En fouillant dans ma
vieille vidéothèque, je suis tombé sur une VHS toute poussiéreuse
d'un film que j'avais enregistré il y a fort longtemps mais que je
n'avais jamais regardé. Dénichant un ancestral lecteur qui n'avait
pas servi depuis des lustres, je l'entendis ronronner au moment de
lancer la projection de ce Lieu du crime
signé d'André Téchiné en 1986. Un titre particulièrement
évocateur qui laisse immédiatement, mais surtout, éventuellement,
envisager son contenu. Installant ses personnages dans les
départements du Lot-et-Garonne et du Tarn-et-Garonne pour des
séquences se déroulant à Castella, Clermont-Soubiran ou encore
Moissac, le réalisateur et scénariste français convie quelques
vedettes du cinéma hexagonal dont la star Catherine Deneuve à
laquelle il offre le rôle d'Aurélie, fille de parents incarnés par
Danielle Darrieux et Jean Bousquet mais aussi et surtout, mère de
Thomas qu'interprète de son côté le jeune Nicolas Giraudi. Un
adolescent turbulent, mythomane et kleptomane à ses heures.
Considérant que le titre du long-métrage porte en lui les fruits du
thriller et du film policier, on s'étonnera de ne voir en Le
lieu du crime
que quelques artefacts de ces deux genres puisque André Téchiné
semble d'abord être intéressé par le portrait de ces personnages
ambigus avec lesquels il paraît entretenir une relation toute
particulière. Face à cette famille relativement dysfonctionnelle,
entre un grand-père qui fuit les siens en partant le plus souvent
possible à la pêche, une grand-mère qui a beau tout faire pour que
la cohésion subsiste au sein de sa famille mais sans jamais vraiment
y parvenir, une mère et un père séparés et un gamin qui au milieu
de toute cela ne peut s'empêcher d'être révolté, Martin va venir
brouiller les cartes d'un contexte familial déjà compliqué. Ce
dernier, incarné par Wadeck Stanczak déboule aux abords de la
demeure campagnarde des Ravenel. Caché dans une grange, Martin voit
débarquer Thomas qui ne s'attendait pas à tomber sur un fugitif en
cavale. L'homme exige du gamin qu'il lui apporte de l'argent à
défaut de quoi Thomas devra s'attendre à des représailles.
Quelques temps plus tard, l'adolescent retrouve Martin et lui donne
l'argent qu'il a récupéré de son grand-père. Mais Martin n'est
pas seul. Son complice, Luc (Jean-Claude Adelin), est nettement moins
tendre que lui et décide de se débarrasser de Thomas qu'il juge
être un témoin potentiellement gênant. André Téchiné quitte un
moment le trio pour retourner voir ce qu'il se passe du côté
d'Aurélie, laissant ainsi supposer aux spectateurs que Thomas vient
de rendre son dernier souffle.
Mais
la scène de crime, celle relatée par le titre du film ne va pas
s'avérer être celle que l'on croyait. En employant la méthode du
flash-back avec beaucoup moins de génie que le voudraient sans doute
le cinéaste et ses monteuses Martine Giordano et Suzanne Koch, l'on
comprend que Thomas et en vie et que Martin a préféré sacrifier
son ami plutôt que d'être le complice d'un infanticide. Si Le
lieu du crime
semble s'inscrire dans un courant qui fit les grandes heures du
cinéma ''chabrolien'',
André Téchiné l'aborde davantage sous l'angle du drame que du
thriller ou du film policier. L'on n'assiste pas directement au
meurtre de Luc et la police, quant à elle, semble être partie aux
champignons tant sa présence fait défaut. En arrière-plan, le
script pose la question de la responsabilité des parents dans
l'éducation de leur enfant et des conséquences qui peuvent découler
de leur séparation. Car si le père de Thomas qu'interprète Victor
Lanoux fait semble-t-il tout son possible pour veiller à ce que son
fils donne le meilleur de lui-même, on sent bien que ce dernier est
une véritable cocotte minute qui pour se faire remarquer et ainsi
sans doute attirer l'attention de ses parents accumule les conneries.
Particulièrement mise en valeur malgré le très caractéristique
jeu qui est le sien, Catherine Deneuve, enfin, son personnage, y
découvre une nouvelle passion amoureuse entre les bras de Martin.
Passion tardive, mais passion tout de même. Avec tous les dangers
qu'une telle situation peut contracter, surtout lorsque la petite
amie du jeune homme, Alice, vient régler ses comptes avec celui qui
vient tout juste de la quitter pour retrouver les bras d'Aurélie. Le
lieu du crime
est ainsi l'occasion pour l'actrice Claire Nebout de se voir offrir
l'un de ses premiers rôles sur grand écran. Elle qui apparaîtra
dans Association de malfaiteurs
de Claude Zidi en 1987, dans Beaumarchais,
l'insolent
d’Édouard Molinaro en 1996, dans des dizaines d'autres films et
même à la télévision avec, notamment, sa participation à
l'excellent feuilleton de l'été Orages d'été
de Jean Sagols en 1989. En écorchée vive, son personnage dans Le
lieu du crime
mettra tout en œuvre pour que son compagnon paie sa trahison avant
de terminer de manière terriblement funeste lors d'un récit
décidément inhabituel. Critiqué pour son rythme parfois
lymphatique, le long-métrage d'André Téchiné est en réalité une
assez bonne surprise...
Je le pensais mort, lui. Je dois confondre avec un autre réal français chiant... :-)
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