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jeudi 23 mai 2024

Rodéo de Lola Quivoron (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

 

On va tout de suite éluder le sujet de la controverse autour de Rodéo, le premier long-métrage de la réalisatrice française Lola Quivoron qui après deux courts-métrages et un documentaire qu'elle réalisa aux côtés d'Antonia Buresi aborde un sujet relativement sensible. Du moins est-ce ainsi que Rodéo fut perçu bien qu'il soit nécessaire de faire la distinction entre la réalité du contexte et l'amalgame qu'engendre le titre. Pourtant, la polémique provient moins du contenu de l’œuvre que des propos de sa réalisatrice lors d'une interview accordée au média Konbini fondé en 2008 par Lucie Beudet et David Creuzot. Vidéo dans laquelle Lola Quivoron osa affirmer que les morts lors de ces rodéos sont souvent causées par la police. Après, que l'on incrimine ou non le montage de la dite vidéo, il est difficile de dire si la jeune femme évoque ce qui d'après elle se déroule couramment sur le territoire américain et notamment dans les quartiers populaires de New York et de Baltimore ou si ses propos sont de son point de vue valables pour l'hexagone. Connaissant les méthodes policières outre-atlantique, espérons que Lola Quivoron ou les équipes de Konbini soient étrangers à toute forme de démagogie punitive envers nos forces de l'ordre. Ensuite, la réalisatrice et scénariste française (à nouveau assistée d'Antonia Buresi) aura beau faire la distinction entre Rodéos Urbains et Cross Bitume, quelques recherches plus ou moins affinées démontrent l'étroit rapport qu'entretiennent l'un et l'autre des termes. Autant dire qu'elle aura beau éloigner ses protagonistes des lieux de fréquentations pratiqués au hasard par les piétons, c'est bien de Rodéo Urbain dont il s'agit ici de faire plus ou moins l'apologie. Un terme dont l'emploi peut être lui-même critiqué si l'on tient compte du fait que la quasi totalité des individus qui évoluent au sein du récit n'ont absolument rien contre l'idée de voler l'objet de leur passion. Pour le commun des mortels il devient donc relativement délicat de se passionner pour ces groupes d'adolescents ou de jeunes adultes dont la verve ponctuée de ''Frères'', de ''Cousins'' et de pas mal de grossièretés ont pour quotidien le bitume sur lequel il usent la gomme de leurs motos ou de leurs quads.


Maintenant, voyons ce que vaut réellement Rodéo. Lola Quivoron et Antonia Buresi mettent en avant le personnage de Julia qu'incarne il est vrai assez justement la jeune Julie Ledru dont il s'agissait là de la première apparition à l'image avant sa participation dans deux épisodes de la série Furies créée par Jean-Yves Arnaud et Yoann Legave. Une gamine un peu paumée, sans réel domicile fixe, version nouvelle et un brin piteuse de la Mona (Sandrine Bonnaire) de l'excellent Sans toit ni loi réalisé par Agnès Varda voilà presque quarante ans. Piteuse non pas en raison de la performance de la jeune actrice mais à cause de sa caractérisation qui, on le comprend assez rapidement, n'est pas la source première d'intérêt de la réalisatrice et de sa scénariste. Car comme pour le reste du casting, ce qui fait précisément défaut à Rodéo, c'est son écriture. Un coin de table, une serviette en papier, quelques mots griffonnés, c'est une chose. Encore faut-il être en mesure de développer un véritable scénario. Ce dont semblent être malheureusement incapables les deux jeunes femmes qui réécrivent sans cesse la même partition, replongeant encore et toujours leur héroïne dans cette vie morne au parfum d'essence, de gomme et d'asphalte. Dire que Rodéo est ennuyeux est un euphémisme. Riche de si peu d'événements, manquant d'éclats, même dans la mise en scène vue et revue partout ailleurs, ou de dialogues qui percutent frontalement la conscience du spectateur, le film de Lola Quivoron fut selon moi outrageusement surestimé. Comparé même à Titane de Julia Ducourneau (auteur de l'excellent Grave en 2016) qui ne méritait déjà pas en son temps autant d'éloges le comparant au Crash de David Cronenberg, on aurait dû se douter que le public et la critique de Rodéo étaient les mêmes que celui de la palme d'or au festival de Cannes 2021. Comme si en France nous ressentions le besoin ou la nécessité de nous excuser devant certains faits accomplis : Car si chez Lola Quivoron, la mort chez les pratiquants de Cross Bitume est un entre-soit, dans la vie, la vraie, elle tue des innocents...

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