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mercredi 22 mai 2024

Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud (1986) - ★★★★★★★★★★

 


 

Le Nom de la rose ou, L'apocalypse selon Saint-Jean...Jacques Annaud. Adaptation du roman de l'écrivain et érudit italien Umberto Eco, le long-métrage reçu en 1987 le César du meilleur film étranger, trois rubans d'argent décernés par le Syndicat national des journalistes cinématographiques italiens ou encore les prix du meilleur acteur pour Sean Conney et de la meilleure direction artistique aux Deutscher Filmpreis remis par l'académie du film allemand. Touche à tout, capable de réaliser une comédie un peu amère sur le monde du football avec un Patrick Dewaere absolument magistral (Coup de tête, en 1979), de mettre en scène des tribus de néandertaliens à l'époque de l'âge de pierre convoitant le feu (La guerre du feu, en 1981), de mettre en scène deux ours dans les principaux rôles (L'ours, en 1988) ou beaucoup plus récemment de revenir sur la tragédie qui toucha l'un des monuments historiques et religieux les plus remarquables de notre pays avec Notre-Dame brûle en 2022. Une carrière de cinéaste riche d'une quinzaine d’œuvres dont Le nom de la rose pourrait être envisagé comme la somme de tout ce qui constitue le cinéma du réalisateur français. Adaptation d'un roman (comme pour L'amant en 1992), œuvre historico-religieuse, thriller, policier, touche d'érotisme, énigmes, meurtres, théologie, le film repose à l'origine sur de solides connaissances. Celles d'Umberto Eco qui en 1954 fut diplômé à l'université de Turin grâce à une thèse consacrée au religieux Saint Thomas d'Aquin de l'ordre dominicain ou pour avoir étudié la Scolastique, philosophie qui explorait l'idée d'un rattachement entre la théologie chrétienne et la philosophie grecque. De ses nombreuses connaissances dépassant le simple cadre des exemples cités ci-dessus, l'écrivain italien tire plusieurs romans dont le plus célèbre d'entre eux reste sûrement Le nom de la rose. Un ouvrage qui se vendra par millions et sera traduit dans quarante-trois langues. Alors qu'il sera adapté sous diverses formes aussi incongrues qu'un jeu-vidéo ou une pièce radiophonique, le premier à s'emparer du récit est donc le réalisateur français Jean-Jacques Annaud dont la renommée est mondiale depuis plus de dix ans avec la sortie de La guerre du feu, lequel remportera notamment quatre César en 1982 ou l'Oscar des meilleurs maquillages l'année suivante. Pour une adaptation aussi considérable que celle du Nom de la rose, le film sera financé à hauteur de vingt millions de dollars.


Ce qui de nos jours peut paraître ridicule mais qui, il y a presque quarante ans maintenant, était tout de même une somme très importante. Autre ''détail'' qui a son importance : le casting. Afin d'incarner le personnage de William de Baskerville (renommé Guillaume dans la version française), il fallait un acteur de poids. Et cela sera en la personne de Sean Connery, star mondiale d'origine britannique qui pour beaucoup demeure encore aujourd'hui comme la plus fameuse représentation physique du personnage de James Bond créé en 1953 par le journaliste et romancier spécialisé dans l'espionnage, Ian Fleming. Enchaînant les succès (ceux de Highlander de Russell Mulcahy ou Les Incorruptibles de Brian De Palma suivront celui du Nom de la rose), l'acteur imprime à son personnage une patte véritablement authentique. À ses côtés, Jean-Jacques Annaud et le personnel chargé de la distribution des rôles (parmi lesquels notre Dominique Besnehard national) offrent à un jeune interprète alors pratiquement inconnu son premier véritable rôle important. En effet, alors âgé de dix-sept ans Christian Slater se voit offrir l'opportunité de suivre les pas du franciscain Guillaume de Baskerville en interprétant quant à lui celui du novice Adso de Melk. Alors qu'un événement d'importance doit se produire dans les prochains jours, une série de meurtres affolent les moines d'une abbaye bénédictine au sein de laquelle Guillaume de Baskerville va donc être chargé par l'abbé (excellent Michael Lonsdale) d'enquêter. Le décor saisissant du Nom de la rose, n'en déplaise à ceux qui voudraient encore aujourd'hui explorer les espaces extérieurs du site, proviennent en partie de l'ancienne abbaye cistercienne Abbaye d'Eberbach située près Eltville dans le land de Hesse en Allemagne. C'est dans ce très spectaculaire édifice que furent donc tournés les intérieurs. Concernant les nombreuses séquences tournées en extérieur, le château Castel del Monte situé dans la commune d'Andria en Italie servit de source d'inspiration à l'élaboration des remarquables décors tournés au sein même de la fictive abbaye bénédictine. Auréolé à plusieurs reprises de prix le distinguant de la concurrence pour la qualité de sa photographie et de ses décors, le directeur de la photographie Tonino Delli Colli et le chef décorateur Dante Ferretti, tous deux d'origine italienne portèrent sur leurs épaules la responsabilité d'une œuvre visuellement aussi flamboyante que mystique et horrifiante !


Lorsque William de Baskerville interroge le jeune Adso de Melk en lui posant la question ''Connais-tu un seul endroit où Dieu se soit jamais senti chez lui ?'', le personnage définit ainsi l'impression permanente d'un site abandonné par le Créateur au profit d'un Mal dont la présence est signée par l'indigence, la pauvreté, la crasse et les nombreuses morts inexpliquées... Cinq millions de spectateurs se rendront en salle lors de la sortie du Nom de la rose et assisteront à un spectacle aussi grandiose qu'austère, où l’Église et l'Inquisition ''prendront cher'', mais lors duquel leur température aura également l'occasion de monter de quelques degrés lors d'un accouplement ''contre-nature'' entre ce gamin en permanence apeuré, aux abois et parfois intrigué qu'est Adso de Melk, alors en période d'épreuves avant de pouvoir prononcer ses vœux définitifs et une jeune sauvageonne (l'actrice chilienne Valentina Vargas) avec laquelle il aura une courte relation sexuelle. Concernant les personnages plus ou moins secondaires, outre la remarquable présence du franco-britannique Michael Lonsdale dans le rôle de l'abbé comme cité plus haut, le long-métrage dresse une stupéfiante galerie de portraits. Une distribution des rôles démente permettant de faire incarner les rôles les plus importants comme les simples figurants à des interprètes dotés de ''gueules'' souvent incroyables. Jean-Jacques Annaud retrouve notamment l'acteur américain Ron Perlman cinq ans après lui avoir mis le pied à l'étrier du cinéma avec La guerre du feu dans lequel il interprétait Amoukar. Cette fois-ci, pourvu de remarquables prothèses faciales et dorsales, il incarne le bossu Salvatore. Créature patibulaire assez terrifiante la première fois qu'on l'aperçoit, avec son parler soliloquant et son grotesque faciès de gargouille. Impressionnant ! Le nom de la rose exhibe de toute manière et de façon générale une galerie de portraits incroyables, passant de l'allemand Volker Pretchel et son visage émacié jusqu'à Bérenger d'Arundel et son visage rond couleur de craie incarné par le munichois Michael Habeck et jusqu'à l'américano-syrien F. Murray Abraham qui interprète quant à lui Bernard Gui, authentique personnage historique né en 1291 et mort en 1331, connu pour avoir été inquisiteur dans le Languedoc...Le nom de la rose est un chef-d’œuvre où rien n'est laissé de côté, où la reconstitution et l'Histoire n'étouffent jamais la passionnante enquête menée par William de Baskerville et où rien n'est laissé au hasard...

 

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