Durant sa carrière
d'acteur, Jean-Paul Belmondo a croisé la route de nombreux
cinéastes. Tels Jean-Luc Godard, Claude Sautet, Henri Verneuil,
Vittorio De Sica, Jean-Pierre Melville, Philippe de Broca, Jacques
Deray, Gérard Oury, Philippe Labro, Claude Zidi, Claude lelouch,
Patrice Leconte ou encore Georges Lautner. La rencontre entre ce
dernier est l'une des plus grandes stars du cinéma populaire
français des années quatre-vingt donnera lieu à une aventure qui
s'étendra entre 1979 et 1992. Cinq longs-métrages : Flic
ou voyou,
Le guignolo,
Le professionnel,
Joyeuses Pâques
et enfin L'inconnu dans la maison...
Parmi ces cinq films, Flic ou voyou
est non seulement la première collaboration entre les deux hommes
mais aussi celui qui poursuit en partie dans la veine de la comédie
impulsée quelques années auparavant avec des œuvres telles que
L'incorrigible
de Philippe de Broca ou L'animal de
Claude Zidi. Sauf qu'ici, et comme dans bon nombre de longs-métrages
mettant en vedette Jean-Paul Belmondo depuis au moins le milieu des
années soixante-dix, l'acteur y incarne le rôle d'un flic. Encore
un commissaire. Divisionnaire de surcroît. Au vu du charisme du
bonhomme, on envisage forcément mal de le voir dans le costume
étriqué d'un petit agent de la circulation ou dans celui d'un
policier installé en milieu rural et devant traiter de problèmes
entre voisins ou de vols de bétail ! Tourné à Nice et
notamment sur la Promenade des Anglais, à Antibes, Juan-les-Pins ou
dans les studios de la Victorine pour les séquences en intérieur,
Flic ou Voyou
fait partie de cette catégorie de films qui hésitent
perpétuellement entre humour et sérieux. Cela est d'autant plus le
cas ici que l'on a droit à de savoureux dialogues de la part du
mythique Michel Audiard ainsi que des mises en situation de la part
du scénariste, réalisateur et dialoguiste Jean Herman (qui
s'inspire ici du roman L'inspecteur
de la mer
de Michel Grisolia) que Georges Lautner transpose pour un résultat
qui affole certains baromètres ! Car n'en déplaise à ceux qui
vouent une passion exclusive pour les genres policier, polar ou
thriller dans leur globalité, le cinéaste atteint une émulsion
entre les genres à laquelle Jean-Paul Belmondo et certains des
cinéastes qui l'ont fait tourner sont habitués...
Pourtant,
aussi étrange que cela puisse paraître, il semblerait que
l'inspiration ait quelque peu quitté l'esprit du scénariste au fil
de l'écriture. Car si le premier tiers du long-métrage enchaîne à
une allure folle les situations les plus ubuesques qui soient, petit
à petit, le film trouve son rythme dans le film policier pur jus,
pratiquement débarrassé de tout sens de la fantaisie par la suite.
Dans cette œuvre qui pose d'emblée la question de savoir si
Jean-Paul Belmondo incarne un flic ou un voyou, la réponse s'impose
évidemment dès le départ. Le spectateur lambda comme le fan de la
star n'est pas bête au point de l'imaginer incarner réellement une
crapule. Ce que vient d'ailleurs confirmer le script au bout d'un
certain temps. Comme l'on comprend d'ailleurs assez rapidement que
sous le nom d'Antonio Cerutti se cache un flic infiltré dont on
apprendra le véritable nom un peu plus tard. Le commissaire
divisionnaire Stanislas Borowitz s'incruste et sème ainsi la zizanie
entre deux chefs de gangs niçois. D'un côté, Théodore Musard, dit
''L'auvergnat''. Un personnage très rapidement et savoureusement
humilié par notre cher commissaire. Un personnage incarné par
l'excellent Georges Géret. Autre grand truand et ''gueule'' du
cinéma français d'alors, l'acteur Claude Brosset (qui cinq ans plus
tard retrouvera notamment Belmondo dans Le
marginal)
dans le rôle d'Achille Volfoni, dit ''Le corse''. Flic
ou voyou
est aussi l'occasion de traiter du sujet de la corruption dans la
police à travers les personnages des inspecteurs Rey et Massard
incarnés par Tony Kendall et le toujours excellent Jean-François
Balmer. Notons également la présence de Michel Beaune et de la
toujours très étrange Catherine Lachens dans le double rôle d'un
couple d'hôteliers/restaurateurs. Ou encore celles de Venantino
Venantini (retrouvé mort dans des conditions qui peuvent rappeler
celle de Tonio, l'indicateur interprété par Stéphane Ferrara,
lui-même assassiné dans Le marginal),
de Michel Galabru en Commissaire Grimaud, Philippe Castelli en
moniteur d'auto-école, Marie Laforêt dans le rôle de la riche
propriétaire Edmonde Puget-Rostand. Sans oublier bien sûr celle qui
incarne la fille de Borowitz à l'écran : la toute jeune Julie
Jézéquel à laquelle Georges Lautner offre là son tout premier
rôle au cinéma en lui permettant d'incarner le rôle de l'espiègle
Charlotte ! Concluons pour finir en évoquant l'excellent thème
principal composé par le prolifique compositeur français Philippe
Sarde et l'on tient là un Belmondo de bonne facture...
Inoubliable en serveuse dans "Tandem" ("Alors, il s'ennuie, l'homme au chronomètre, il a besoin d'une épaule ?").
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