Je voudrais tout d'abord remercier DJSafe grâce auquel j'ai pu enfin revoir Raiders of the Living Dead que je cherchais alors depuis de nombreuses années. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, allez faire un tour sur son fantastique blog CONTREBANDE VHS. Une mine remplie de trésors introuvables partout ailleurs...
Ça y est ! Le grand
jour est enfin arrivé. J'ai mis les petits plats dans les grands,
j'ai sorti les couverts en argent, puis j'ai mis au frais ma plus
belle bouteille de champagne. Je n'aurai sans doute personne avec
lequel la partager mais que cela n'attriste aucun d'entre vous.
J'aurai au moins le bénéfice de n'avoir que très peu de vaisselle
à laver et celui d'être totalement saoul avant la fin de la
projection. Voir Raiders of the Living Dead, et mourir.
De peur ? D'ennui ? À vous de choisir le terme qui colle
au mieux à cette sensation étrange qui émane de cette pellicule
hautement radioactive. Si George A. Romero était mort, il se
retournerait sûrement dans sa tombe. Jacques Tourneur, lui, ne doit
plus trouver le repos éternel depuis cette fatidique année 1986 où
est né Raiders of the Living Dead. Si le nom de
Samuel M. Sherman ne vous dit rien, soyez rassurés, à l'époque,
moi non plus je ne connaissais pas ce cinéaste qui avant la purge
dont je vais vous parler avait déjà signé quelques productions
horrifiques restées dans l'ombre chez nous.
Ed Wood peut se rassurer.
Il n'est pas le plus mauvais cinéaste que le monde entier s'est
évertué à décrire durant des décennies. Mille films tournés par
d'autres le prouvent. Cas unique dans les annales du cinéma, Raiders
of the Living Dead est
sans nul doute le seul film à faire l'unanimité. Pour tout le
monde, le message est clair, et chacun s'accorde à dire qu'il est
mauvais. Afin de bien vous faire comprendre l'objet de ce rejet
systématique dont est victime le film de Sherman, disons qu'à coté
de lui, le film de Bernard-Henri Levy, Le Jour et
la Nuit,
mériterait de passer à la "Cinémathèque Française"
chaque jour durant une année entière. Vous commencez à
comprendre ?
Mais
alors, quel est donc cet objet sur lequel je m’évertue à jurer
sans même vous avoir encore donné la moindre information sur son
contenu ? Un film de zombies. Mais alors qu'aujourd'hui "t'as
l'air d'un con"
si tu n'as pas tourné ta propre version du phénomène, à l'époque,
en 1986, le genre était surtout monopolisé par le grand, l'immense
George Romero, que des petits malins tentaient avec plus ou mois de
bonheur (entre autres, Dan O' Bannon et son excellent et drôlatique
Retour de Morts-Vivants )
de reprendre à leur compte.
La
découverte de Raiders of the Living Dead
est une expérience vraiment particulière. Enrichissante d'abord
puisqu'elle démontre qu'avec un budget, si petit soit-il, on peut ne
pas avoir la fertile imagination d'un Sam Raimi (Evil
Dead)
et réaliser LE plus mauvais film de l'histoire du cinéma. L’œuvre
de Samuel M. Sherman est à l'apogée de ce que l'on pourrait décrire
comme du contre-cinéma. Comme certains peintres détruisent leurs
toiles sous le prétexte curieux d'agir en tant qu'artistes, Sherman
s’évertue à ne filmer que du vide. Visionnaire, le cinéaste
érige bien avant Lars Von Trier et Thomas Vinterberg les préceptes
du Dogme95 en filmant son film sans éclairage. Des restrictions ici
impératives puisque le budget et l'absence de talent de l'équipe de
tournage ne lui permettent aucune folie. C'est moche, triste, et
tellement lent que l'impression d'assister à l'assaut du plateau de
tournage des Feux de l'Amour
par une armée de zombies (en réalité, pas plus de quatre ou cinq)
saute littéralement aux yeux.
L'histoire :
Une île, une prison, un journaliste, des bruits qui circulent, un
petit génie de l'électronique, un savant fou, des zombies, imaginez
un peu ce que l'on peut faire avec une telle matière lorsque l'on
s'en donne les moyens. Imaginez ce que cela peut donner lorsqu'un tel
scénario est confié à un tâcheron de l'envergure de Samuel M.
Sherman. Les actrices et acteurs ne dégagent pas le moindre charisme
et donnent l'impression d'avoir été piochés parmi les membres de
la famille du réalisateur. Les effets-spéciaux de maquillage
rappellent ceux des films d'un autre cinéaste Zédifiant autrement
plus jouissif, Bruno Matteï. Quand au récit, il est bourré
d'incohérences et de scène ridicules. Comme ce gamin qui, après
avoir tué accidentellement le Hamster de son grand-père en tentant
de réparer un radio-cassette découvre qu'il est en
possession d'une arme redoutable...
Enfin bref, rien de mieux à vous conseiller que d'éviter Raiders of the Living Dead qui ne vaut même pas la peine qu'on lui consacre ne fut-ce qu'une minute...
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