Avec un tel titre, il
semblerait que nous soyons en terrain connu... Y'a un os dans
la moulinette
est donc comme son titre l'indique, une bonne vieille comédie
franchouillarde que le monde entier doit très probablement nous
envier. Au regard de la production hexagonale actuelle, le
long-métrage de Raoul André n'est au final, pas l'anomalie qu'il
semble être. Comme d'autres de nos concitoyens qui à l'époque
produisirent d'authentiques ''chefs-d’œuvre du genre'' (Les
Vacanciers
de Michel Gérard demeurant sans doute comme l'un des emblèmes de la
comédie franchouillarde), Raoul André fut l'exemple même du
cinéaste totalement décomplexé qui avoua notamment son désintérêt
pour la Nouvelle Vague ! Ah bon ! Tiens, comme cela est
étonnant ! Et pour être tout à fait en accord avec ses dires
et pour partager son opinion à ce sujet, mieux vaut mille heures
passées devant les pires comédies Z des années soixante-dix qu'un
seul quart-d'heure devant Alphaville, une étrange
aventure de Lemmy Caution
de Jean-Luc Godard ! Absente de Y'a un os
dans la moulinette,
l'égérie de Raoul André Annie Cordy se fait rapidement oublier
grâce à la présence de l'actrice Marion Game qui interprète ici
le rôle de Flora, épouse du riche industriel Montescourt qui à la
mort de sa première femme hérita d'une entreprise de construction
d'engins agricoles. Parents d'une Isabelle (Kathy Fraisse) qui
préfère poser pour un photographe de charme que d'user ses fonds de
culottes sur les bancs d'école, la petite famille vit dans une
luxueuse demeure où un certain Gaston (Darry Cowl) expérimente un
nouveau prototype de moteur anti-pollution requis par Montescourt. Ce
dernier est incarné par Paul Préboist et fait appel à ce qui lui
semble être deux détectives privés depuis qu'il reçoit des
lettres de menaces lui enjoignant de verser une rançon de cinq-cent
mille dollars s'il ne veut pas que soit enlevé son bien le plus
précieux. En fait, et comme cela est généralement le cas avec
Raoul André, il s'agit d'un quiproquo puisque Émile et Bob
qu'interprètent respectivement Michel Galabru et Daniel Prévost
sont deux comédiens ratés à la recherche d'un cachet qui leur
permettra de payer les factures ! Persuadés tous deux d'avoir
été embauchés par Montescourt pour jouer dans un film, lorsqu'ils
se rendent compte de leur erreur, il est déjà trop tard. Ils ont en
effet dépensé la moitié des trente-mille francs que leur a donné
leur nouvel employeur et sont désormais contraints de veiller sur la
fille et l'épouse de Montescourt...
Bien
que son casting et son statut de comédie franchouillarde puisse
faire craindre le pire, Y'a un os dans la
moulinette
est une excellente porte d'entrée dans le genre. L'un de ses
principaux atouts est de se réinventer sans cesse, entre un Darryl
Cowl en polytechnicien qui comme à son habitude soliloque et est
amoureux de la fille de Montescourts, une Marion Game charmante,
souriante, accueillante et parfois tête en l'air (la séquence du
supermarché), un Christian Marin en chauffeur au comportement
énigmatique, une Anne Libert craquante et qui durant sa carrière
tourna beaucoup aux côtés du réalisateur espagnol Jess Franco et
œuvra notamment dans le film érotique avant d'incarner ici la
secrétaire du châtelain, un Paul Préboist improbable en riche
industriel menacé par des inconnus qui en veulent à sa fortune et
bien évidemment, le duo Michel Galabru/Daniel Prévost au départ
aussi paumé que Daniel Auteuil et Gérard Jugnot dans Pour
cent briques t'as plus rien
d’Édouard Molinaro. Évidemment, tout cela reste tout de même
très léger en matière d'écriture. Y'a un os
dans la moulinette
n'est peut-être pas le genre de comédie qui permet de rire aux
éclats chaque fois qu'un personnage ouvre la bouche mais au moins
l'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Raoul André semble d'ailleurs
tellement s'amuser avec ses interprètes que le film tarde à se
clore et part dans des dizaines de directions. Ce que l'on nomme
aujourd'hui des ''Twists''
et qui ici prend la forme de révélations au sujet de l'identité du
demandeur de rançon (une toute petite séquence lors de laquelle
tous les personnages sont endormis à l'aide de fléchettes
anesthésiantes prend des airs de Whodunit)
ou celle de l'individu qui cherche à mettre la main sur la nouvelle
invention de Gaston. Notons tout de même la présence d'Henri Guybet
dans le rôle de Roscoff, un collaborateur de Montescourt mais aussi
celle, très succincte, d'Ariane Carletti qui sous le pseudonyme
d'Ariane André interprète le tout petit rôle d'une camarade de
classe d'Isabelle. Deux choses à savoir à son sujet. Tout d'abord,
l'actrice est la fille de Raoul André pour lequel elle accepte ici
d'apparaître pour la seconde fois dans l'un des longs-métrages de
son père un an après avoir joué dans La
dernière bourrée à Paris.
Et plus important, ceux qui dans les quatre-vingt suivirent les
émissions Récré
A2
et Club Dorothée
la connaissent bien puisqu'il s'agissait de l'une des animatrices
connue sous le nom d'Ariane...
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