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dimanche 23 avril 2023

Ebirah contre Godzilla (Gojira, Ebirâ, Mosura: Nankai no daiketto) de Jun Fukuda (1966) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Jun Fukuda qui jusque là n'avait jamais réalisé le moindre kaijū eiga mettant en scène des monstres à échelle inhumaine tout en ayant déjà une solide carrière de réalisateur avec pas moins de dix-neuf longs-métrages éparpillés entre 1959 et 1966 allait s'intéresser au genre en incluant dans Ebirah contre Godzilla (Gojira, Ebirâ, Mosura: Nankai no daiketto) non pas une, ni deux, mais trois créatures monstrueuses aux dimensions plus qu'imposantes. D'abord, la plus célèbre d'entre toutes : Godzilla. Bien que cette légendaire créature du bestiaire fantastique japonais ait toutes les apparences d'un dinosaure, il s'agirait en fait d'un dragon. Et cela même alors que la ''contraction'' japonaise des deux mots Gorira et Kujira se référerait d'un côté à un gorille et de l'autre à une baleine. Dans le cas de Ebirah contre Godzilla, celui-ci est coincé sur une île entre deux rochers. Mais avant lui apparaissent tout d'abord à l'écran, Ebirah et Mothra. Le premier est un immense crustacé comparé à un énorme homard. Au vu de la qualité plus que moyenne des effets-spéciaux employés dans ce long-métrage, nous demeurerons nettement plus humbles en le comparant davantage à une très grosse crevette ! Nageant dans les eaux profondes attenantes à l'île où va se dérouler la quasi-totalité de l'intrigue, sa présence empêchera nos héros de fuir les antagonistes humains du récit. Puis apparaît enfin à l'écran Mothra, autre légendaire créature du bestiaire fantastique japonais qui n'a rien à envier au roi des kaijū eiga puisqu'il apparu dans une quinzaine de longs-métrage et dans de nombreux de jeux vidéos. Dans le cas présent, ce lépidoptère aux dimensions fort généreuses est endormi et fait l'objet d'un véritable culte de la part des habitants de l'île qui voient en lui LA solution contre l'armée du Bambou Rouge dirigée par un général tyrannique ayant le contrôle total de l'île et de ses indigènes qu'il traite en esclaves. C'est alors que débarquent sur l'île quatre hommes dont Ryota Kane (l'acteur Toru Watanabe) dont le frère semble avoir disparu en mer lorsqu'une habitante de l'île qui vient d'échapper aux hommes du Bambou Rouge lui signale que son frère est toujours en vie et qu'il vit au milieu de ses congénères. Accompagné de deux amis et d'un cambrioleur spécialisé dans l'effraction de serrures, Ryota va tout mettre en œuvre pour d'une part retrouver son frère et d'autre part, libérer les habitants de l'île du joug imposé par le commandant du Bambou Rouge.


L'on retrouve donc dans Ebirah contre Godzilla certaines des créatures les plus célèbres des kaijū eiga typiques du cinéma japonais. La première pour son auteur qui par la suite réitérera l'expérience à plusieurs occasions. Dans ce long-métrage filmé en pleine période yé-yé où ce courant musical est alors aussi populaire là-bas que dans notre pays qu'en Espagne ou au Québec, le ton change dès que nos protagonistes foulent le sol de cette île où sont menées des recherches dans ce qui paraît être une centrale nucléaire. Le sujet principal est donc partagé entre la solution à envisager afin de combattre Ebirah et celle de stopper net les expériences menées par le commandant du bambou rouge et des hommes en blouse blanche qui évoluent dans un contexte ultra-moderne (pour l'époque s'entend), lesquels ''s'amusent'' avec l'atome tandis que dans les fondations de l'établissement, les habitants de l'île sont asservis. Comme dans tout bon ou mauvais kaijū eiga, le long-métrage du réalisateur japonais fait la part belle aux effets-spéciaux, lesquels traînent leur cortège de maquettes, de décors de carton-pâte, de créatures légendaires à l'intérieur desquelles sont emmitouflés des acteurs (Haruo Nakajima pour Godzilla et Hiroshi Sekita pour Ebirah) et de fonds verts plus ou moins bien intégrés aux personnages. Sur un ton parfois humoristique personnifié par ce personnage un peu bêta qui suit les aventures de ses deux compagnons, de la jolie sauvageonne et du valeureux cambrioleur, Ebirah contre Godzilla est loin d'atteindre des sommets dans l'art du kaijū eiga tout en demeurant très agréable à regarder. Visuellement, on est plus proche d'une série télévisée japonaise du genre Sentai que du long-métrage cinématographique. Les effets-spéciaux sont cheap et l'interprétation caricaturale. Et pourtant, il demeure dans Ebirah contre Godzilla ainsi que dans bon nombre de kaijū eiga un certain charme propre à ce courant spécifique du cinéma japonais fantastique...

 

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