques,
d'ailleurs, pas toujours très efficaces (d'autres s'y sont essayé
avec beaucoup plus de bonheur), à l'image du trip au LSD (le timbre
remplaçant ici l'hostie des églises. C'est parfois très long.
Plusieurs scènes durant au delà de la raison. C'est léthargique
(soporifique?), attentiste, tout en demeurant à certains moments,
plutôt sympathique et agréable à suivre. On regrette la
sous-exploitation de Keanu Reeves en gourou superstar. Icône
charismatique et technoïde trop peu présente à l'écran. Au final,
The Bad Batch
se regarde sans véritable désintérêt mais demeure parfois trop
timide pour marquer durement les consciences...
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