Jun Fukuda qui jusque là
n'avait jamais réalisé le moindre kaijū eiga mettant en
scène des monstres à échelle inhumaine tout en ayant déjà une
solide carrière de réalisateur avec pas moins de dix-neuf
longs-métrages éparpillés entre 1959 et 1966 allait s'intéresser
au genre en incluant dans Ebirah contre Godzilla (Gojira,
Ebirâ, Mosura: Nankai no daiketto)
non pas une, ni deux, mais trois créatures monstrueuses aux
dimensions plus qu'imposantes. D'abord, la plus célèbre d'entre
toutes : Godzilla. Bien que cette légendaire créature du
bestiaire fantastique japonais ait toutes les apparences d'un
dinosaure, il s'agirait en fait d'un dragon. Et cela même alors que
la ''contraction'' japonaise des deux mots Gorira
et Kujira
se référerait d'un côté à un gorille et de l'autre à une
baleine. Dans le cas de Ebirah contre Godzilla,
celui-ci est coincé sur une île entre deux rochers. Mais avant lui
apparaissent tout d'abord à l'écran, Ebirah et Mothra. Le premier
est un immense crustacé comparé à un énorme homard. Au vu de la
qualité plus que moyenne des effets-spéciaux employés dans ce
long-métrage, nous demeurerons nettement plus humbles en le
comparant davantage à une très grosse crevette ! Nageant dans
les eaux profondes attenantes à l'île où va se dérouler la
quasi-totalité de l'intrigue, sa présence empêchera nos héros de
fuir les antagonistes humains du récit. Puis apparaît enfin à
l'écran Mothra, autre légendaire créature du bestiaire fantastique
japonais qui n'a rien à envier au roi des kaijū
eiga
puisqu'il apparu dans une quinzaine de longs-métrage et dans de
nombreux de jeux vidéos. Dans le cas présent, ce lépidoptère aux
dimensions fort généreuses est endormi et fait l'objet d'un
véritable culte de la part des habitants de l'île qui voient en lui
LA solution contre l'armée du Bambou
Rouge dirigée
par un général tyrannique ayant le contrôle total de l'île et de
ses indigènes qu'il traite en esclaves. C'est alors que débarquent
sur l'île quatre hommes dont Ryota Kane (l'acteur Toru Watanabe)
dont le frère semble avoir disparu en mer lorsqu'une habitante de
l'île qui vient d'échapper aux hommes du Bambou
Rouge
lui signale que son frère est toujours en vie et qu'il vit au milieu
de ses congénères. Accompagné de deux amis et d'un cambrioleur
spécialisé dans l'effraction de serrures, Ryota va tout mettre en
œuvre pour d'une part retrouver son frère et d'autre part, libérer
les habitants de l'île du joug imposé par le commandant du Bambou
Rouge.
L'on
retrouve donc dans Ebirah contre Godzilla
certaines des créatures les plus célèbres des
kaijū eiga
typiques du cinéma japonais. La première pour son auteur qui par la
suite réitérera l'expérience à plusieurs occasions. Dans ce
long-métrage filmé en pleine période yé-yé où ce courant
musical est alors aussi populaire là-bas que dans notre pays qu'en
Espagne ou au Québec, le ton change dès que nos protagonistes
foulent le sol de cette île où sont menées des recherches dans ce
qui paraît être une centrale nucléaire. Le sujet principal est
donc partagé entre la solution à envisager afin de combattre Ebirah
et celle de stopper net les expériences menées par le commandant du
bambou rouge et des hommes en blouse blanche qui évoluent dans un
contexte ultra-moderne (pour l'époque s'entend), lesquels
''s'amusent'' avec l'atome tandis que dans les fondations de
l'établissement, les habitants de l'île sont asservis. Comme dans
tout bon ou mauvais kaijū
eiga,
le long-métrage du réalisateur japonais fait la part belle aux
effets-spéciaux, lesquels traînent leur cortège de maquettes, de
décors de carton-pâte, de créatures légendaires à l'intérieur
desquelles sont emmitouflés des acteurs (Haruo Nakajima pour
Godzilla et Hiroshi Sekita pour Ebirah) et de fonds verts plus ou
moins bien intégrés aux personnages. Sur un ton parfois
humoristique personnifié par ce personnage un peu bêta qui suit les
aventures de ses deux compagnons, de la jolie sauvageonne et du
valeureux cambrioleur, Ebirah contre Godzilla
est loin d'atteindre des sommets dans l'art du kaijū
eiga
tout en demeurant très agréable à regarder. Visuellement, on est
plus proche d'une série télévisée japonaise du genre Sentai
que du long-métrage cinématographique. Les effets-spéciaux sont
cheap et l'interprétation caricaturale. Et pourtant, il demeure dans
Ebirah contre Godzilla
ainsi que dans bon nombre de kaijū
eiga
un certain charme propre à ce courant spécifique du cinéma
japonais fantastique...
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