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lundi 20 janvier 2025

Yurei Otoko de Motoyoshi Oda (1954) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Auteur de plus d'une cinquantaine d’œuvres cinématographiques dont la majorité est regroupée entre la fin des années quarante et la décennie suivante, le réalisateur japonais Motoyoshi Oda est mort voilà plus d'un demi-siècle. Durant sa longue carrière qui s’échelonna de 1940 à 1962, il fut donc à l'origine de dizaines de longs-métrages dont fait partie Yurei Otoko en 1954 que l'on peut traduire sous l'étrange titre de L'homme refroidi à l'huile ! Dix ans tout rond avant que le célèbre réalisateur italien Mario Bava ne réalise Sei Donne per l'Assassinodans lequel un tueur inconnu et masqué assassinait les mannequins d'une maison de haute couture, Motoyoshi Oda se penchait sur un cas similaire. Un tueur comparé à un fantôme par la presse et qui terrorise les femmes qui sont ses cibles principales. L'objectif de cet individu apparemment dément est pourtant différent de celui qui pousse dans le longs-métrage du transalpin, le tueur à supprimer des mannequins de sexe féminin. La particularité de notre assassin étant ici d'avoir le visage entièrement bandé et les yeux recouverts d'une paire de lunettes. Si sa ressemblance avec le personnage du Docteur Peter Brady reste troublante, on ne pourra pas reprocher au réalisateur japonais de s'être inspiré ou d'avoir commis un plagiat de la série américaine H.G. Wells' Invisible Man créée par Ralph Smart puisqu'elle lui est antérieure de quatre années. Tout au plus pourront nous considérer qu'il ait pu vaguement s'inspirer du personnage de Griffin issu du roman original The Invisible Man de l'écrivain britannique H.G.Wells publié pour la première fois en 1897. Et pourquoi ne pas citer également celui du Fantôme de l'Opéra du français Gaston Leroux qui lui, vit le jour en 1910 ? Car si en comparaison Yurei Otoko nous conte un récit qui l'éloigne de l'aspect fantastique de ces deux œuvres littéraires, l'homme qui se cache derrière ses bandages et sa paire de lunettes a, de son propre aveu, le visage brûlé à l'acide. Le film de Motoyoshi Oda est au centre d'une passion amoureuse inassouvie (et on comprend pourquoi!) prenant pour cadre une maison qui n'abrite pas ici des mannequins mais de jeunes modèles féminines répondant aux desiderata de photographes ou de peintres près à payer très cher pou les voir se dévêtir.


Il est possible de forger un nouveau parallèle entre le longs-métrage deMotoyoshi Oda et l'un des classiques de l'expressionnisme allemand réalisé en 1931 par Fritz Lang, M – Eine Stadt sucht einen Mörder plus connu chez nous sous le titre M le Maudit. Ce classique du film noir du début des années trente du siècle dernier n'est pas simplement une fiction puisqu'il s'inspire d'un sordide fait-divers entourant le tueur en série Peter Kürten auquel la presse offrit le surnom de Vampire de Düsseldorf. Surnom que reprit d'ailleurs le français Robert Hossein pour son excellent Vampire de Düsseldorf qu'il réalisa, écrivit en partie et interpréta en 1965. Et bien, Yurei Otoko propose de manière plus ou moins proche ce même type de ''collaboration'' entre la police et la pègre. Car qu'on le veuille ou non, ces jolies naïades dont la principale qualité est de fermer les yeux sur la perversité de leurs clients sont abritées par des individus peu recommandables et qui sous couvert du monde du spectacle ont ici plutôt l'air de maquereaux ! C'est donc avec l'assistance de leurs employeurs et d'un détective que les autorités vont se lancer à la poursuite de cet insaisissable criminel qui non content de décimer les unes après les autres les employées de cette maison de ''lux(ur)e'', fait preuve d'une imagination débordante lorsqu'il s'agit de mettre leur cadavre en scène. La réalisation ainsi que le scénario adapté par Tsutomu Sawamura sur la base d'un ouvrage écrit à l'origine par le romancier japonais Seishi Yokomizo reposent avant tout sur le mystère qui entoure l'identité du tueur plutôt que sur l'enquête criminelle qui s'avère en revanche abordée de manière relativement sommaire. Tourné en noir et blanc et n'excédant pas les soixante-treize minutes, Yurei Otoko offre quelques plans et séquences très intéressants. Comme cette victime coupée en deux ou la représentation sur scène se déroulant vers le dernier tiers du longs-métrage. Une œuvre pleine de mystère qui se clôt malheureusement de manière un peu trop attendue par la mort de l'assassin dont le réalisateur préfère cacher le visage malgré la disparition des bandelettes... Une curiosité...

 

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