En France, tout commence
en 1987. Alors que dans les domaines de l'horreur et du fantastique
littéraires contemporains certains auteurs étrangers tels que
Stephen King (Carrie,
Le Fléau,
Ça,
Christine,
etc...), Dean Koontz (La Nuit des cafards,
Les étrangers,
etc...) ou Graham Masterton (Le portrait du mal,
Le
Djiin,
La maison de chair,
Les puits de l'enfer,
etc...) se sont fait une place de choix dans le cœur
des fans de romans fantastiques et horrifiques, Clive
Barker va dès cette année là s'imposer comme l'une des nouvelles
références en la matière. Le premier de ses ouvrages à voir le
jours sur notre territoire est le tout premier volume des Book
of Blood
intitulé chez nous, Livre de sang.
Il sera poursuivit ensuite en France par le second, dès 1988, avec
Une course d'enfer
et les année suivantes avec les quatre autres recueils de nouvelles
du même nom. Mais Cliver Barker, c'est aussi l'auteur de plusieurs
romans. Dont The Hellbound Heart
sera le premier à voir le jour dans l'hexagone et surtout le premier
à être adapté au cinéma sous le titre Hellraiser.
Dans son adaptation (l'auteur se transformant donc effectivement à
cette occasion en réalisateur et scénariste), Clive Barker décrit
la relation adultère entre une femme (Clare Higgins dans le rôle de
Julia Cotton) et son beau-frère Frank qui après un voyage au Maroc
a disparu. Mariée à Larry (Andrew Robinson) qu'elle a rapidement
trompé avec le propre frère de celui-ci, elle est aussi la
belle-mère de Kirsty (Ashley Laurence), une jolie femme qui vient
rendre visite à son père alors que le couple vient tout juste de
s'installer dans leur nouvelle demeure. Lors de leur installation,
Larry aide deux déménageurs à monter un matelas au dernier étage
lorsque celui-ci se blesse à la main lors de son transport.
Rejoignant Julia qui se trouve au grenier et qu'il supplie de lui
venir en aide, son sang tombe sur le plancher avant d'être
immédiatement absorbé et de disparaître. Ne se doutant pas des
conséquences que va avoir ce banal accident, Julia et Larry
reprennent le cours de leur existence. Jusqu'au jour où de retour
dans le grenier, celle-ci découvre une horrible créature écorchée
vive qui se prétend être Frank.
Toujours
follement éprise de celui qui ne donna plus jamais de ses nouvelles,
Julia accepte d'apporter à son ancien amant la seule chose qui lui
permettra de retrouver forme humaine : du sang. Dès lors,
l'épouse de Larry fréquente les bars, séduit des hommes et les
ramène chez elle, les fait monter au grenier, les tue à coups de
marteau et offre leur dépouille à Frank qui se repaît alors de
leur sang. Dans un même ordre d'idée que Wes Craven avec Freddy
Krueger, Clive Barker crée avec Hellraiser,
une nouvelle créature s'inscrivant parfaitement dans le bestiaire
fantastique moderne. Mais si l'on parle bien de créature, il s'agit
en fait moins d'évoquer Frank (Sean Chapman) qui en dehors de
l'indéniable emprise qu'il possède toujours sur son amante n'est
qu'un faire-valoir servant les véritables monstres du long-métrage,
que les cénobites eux-mêmes dont Clive Barker a d'ailleurs
peut-être tort de nous montrer l'un d'entre eux dès les premières
minutes. Le plus célèbre parmi ces créatures de cauchemar vivant
dans un univers extra-dimensionnel est leur leader Pinhead
qu'interprète ici pour la première fois à l'image l'acteur Doug
Bradley. Tout comme ses ''acolytes'' qui sont tous comme lui tombés
un jour dans le piège de la Boîte
du Chaos,
sorte de cube magique originaire du Moyen-Orient (comme l'indique la
séquence d'introduction située au Maroc) permettant d'atteindre un
degré de souffrance au moins égal au plaisir ressenti lors d'un
orgasme. En étant passé de notre plan à celui extra-dimensionnel
qui retient ainsi éternellement ceux qui se sont laissés tentés,
Pinhead apparaît tel un adepte du sadomasochisme. Entièrement vêtu
de cuir noir mais avec la particularité d'avoir le visage et le
crâne plantés d'innombrables clous (d'où son nom), il semble être
le maître des lieux ! Un cadre infernal et cauchemardesque d'où
lui et ses semblables paraissent vouloir pourtant échapper...
