Réduire Fly me To
the Moon
à une simple comédie romantique, c'est un peu comme de laisser
l'exclusivité à Peter Dinklage de décider du sort que l'on
accorde aux acteurs de petite taille au cinéma. Bref, dans un cas
comme dans l'autre, ce serait insupportable. Car si comme moi, à la
seule évocation d'une comédie américaine tournant exclusivement
autour d'un couple qui se cherche, se repousse, se retrouve pour
enfin se faire des papouilles, des perles de sueur vous coulent dans
le cou et vous préférez prendre immédiatement vos jambes à ce
même endroit de votre anatomie, ce serait alors passer devant une
œuvre qui mérité bien plus que ce simple statut de comédie
romantique. Tout d'abord parce que le sujet a pour intrigue une
période où la National
Aeronautics and Space Administration plus
connue à travers le monde sous l'acronyme de NASA
connut un désintérêt presque général de la part de la population
et de certains organismes politiques, à commencer par le
Gouvernement Nixon qui rejeta le programme d’exploration spatiale
soumis par la NASA
en 1969. Ensuite parce que ce serait passer à côté d'une œuvre
qui coche toutes les cases du long-métrage concocté aux petits
oignons par la totalité de son équipe technique ainsi que par son
auteur et ses interprètes. L'idée de placer Fly
me To the Moon
au cœur d'un événement d'ampleur mondiale et historique est sans
doute le choix le plus judicieux qu'aient apporté les principaux
instigateurs du projet. Et ce, même si la trame de base n'a rien de
vraiment innovante. De quoi malgré tout attirer du monde devant son
écran de cinéma préféré et se lancer dans l'une des ces
aventures mille fois rabâchée sur petit et grand écran mais qui
prend ici une dimension vraiment exceptionnelle. Confié à l'origine
à l'acteur et réalisateur Jason Bateman, Fly
me To the Moon
sera finalement mis en scène par Greg Berlanti. Après une
description du genre contenu dans son nouveau long-métrage assez peu
flatteuse, voilà que le projet est réalisé par un cinéaste qui
m'était jusqu'à maintenant parfaitement inconnu. Quant à l'acteur
Channing Tatum, à part Ave, César !
des frères Coen et Kingsman : le Cercle
d'or
de Matthew Vaughn dont je n'ai malheureusement conservé aucun
souvenir, il m'est d'emblée apparu ici tout d'abord comme une
anomalie. Avant que je ne change plus tard mon fusil d'épaule pour
constater qu'il fut au contraire le candidat idéal de cette jolie
histoire entre deux êtres sur fond de conquête spatiale. L'acteur y
incarne Cole Davis, le directeur du projet Apollo
11
qui doit aboutir au lancement de la fusée du même nom le 16 juillet
1969.
Mais
la NASA
rencontrant de graves difficultés financières, c'est alors qu'un
obscure personnage du nom de Moe Berkus (excellent Woody Harrelson)
travaillant pour le Gouvernement américain charge la jeune et jolie
Kelly Jones (Scarlett Johansson) d'une mission qui redorera l'image
de la célèbre agence fédérale chargée du programme spatial civil
américain. Son passé trouble la contraint à accepter et c'est
ainsi que Kelly se retrouve aux côté de Cole Davis, lequel envisage
assez mal de collaborer avec cette femme, certes charmante, mais qui
ne semble vouloir en faire qu'à sa tête. Scarlett Johansson et
Channing Tatum son donc au cœur de cette histoire passionnée et
passionnante dont le contexte nous rappelle en outre qu'il fut au
centre d'une théorie selon laquelle Neil Armstrong et Buzz Aldrin
n'auraient jamais posé le pied à la surface de la Lune. Impliquant
même le réalisateur Stanley Kubrick dans un projet de ''film''
reconstituant secrètement sur le sol terrestre l'alunissage d'Apollo
11 !
Tout ceci étant ici remanié à la sauce humoristico-romantique.
Entre la difficile relation entre nos deux principaux protagonistes,
leur passé respectif, le projet de conquête spatiale et la charge
politique qu'il entraîne derrière lui, Fly me
To the Moon
est une réussite totale. Scarlett Johansson est parfois
prodigieusement agaçante tandis que Channing Tatum s'avère très
touchant. Deux états d'esprit totalement opposés mais qui
finalement, on le devine, vont matcher ! À côté de ces deux
flamboyants interprètes l'on a droit à d'excellents seconds rôles.
À l'image de Jim Rash qui incarne le réalisateur Lance Vespertine
(qui s'installe donc au cœur de la théorie en lieu et place de
Stanley Kubrick). Ou Ray Romano qui interprète l'ami et collègue de
Cole, Henry Smalls pour une incarnation très touchante. Notons la
très belle photographie de Dariusz Wolski, le montage de Harry
Jierjian (avec toute une série de split-screens à l'appui) ou la
partition musicale de Daniel Pemberton. Dans son genre, Fly
me To the Moon
délivre ce qu'il faut en humour et en émotion pour que le
spectateur adhère à cette histoire un brin loufoque mais plongée
lors d'un authentique événement historique...
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