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mardi 21 janvier 2025

The Jesus Rolls de John Turturro (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

On ne saurait remettre en cause le statut de remake du dernier long-métrage réalisé et interprété par John Turturro, The Jesus Rolls. Ni même nier l'excellence de l’œuvre et le génie de l'auteur dont il s'inspire. Le film porte tout d'abord en son sein, l'espoir de retrouvailles avec l'un des personnages iconiques de The Big Lebowski des frères Joel et Ethan Coen. The Jesus Rolls est surtout la preuve que contrairement à ce que certains prétendent, le cinéma français vaut bien mieux que les mauvaises critiques qu'on lui accorde en général. Du moins, sa réappropriation, qu'elle prenne la forme de l'hommage ou cette habitude plutôt absurde de vouloir réadapter à la sauce ricaine une œuvre qui à l'origine était vouée à n'être vue que par le public hexagonal. Surtout, Les valseuses de Bertrand Blier avait l'avantage d'avoir été conçu à une époque où la liberté de ton n'était pas viciée par certaines idéologies mortifères. Ce dont semble être quelque peu parvenu à s'imprégner John Turturro. The Jesus Rolls n'a pas eu les honneurs d'une sortie nationale sur le territoire français, et c'est tant mieux. Car tout comme Francis Veber, le cinéma du fils de l'immense Bernard Blier n'y gagne absolument pas à être singé par un cinéaste dont les codes de son pays d'origine en matière d'humour ne sont jamais vraiment les mêmes que les nôtres. Et encore, John Turturro tente bien d'y injecter tout l'esprit des Valseuses tout en édulcorant l'une des spécificités de ce dernier : le sexe y est donc plus timide. Se réservant des plages horaires étriquées et affaiblissant ainsi le côté sulfureux qui se dégageait de la quasi totalité de l’œuvre originale. En réinterprétant le personnage de Jesus Quintana vu dans The Big Lebowski et en l'intégrant au cœur du récit originellement incarné par Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou (lesquels interprétaient respectivement à l'époque les personnages de Jean-Claude, Pierrot et Marie-Ange), John Turturro crée un objet filmique hybride, entre remake et Spin-off. Auquel participent Bobby Cannavale dans le rôle de Petey et, plus étonnant, Audrey Tautou dans celui de Mary, l'actrice étant devenue mondialement célèbre grâce à son interprétation dans Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet en 2001. Est-ce donc le choc des cultures ou bien certaines réserves qui condamnent The Jesus Rolls à n'être qu'un simple ersatz du long-métrage dont il reprend une très grande partie des séquences ?


Pour le vieux routard, l'expérience a ceci de déplaisant que chaque scène, chaque plan ou chaque réplique le rappelle au bon souvenir des Valseuses sans pour autant être en mesure d'éclipser la moindre d'entre elles. Beaucoup moins frondeur que Bertrand Blier, John Turturro évite notamment le rapprochement physique entre l'actrice et chanteuse canadienne Sônia Reuben et Petey quand le réalisateur et scénariste français, lui, n'hésitait pas une seule seconde à demander à Brigitte Fossey de donner le sein à Patrick Dewaere. Actrice aujourd'hui âgée de soixante-dix huit ans pour qui regarder cette séquence en face est désormais tout simplement inenvisageable, Brigitte Fossey la traduisait il y a presque un an dans l'émission Quelle époque ! de manière simple : ''C'est horrible, horrible. C'est horrible''. John Turturro et ses partenaires ont beau donner tout ce qu'ils ont, leur ''sacrifice'' n'est en rien comparable aux performances additionnées de Depardieu, Dewaere et Miou-Miou à leur époque. Si cette dernière s'imposait comme une pétasse quelque peu neurasthénique dont nous découvrions cependant au fil du récit la véritable nature, Audrey Tautou reprend le rôle de cette jeune femme atteinte d'anorgasmie tout en l'interprétant de manière beaucoup plus entreprenante. Tout au plus, Susan Sarandon parviendra-t-elle à réitérer l'exploit de Jeanne Moreau en ex-taularde suicidaire même si le ton déprimant des scènes précédant son autolyse entretiendra un caractère nettement moins cafardeux vis à vis de son public. Si au fond de lui John Turturro a semble-t-il voulu rassembler l'un des personnages parmi les plus marquants qu'il eu l'opportunité d'incarner durant sa carrière autour de ceux de l'un de ses films de chevet, le résultat n'est très objectivement pas très brillant et ne s'adressera donc tout d'abord qu'à celles et ceux qui ne connaissent pas Les valseuses. C'est donc sans chauvinisme aucun que l'on préférera le film de Bertrand Blier à celui de John Turturro même si The Jesus Rolls est loin, très loin d'être aussi mauvais que la plupart des comédies françaises ayant été adaptées outre-atlantique jusqu'à maintenant...

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