Nicolas Cuche, pour
celles et ceux qui ne le connaissent pas, ce fut peut-être avant
tout le scénariste des Apprentis
de Pierre Salvadori en 1995 ou de Charité
biz'ness
de Thierry Barthes et Pierre Jamin trois ans plus tard. Au beau
milieu d'une filmographie en grande partie consacrée à la
télévision, il fut l'auteur ponctuel de trois longs-métrages
sortis sur les écrans entre 2002 et 2014 (Jojo
la frite,
La chance de ma vie
et Prêt à tout)
avant de revenir cette année avec Pourris gâtés.
Le genre de comédie française assez légère pour que l'on craigne
tout d'abord d'aller la voir en salle de peur d'être une fois de
plus, déçus par son contenu. C'est alors évidemment parce que
Gérard Jugnot y tient la vedette que l'espoir renaît. Car au fond,
une comédie avec l'un des anciens membres de la troupe du Splendid
ne peut être que sympathique diront les plus optimistes. Après
Michel Blanc et Docteur ? de
Tristan Séguéla, en 2019, c'est donc au tour de l'un des acteurs
les plus attachants du cinéma français de croiser la route de
l'humoriste Artus qui depuis ces dernières années multiplie les
apparitions sur grand écran. À côté des deux hommes, l'actrice,
musicienne et chanteuse Camille Lou ainsi que Louka Meliava
complètent ensemble les quatre membres d'une famille aisée
installée à Monaco. Les Bartek. Et comme on l'imagine aisément,
Gérard Jugnot y incarne le patriarche. Le patron d'une entreprise de
construction dans le domaine du bâtiment et des travaux public qui a
fait fortune et dont les trois rejetons profitent volontiers de
l'argent qu'il a amassé à la force du poignet. Trois cancrelats qui
ne travaillent pas mais par contre, dépensent sans compter...
Tout
va cependant changer le jour où Francis Bartek va être poursuivi
par la justice pour fraude fiscale. Les comptes de toute la famille
sont alors bloqués et sans le sou, le père de famille ainsi que ses
enfants Stella, Philippe et Alexandre prennent la fuite vers
Marseille où il trouvent refuge dans un appartement en piteux état.
Dès lors, Francis va devoir compter sur le soutien de ses trois
enfants afin de subvenir aux besoins de la famille. Et autant dire
que Stella et ses frères ne sont pas vraiment chauds à l'idée de
se mettre pour la toute première fois de leur existence au
travail... Comédie familiale par excellence, Pourris
gâtés
est à certains endroits, un film plus profond qu'il n'y paraît au
premier abord. On y cause des difficultés de communication entre un
père qui a voué sa vie à son métier ainsi qu'à sa réussite au
détriment de ses trois enfants. Pour autant, passés ces quelques
rares séquences où le sérieux s'impose, le long-métrage de
Nicolas Cuche s'avère objectivement très drôle. Dans un univers
qui tranche radicalement avec l'existence idyllique qui était la
leur avant que tout ne s'effondre, les trois enfants de Francis s'en
donnent à cœur joie lors de joutes verbales sinon subtiles, du
moins très amusantes. Il n'est en effet pas rare que l'on rigole
sans la moindre retenue. Chacun des personnages revenant sur les
défauts des autres lors de matchs de ping-pong verbaux parfois
jouissifs. Et ça n'est rien en comparaison de leur confrontation
respective avec le monde du travail.
Entre
une Stella en serveuse/plongeuse se mesurant par exemple à un client
ignoble et un Philippe en took-took confronté à un concurrent lui
''volant'' les siens, Alexandre, lui, fait montre de certaines
capacités jusqu'ici demeurées dans l'ombre. Contrairement à
beaucoup de comédies françaises observant nos concitoyens à la
loupe de manière caricaturale et archaïque et dont Philippe de
Chauveron semble s'être fait le porte-drapeau (la trilogie Qu'est-ce
qu'on a fait au Bon Dieu?
ou À bras ouverts),
Pourris gâtés
s'avère
bien moins assommant en terme d'idées reçues même si parfois,
Nicolas Cuche se permet quelques tentatives plutôt réussies dans le
domaine. Personnages attachants. Relations familiales ou
inter-sociaux-communautaires réfléchies... Pourris
gâtés,
c'est l'assimilation inversée à la manière de Nicolas Cuche et de
son scénariste Laurent Turner sans le désagrément des messages
démagogiques. Seule petite ombre au tableau. Ce très court passage
qui montre l'associé de Francis, Ferrucio (excellent François
Morel) dans une situation qui ne cache malheureusement pas les
véritables intentions du scénario. Notons également la présence
de l'acteur, chanteur et humoriste (!?!) Tom Leeb (oui, oui, le fils
de...) qui excelle dans le petit rôle de l'argentin Juan Carlos, le
petit ami de Stella... Sympathique !
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