Un train de nuit s'arrête
dans un petit village de Normandie. En descend Helen Wells, une jeune
et jolie anglaise qui part s'installer pour quelques jours à la
Guettière, une jolie ferme
perdue en pleine campagne. Alors qu'elle vient prendre possession des
clés à l'auberge du village, elle est accostée par Philippe
Mansart, un homme adultère qui vient de quitter la chambre dans
laquelle il a l'habitude de retrouver sa maîtresse, Françoise
Sutter. Le mari de cette dernière est au courant de la relation
qu'entretiennent son épouse et son amant. Mansart est marié et
compte bien profiter de l'immense fortune de son beau-père.
Lorsqu'il croise à l'accueil de l'auberge la jeune anglaise, il lui
propose de l'accompagner jusqu'à la Guettière.
La jeune femme accepte et monte dans la voiture de Mansart qui, très
vite, est rattrapé par deux hommes, les frères Danville, qui
s'amusent à percuter la voiture de l'homme à l'aide de leur
véhicule. Suivis par les frangins, Mansart et Helen s'arrêtent aux
abords de la ferme. Paul et Albert Danville descendent de leur
véhicule et approchent la jeune anglaise. Séduits, les deux hommes
éméchés ont un comportement douteux. Attirés par la beauté de la
jeune femme, ils la laissent cependant se rendre en toute liberté
jusqu'à la Guettière.
Le
lendemain, les trois hommes se retrouvent en pleine forêt, rejoints
par David Sutter, l'époux de Françoise, le capitaine Nimier,
Rollin, Chamond et Maurois. La bande a visiblement déjà bu beaucoup
d'alcool. Armés de fusils, les homme parient sur celui qui récoltera
le plus de trophées. Un lapin, puis un sanglier. C'est pour
l'instant tout ce que le groupe a récolté. Helen Wells se promène
aux alentours de la ferme où elle loge lorsqu'elle tombe sur les
ruines d'une vieille chapelle. Alors qu'elle scrute une petite
sculpture représentant la vierge, elle entend un chien aboyer et
s'approcher d'elle. Très vite rattrapé par ses maîtres, Paul et
Albert Mansart. Les deux hommes s'étonnent de la présence de la
jeune femme et, alors que cette dernière tente de quitter les lieux,
c'est le dérapage. Les frères lui sautent dessus et tandis
qu'Albert la retient prisonnière entre ses bras, Paul, lui, la
viole...
La Traque
de Serge Leroy est l'une des rares excursions dans les domaines du
Survival et du Rape (but not) Revenge. L’œuvre plonge une jeune
étrangère (Mimsy Farmer) au cœur d'une forêt austère, dans un
pays qui lui est presque étranger. Victime de la bêtise et de
l'inconscience d'une bande de chasseurs alcoolisés elle va connaître
les pires heures de son existence. D'abord violée, puis pourchassée,
elle aura entre-temps eut le temps de tirer sur son agresseur.
Le
portrait qui est fait des bourgeois de ce petit village insignifiant
de Normandie est pathétique. Au premier abord, la confiance vient
des quelques rares personnages que croise sur sa route la jeune
anglaise. Mansart (Jean-Luc Bideau), Rollin (Paul Crauchet), David
Sutter (Michael Lonsdale), Nimier (Michel Constantin) et Chamond
(Michel Robin) sont à priori des hommes responsables. Seul Albert et
Paul Danville (Jean-Pierre Marielle et Philippe Léotard) arborent
des visages de paysans inquiétants, bourrus et déséquilibrés.
On
pense fatalement à une issue positive. Mais c'est sans compter sur
les petits secrets qu'entourent certains d'entre eux et desquels
naissent une profonde lâcheté et une collaboration forcée. La
Traque a parfois des allures de
téléfilm. L'interprétation est parfois délicate. Il arrive
parfois d'être touchés par les événements, surtout si l'on
compare la solitude qui entoure la jeune et très frêle jeune femme
avec la rudesse de ces chasseurs qui donnera une image définitivement
négative à ceux qui ne les portent déjà pas dans leur cœur.
La Traque
est donc une expérience appréciable pour plusieurs raisons. C'est
d'abord l'une des rares excursions dans un genre qui généralement
se fourvoie avec les domaines de l'horreur et de l'épouvante (à
noter qu'un autre film, Canicule
de Yves Boisset, parvient également à rendre hommage avec brio à
ce type de films). Ensuite, il est estimable de constater à quel
point l’œuvre s'imprègne d'un pessimisme extrême. Pas de happy
end ni de jugement moral. On ne justifie aucun acte. On n'en condamne
aucun non plus, chacun y percevant un intérêt personnel au risque
de remettre en question ses propres valeurs. Une belle réussite...
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