A l'origine prévu dans
le cycle "Crocodiles-alligator" du site parallèle L'Idiot
Électrique, Rogue devait ouvrir une nouvelle
voie à une série d’œuvres portées sur les agressions
animalières initiées par le cycle "Requins-mutants".
Soit un conglomérat de ce que le septième art est capable de
produire de plus indigent. Mais à la vision de cette œuvre signée
du cinéaste australien Greg McLean, déjà responsable d'un diptyque
efficace basé sur un fait divers réel (Wolf Creek 1&2),
il était inenvisageable de le faire disparaître au milieu de
titres aussi grotesques que Black Water et Alligator
Alley (deux films très prochainement chroniqués sur
L'Idiot Électrique).
Car oui, Rogue demeure peut-être à ce jour comme l'un des tout
meilleurs exemples d'agression animale au cinéma.
A chaque plan, le film transpire l'amour de son réalisateur pour ce
magnifique pays qu'est l'Australie. Des terres sauvages
extraordinairement mises en scène, de jour comme de nuit. Accentuant
l'aspect crépusculaire d'un tel environnement lorsque le soleil se
couche, et après une première demi-heure décrivant l'expédition
à laquelle est conviée une dizaine de personnes, le film s'enfonce
dans l'horreur pure avec cette menace gigantesque qui revêt
l’apparence d'un crocodile au dimensions spectaculaires.
L'histoire est au fond, toute bête. Un journaliste venu tout droit
de Chicago vient exercer le métier pour lequel il est payé :
visiter l'Australie, ses hôtels miteux, ses autochtones crasseux et
primaires, pour en faire un compte-rendu. Mais le carnet de voyage du
reporter va bientôt être rempli de pages rouge-sang. Parmi les
voyageurs ayant embarqué à bord du petit bateau de croisière
piloté par la guide touristique Kate, se trouve un couple et leur
enfant et dont la mère a survécu à un cancer. Un homme est venu
photographier l'extraordinaire site qu'ils vont bientôt tous
découvrir. Un autre est venu disperser les cendres de sa défunte
épouse. Autour d'eux et des autres voyageurs, un étang deux fois
plus grand que le Texas et au fond duquel attendent patiemment
d'énormes crocodiles. Évidemment, l'un d'eux va percuter
l'embarcation au moment même où celle-ci va oser pénétrer son
territoire.
C'est ainsi que l'on passe d'un décor idyllique époustouflant à
une vision beaucoup plus angoissante d'un pays qui demeure pour nous
totalement inconnu. Et l'on ne parle pas ici uniquement de
l'Australie elle-même mais de cet étang immense entouré d'une
végétation touffue qui n'autorise aucun écart de conduite. Greg
McLean a l'idée judicieuse de développer la personnalité de ses
personnages afin de nous les rendre tantôt attachants, tantôt
agaçants. Un choix qui passe forcément par une étape rendant le
rythme du film pesant. Mais ce manque d'efficacité inhérent à
cette seule demi-heure qui ouvre le bal permet par sa lenteur (pour
certains spectateurs, visiblement déconcertante), à rendre plus
impressionnante encore l'heure qui va suivre.
Le paradis terrestre est alors définitivement éclipsé par une nuit
sans Lune simplement éclairée par les torches de l'embarcation et
les appareils dont sont munis les voyageurs. Le climat devient à
nouveau pesant, mais cette fois-ci d'une manière totalement
différente.
L'un des aspects les plus bluffant de Rogue est la
présence de l'immense crocodile qui rode autour de nos personnages.
Greg McLean a réfléchi durant de longs mois à sa conception.
Celle-ci ne se cantonnant pas seulement à son apparence mais à la
manière dont la bête surgit hors de l'eau. En fait, ce qui marque
les esprits plus que dans toute autre œuvre du genre, c'est le
réalisme avec lequel les effets-spéciaux donnent vie au crocodile.
C'est bien simple, on a réellement l'impression qu'il s'agit d'un
véritable animal alors qu'il demeure en réalité un mélange
d'effets visuels numérique et d'animatronic.
On peut alors considérer Rogue comme un petit
chef-d’œuvre du genre "agressions animales" et Greg
McLean comme une valeur sûre du cinéma australien, lui qui avec
Wolf Creek avait déjà réalisé une vraie perle du genre "serial
killer". Espérons juste que personne n'aura la mauvaise idée
de tourner une suite à Rogue . On sait combien la
majeure partie de celles-ci font du tort aux œuvres originales...
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