On m'avait vendu le
produit comme une aventure fantastique mettant en scène trois
adolescents explorant un trou sans fond. Une erreur d'aiguillage
apparemment puisque l'exploration en question s'articule davantage
autour des peurs enfantines... Antépénultième long-métrage
réalisé par Joe Dante si l'on ne compte pas Nightmare Cinema
qui en 2018 réunissait quatre autres réalisateurs autour de lui
(Alejandro Brugés, Mick Garris, David Slade et Ryûhei Kitamura),
The Hole
devait en théorie renvoyer à l'un de ses meilleurs films réalisé
en 1985, Explorers.
Mais l'auteur de Piranhas en
1979, de Hurlements
en 1981, de Gremlins
en 1984 (et de sa suite en 1990) ou de L'aventure
intérieure
en 1987 a semble-t-il choisi de laisser parler sa fibre nostalgique
tout en proposant un programme relativement navrant. On pourra
toujours arguer qu'il y a pire et que Joe Dante parvient à esquiver
le naufrage absolu mais pour les plus anciens, cette dégringolade
visuellement et scénaristiquement pauvre a de quoi rendre tristes
tous ceux qui suivirent sa carrière de la fin des années
soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt dix. Le script
de Mark L. Smith auquel a paraît-il participé le réalisateur
mexicain Guillemo Del Toro bien que celui-ci ne soit pas crédité au
générique est en effet d'un académisme qui confine à la
flemmardise. Évoquons tout d'abord le contexte familial dans lequel
sont plongés les Thompson. Susan (l'actrice Teri Polo) est la mère
de Dane (Chris Massoglia) et de Lucas (Nathan Gamble). La petite
famille a quitté Brooklyn pour venir s'installer dans le petit
village de Bensenville (si comme moi vous avez tout d'abord compris
''baise-en-ville'',
c'est que vous avez sans doute l'esprit perturbé). Un petit patelin
situé entre les comtés de Cook et de DuPage dans l'État de
l'Illinois. Mère divorcée dont l'ancien mari est en prison, la
jeune femme n'a que peu de temps à accorder à ses deux fils dont le
plus âgé a la responsabilité du plus jeune. Installé à côté de
la demeure habitée par la charmante Julie Campbell (Haley Bennett),
Dane tombe immédiatement sous le charme de l'adolescente qui très
rapidement va se rapprocher des deux garçons... Jusque là, rien
d’extraordinaire.
Le genre de scénario qui de nos jours ne ferait même pas le poids
face à un script conçu à l'aide d'une intelligence artificielle.
Le spectateur navigue donc en terrain ultra balisé et a donc de très
fortes chances de rapidement bayer aux corneilles devant cette
première partie pathétiquement convenue ! Vient ensuite ce
trou qui donne son nom au film. Une trappe installée dans la cave
des Thompson et scrupuleusement close à l'aide de nombreux cadenas
semble inviter les visiteurs à ne surtout pas s'en approcher. Et
encore moins tenter de voir ce qui se cache en dessous. La toute
première investigation de ce curieux puits est plutôt sympathique
même si d'exploration il n'est pas vraiment question ici. Tout au
plus les deux garçons s'amusent à y faire descendre une lampe, puis
une caméra, avant d'y jeter divers objets sans qu'aucun ne fasse le
moindre bruit en s'écrasant. Ce qui aurait tendance à démontrer
que le trou est sans fin. Mais ce que ne savent pas encore Dane et
Lucas ainsi que leur nouvelle amie Julie, c'est qu'en ouvrant la
trappe ils semblent avoir permis à leurs peurs les plus profondes de
s'en échapper. C'est alors que tout s'effondre. Visiblement très
attaché à ce que tous les types de publics soient à même de
s'intéresser à son film mais doté d'un petit budget de douze
millions de dollars, Joe Dante signe une œuvre sinon datée, du
moins artistiquement laide. Nous sommes en 2009 et pourtant, le film
affiche un retard de vingt bonnes années en matière
d'effets-spéciaux. Une défaillance visuelle qui nuit grandement au
récit, trimballant un scénario charriant des idées totalement
éculées comme la peur des clowns, celle du paternel ou celle liée
à une tragédie du passé dont Julie ne s'est notamment pas encore
remise. L'espoir d'une grande aventure familiale situant son action
au cœur même d'un trou sans fond est rapidement remisé au placard
puisque nos trois jeunes héros n'auront de cesse que de faire des
allers-retours au dessus du gouffre, la majorité des séquences
''horrifiques'' se déroulant chez les Thompson, chez leur voisine ou
au collège. On ne s'étonnera donc pas qu'en France, en outre, le
film soit directement sorti en vidéo tant la promesse d'un revival
est manquée. Au mieux, les enfants apprécieront. Au pire, les fans
du Joe Dante d'antan auront bien du mal à reconnaître celui qui à
une époque très lointaine fut l'un de leurs cinéastes préférés...
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