Ce
premier volet de la franchise Hellraiser
qui jusqu'à ce jour s'étend sur dix longs-métrages entre 1987 et
2018 (si l'on ne compte pas le remake signé par David Bruckner en
2022) dispose malgré son sujet hautement subversif d'un scénario
relativement académique. En effet, le récit tourne tout d'abord
autour d'un quatuor de personnages. Une femme, son époux, son amant
et sa belle-fille. La première fantasme toujours sur le troisième
tandis que le second, gentil, serviable mais aussi et surtout très
naïf est fait cocu par sa femme et par son frère ! L'amant se
montre violent (le film est d'ailleurs généralement assez sévère
vis à vis de la gente masculine que son auteur traite comme les
révélateurs d'une foultitude d'obsessions pour la roublardise,
l'infidélité, le sexe et la violence) tandis que Kirsty semble
avoir des doutes sur la fidélité de sa belle-mère. Clive Barker
cherche tout d'abord à jouer sur les jeux de caméras pour montrer
de quel point de vue il juge ses personnages face à certaines
situations. Comme lorsque Julia est positionnée en haut des
escaliers et Kirstie en bas. Champ, Contre-Champ et Plongée,
Contre-Plongée définissent les uns et les autres, à savoir, qui
domine et qui est soumis. Le plus remarquable exemple demeurant sans
doute la première apparition de Frank en écorché vif se traînant
au sol face à une Julia pourtant émotionnellement fragile mais qui
le domine de sa hauteur. Signifiant ainsi la faiblesse temporaire de
celui qui va avoir besoin de beaucoup de sang pour reprendre sa forme
initiale. Alors que le film était une sorte d’œuvre hybride entre
drame et horreur, Hellraiser
vire au pur produit d'exploitation lorsque par erreur, Kirsty
déclenche par erreur le Cube et ouvre ainsi un chemin vers notre
univers aux cénobites. Lesquels (créés de main de maître par un
imposant département de maquilleurs) affirment alors vouloir
récupérer Frank pour le ramener dans leur monde à défaut de quoi,
c'est la jeune femme qu'ils emporteront avec eux. Des premières
effusions de sang qui s'affichent à l'image lorsque Frank subit les
tortures physiques à coups de chaînes et d'hameçons dans l'univers
extra-dimensionnel, en passant par les meurtres très graphiques des
hommes tués par Julia à coups de marteau, et jusqu'aux quelques
apparitions macabres parfois dignes du cinéma gore de l'italien
Lucio Fulci (le cadavre vomissant des centaines de vers), Hellraiser
dispense au spectateur son lot d'atrocités, de visions morbides et
de représentations démoniaques. Le film de Clive Barker est depuis
devenu un classique dont le réalisateur et scénariste passera le
relais dès l'année suivante à Tony Randel (lequel signera l'une
des rares tentatives réussies de résurgences de la franchise
Amityville avec
Amityville 1993 : Votre heure a sonné en
1992) qui réalisera alors Hellraiser II :
les écorchés tout
en en confiant l'écriture au scénariste Tony Randel...
J'avais déjà évoqué le sujet, il me semble. Je disais que le faciès de Pinhead me fascinait et m'effrayait lors de mon adolescence, ce temps où avec mon père depuis disparu, nous louions des K7 (puis DVD) "un samedi soir sur deux et la moitié des vacances scolaires". Mais je crois que c'est dans des programmes TV que je l'ai vu pour la première fois, plutôt que sur un fascicule de Vidéo Futur.
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