Après avoir parcouru
plus de neuf-cent kilomètres pour nous installer dans les environs
de Saint-Brieuc en Bretagne, voilà que ma compagne et moi essuyons
depuis deux jours de fortes pluies. Renvoyant ainsi nos projets de
randonnées à des moments beaucoup plus propices. Après avoir sorti
le nez ce matin avant qu'il ne se mette une fois de plus à pleuvoir,
nous avons précédé notre séance cinéma d'une petite promenade de
trois kilomètres autour de la Pointe du Roselier, à Plérin. Retour
au bercail vers midi puis direction Trégueux et son multiplex
Cinéland un peu avant
quatorze heures où était notamment projeté le dernier long-métrage
du réalisateur et scénariste américain Zach Cregger. Après un
Barbarian
qui en 2022 avait su séduire les amateurs de films d'horreur, le
voici qui revient cette année avec Weapons.
Sorti chez nous sous le titre Évanouis,
cette œuvre que d'aucun aurait pu prêter à l'imaginaire de Stephen
King repose en fait sur un scénario écrit par Zach Cregger
lui-même. Une œuvre dont l'un des principaux atouts est sa
construction. Le cinéaste s'intéressant ainsi à une poignée de
personnages, il choisit de leur consacrer à chacun un chapitre. À
tour de rôle, Justine, Archer, Paul, James, Andrew et Alex vont être
au centre d'une intrigue se déroulant en un temps donné
relativement court. Car après que dix-sept des dix-huit élèves
d'une même classe aient disparu en pleine nuit et à la même heure
(à 2h17 pour être très précis), l'intrigue va tourner autour de
ces quelques personnages, tous plus ou moins liés aux autres et à
cette affaire mystérieuse qui après un mois n'a toujours as été
résolue. Mais plutôt que d'étendre le récit autour de ces
dernières semaines, Zach Cregger préfère le concentrer sur une
durée n'excédant pas quelques jours. Tout commence avec Justine
(interprétée par l'actrice Julia Garner), l'institutrice qui était
chargée de faire la classe aux élèves disparus. Soupçonnée
d'être impliquée dans l'affaire, elle doit notamment faire face aux
regards de ses voisins. Ce premier acte n'est certes pas mauvais
puisqu'il met en place le sujet du film mais s'avère cependant le
moins passionnant. Le film prend davantage d'ampleur lorsque est
placé au centre de l'action le personnage d'Archer qu'incarne quant
à lui Josh Brolin. Ce sera d'ailleurs l'un des aspects majeurs du
long-métrage : chaque arrivée d'un nouveau personnage balayera
ainsi le précédant et renforcera l'intrigue en ajoutant quelques
éléments supplémentaires venus étoffer le mystère autour des
disparus...
Vient
donc ensuite Alden Ehrenreich qui dans le rôle du flic Paul Morgan
interprète un ancien alcoolique adultère parfois violent. Notamment
envers James Anthony, excellemment incarné par Austin Abrams. Un
jeune marginal qui à l'occasion vole, mendie et surtout se drogue !
Suivent Andrew Marcus (l'acteur britannique Benedict Wong) et Alex
(Cary Christopher). Si la présence du premier semble anodine, celle
du jeune acteur sera au contraire d'une importance capitale. Surtout
lorsque surgira au sein du récit, une certaine Gladys Lilly dont il
est nécessaire ici de taire l'implication... Bien que les conditions
de visionnage ne furent pas idéales en raison d'un volume sonore
très nettement insuffisant, le spectacle proposé par Évanouis
fut total. Entre horreur, thriller et humour, le dernier long-métrage
de Zach Cregger est une totale réussite. Et ce, même si l'on peut
regretter que la résolution de l'énigme se fasse bien avant la fin
du récit. Le film regorge de séquences sinistres magistralement
mises en scène. Quelques Jumpscares
pourtant très bien pensés tentent de faire sursauter les
spectateurs mais, bizarrement, la tentative demeura généralement
inefficace ! L'on retiendra l'interprétation générale ainsi
que celle d'Amy Madigan, absolument effrayante dans le rôle de la
dite Gladys. Le réalisateur ainsi que Ryan et Hays Holladay signent
en outre une partition musicale sobre mais efficace qui marque les
moments de tension. Zach Cregger semble tout particulièrement
apprécier d'ajouter des touches de bizarrerie, voire parfois
d'incongruité si bien que l'on ne sait pas toujours s'il faut
s'inquiéter de ce qui se déroule devant nos yeux ou s'il faut en
rire. Toujours est-il que les cent-vingt huit minutes passent à une
vitesse folle. Notons que les amateurs de gore auront la primeur de
quelques saillies très graphiques en la matière. Évanouis
restera comme l'une des meilleures propositions de cette année 2025
en matière d'horreur et d'épouvante. Une création d'orfèvre que
l'on rangera aux côtés de Under the Silver Lake
que réalisa en 2018 David Robert Mitchell...
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