Se lancer dans l'aventure
du Jardinier,
c'est prendre le risque de vivre l'une des plus laborieuses
expériences en matière de comédie française. Il suffit d'ailleurs
de voir le pedigree de son auteur pour comprendre là où on met les
pieds. Le simple fait d'énumérer la liste des principaux
interprètes du dernier long-métrage de ce tâcheron de David
Charhon suffit également à distiller un frisson d'angoisse qui
malheureusement n'a rien de commun avec le chef-d’œuvre éponyme
réalisé par l'italien Dario Argento en 1975,
Les frisson de l'angoisse.
S'il demeure un point que l'on pourra juger de positif, c'est au
sujet du budget qui semble-t-il n'a pas dépassé les dix millions
d'euros. Une somme malgré tout conséquente qui aurait sans doute pu
servir à des causes beaucoup plus nobles que la réunion à l'image
de ''comédiens'' qui n'ont de cette profession, ni le goût, ni la
saveur et encore moins le talent. Le genre d'association vouée à
l'échec comme vont le prouver durant près de cent-dix longues et
pénibles minutes, son auteur et ses interprètes. Le moins atroce
des faits d'armes accomplis par David Charhon étant encore De
l'autre côté du périph
dans lequel les antinomiques Laurent Lafitte et Omar Sy (l'un étant
de talent et le second n'étant qu'un piètre transfuge du petit
écran qui aurait dû y demeurer) s'affrontaient dans une comédie en
forme de Buddy
Movie
à la française, le bonhomme nous a tout au long de sa carrière
infligé des situations atrocement gênantes. De Cyprien
jusqu'à sa dernière entreprise de destruction neuronale en passant
par Les naufragés
ou Le dernier mercenaire,
David Charhon condamne ses spectateurs à une odyssée perpétuelle
qui débuta donc il y a près de quinze ans. Autant d'années à
subir le pire du pire en matière de comédies françaises.
Engloutissant donc des sommes importantes dans des œuvres financées
par des types qui soit sont inconscients de la merde dans laquelle
ils s'apprêtent à patauger, soit ont tellement de pognons qu'ils se
mouchent le nez ou se torchent les fesses avec !
Le jardinier
est tellement mauvais qu'il parviendrait presque à faire oublier les
précédents écarts de conduite de Jean-Claude Van Damme, icône
belge du cinéma d'action qui accepte donc de rempiler pour la
seconde fois aux côtés du réalisateur et scénariste. Un véritable
suicide artistique, une fin de carrière indigente, un choix
parfaitement incompréhensible, trois ans après s'être justement
infligé Le dernier mercenaire
qui jusque là était ce qu'avait mis en scène de pire David
Charhon. Dans Le jardinier,
l'acteur côtoie Michael Youn, ancien transfuge de la télévision
humoristique basse du front dont certains cinéastes ont ensuite
honoré sa présence sur grand écran à travers des rôles
''remarquables'' tandis que lui-même se mit en scène dans
d'effroyables comédies dont seule Fatal
s'avère plus ou moins digeste. Charriant une réputation de bouffon
largement méritée, il campe ici le rôle de Serge Shuster, un haut
fonctionnaire de l'état français dont le nom apparaît tout en bas
d'une liste d'hommes à abattre. Détenant une photographie de cette
même liste que lui a envoyé plus tôt dans la journée son ami le
Docteur Dominique Rouma (Élie Semoun dans son éternel rôle de
personnage des Petites
annonces),
un commando va se rendre dans sa luxueuse propriété afin de le
retrouver et de le tuer. Mettant ainsi sa famille en danger (dont la
très mauvaise humoriste, scénariste et réalisatrice algéro-belge
Nawell Madani qui incarne Mia Shuster, l'épouse du politicien),
Serge pourra heureusement compter sur les compétences physiques de
Léo (Jean-Claude Van Damme, donc), un jardinier dont sa famille et
lui ne savent finalement pas grand chose mais dont les connaissances
en matière de combat au corps à corps et autres utilisation d'ouils
de jardinage vont s'avérer précieuses. Face à nos deux héros,
trois gusses physiquement en forme prélevés non pas dans le riche
vivier des acteurs français mais dans ceux, divers, de la chanson ou
du sport.
Le jardinier,
avec tout le mauvais goût que l'on connaît chez son auteur réunit
ainsi à l'écran Ragnar Le Breton, le rappeur Kaaris et le
kick-boxer Jérôme Le Banner. Tous les trois estampillés
''acteurs''. Comme s'il suffisait de leur accoler cette étiquette
pour que subitement infuse dans leur jeu un véritable talent pour le
métier. S'agitant à l'écran comme un trio d'attardés dont la tête
''pensante'' est Phoebus (Le Banner), Kaaris est encore celui qui
s'en sort le mieux. Ragnar Le Breton a beau tenter de faire rire avec
cette habitude d'envoyer des gifles par barquettes de douze, rien ne
fonctionne moins bien que cette attitude qu'il prend tout au long du
récit. Tout comme Le Banner, qui excusez du peu, a l'air d'un fieffé
abruti mais auquel David Charhon accorde pourtant le rôle du chef du
commando ! Jean-Claude Van Damme, le pauvre, est obligé de
tenir la dragée haute (mais à voix basse) à un casting faisandé
mis en scène avec toute l'intelligence que l'on connaît du
réalisateur et scénariste. Dans cette purge qui concentre
l'essentiel de son action entre la propriété et ses fondations dont
Serge Shuster ne soupçonnait pas l'existence, l'acteur belge incarne
un Rambo des espaces verts très méticuleux et taciturne. Long, très
long, trop long, Le jardinier
n'est qu'une succession de punchlines qui toutes tombent à plat. Au
même titre que la présence d'un bébé dans les bras de Jean-Claude
Van Damme lors de certains combats où l'attitude d'abruti qu'incarne
Michael Youn. Côté action, c'est un peu toujours la même chose.
Des lignes de dialogues interminables et sans le moindre intérêt
qui demandent parfois que l'on tende l'oreille tant le belge murmure
plus qu'il ne s'exprime réellement. Jean-Claude Van Damme a l'air de
se faire autant chier que nous, à imaginer dans sa tête l'énorme
boulette qu'il fit en acceptant d'apparaître dans cette énième
bouse signée de l'un des pires réalisateurs français actuels. Le
jardinier
aurait mérité un format plus court. Pas quatre-vingt dix minutes ni
même une heure. Mais une dizaine de minutes, pourquoi pas. Histoire
de concentrer en aussi peu de temps les très répétitives scènes
d'action et ainsi nous épargner ses effarants dialogues...
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