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vendredi 30 juillet 2021

The Two Faces of Dr Jekyll de Terence Fisher (1959) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1964, le réalisateur britannique Terence Fisher adapte à son tour le livre de Robert Louis Stevenson Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde (L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde). L'un des plus célèbres et des plus fameux romans fantastiques qui depuis le début du siècle dernier fascine les réalisateurs du monde entier. Entre films d'épouvante et d'horreur, comédies ou parodies, ce double personnage a été trituré de toutes les manières possibles. Dans le cas de The Two Faces of Dr Jekyll, Terence Fisher inverse une constante qui voulait que jusqu'à maintenant, le séduisant docteur Jekyll se transforma en un hideux monsieur Hyde. Une chose ne change pas cependant. Le caractère nocif de ce dernier, un être abjecte qui bien que dans cette version il puisse arborer les traits d'un gentleman n'en est pas moins un individu extrêmement dangereux. Dans cette adaptation d'une rare noirceur, c'est l'acteur canadien Paul Massie qui incarne le double rôle du docteur Henry Jekyll et d'Edward Hyde, et dont la ressemblance avec un autre acteur de même origine est assez troublante (Michael Sarrazin que l'on a notamment pu découvrir dans l'excellent téléfilm fleuve Frankenstein: The True Story de Jack Smight en 1973). Rien à voir ici ou si peu entre les deux hommes donc, Paul Massie incarne un docteur Jekyll dont la profession aurait dû le rendre fascinant mais dont l'attitude envers son épouse et ses proches le rend plutôt inintéressant, fade et ennuyeux. Laid, également, puisque plutôt que d'arborer un visage sympathique ou gracieux, Paul Massie/ Henry Jekyll est affublé d'une fausse barbe et de faux sourcils qui lui offrent une apparence particulièrement hideuse (renforcée dans la version française par un doublage qui le rend antipathique!)...


En matière d'artifices, c'est tout ce à quoi le spectateur aura droit. Pas d'effets-spéciaux donc. Pas de transformation aussi saisissante qu'ait pu être celle de l'acteur américain Fredric March dans la version de 1931 signée du réalisateur américain d'origine arménienne Rouben Mamoulian. Une économie de moyens et de temps qui permettent au réalisateur et ses interprètes de se concentrer sur l'intrigue et notamment sur l'image renvoyée par le scénario de Wolf Mankowitz sur une ville de Londres particulièrement décadente. Car en effet, au delà du simple sujet de la double personnalité (l'une bonne, l'autre mauvaise) dont le docteur tente de prouver l'existence, Terence Fisher explore une capitale dont les rues sont investies par des mendiants et des voleurs et où les petites gens se retrouvent pour boire jusqu'à plus soif et danser dans une maison des plaisirs ou travaillent à la chaîne des femmes de petite vertu. Pas la moindre trace ici d'aristocratie. Ce quartier de Londres qui pourrait tout aussi bien figurer le tristement célèbre district de Withechapel où eurent lieu les crimes atroces perpétrés par le tueur connu sous le nom de Jack l'éventreur en 1988 laisse planer une ombre perpétuellement menaçante. Le réalisateur insiste tant bien que mal sur le pessimisme ambiant et l'affaissement généralisé de la moralité en faisant des quelques personnages qui auraient pu inverser la vapeur, des êtres que la morale réprouve...


Dans The Two Faces of Dr Jekyll, il est difficile de trouver un quelconque personnage attachant, qu'il soit secondaire ou non. De l'épouse même du docteur (Kitty Jekyll qu'interprète l'actrice britannique Dawn Addams, en passant par son amant Paul Allen qu'incarne un Christopher Lee qui dépense sans compter l'argent de son meilleur ami tout en le trahissant avec sa propre épouse, jusqu'aux prostituées, conducteurs d'attelage et client du Sphinx, cette maison des plaisirs où l'on découvrira le temps d'une scène le tout jeune Oliver Reed dans l'un de ses premiers rôles au cinéma). Terence Fisher en rajoute une dernière couche en évoquant indirectement l'addiction aux drogues puisque dans sa version, le docteur Jekyll ne boit pas le sérum qu'il a mis au point mais se l'injecte directement dans les veines avec toutes les conséquences que cela peut induire. The Two Faces of Dr Jekyll est une excellente adaptation du roman de Robert Louis Stevenson. Sans doute l'une des meilleurs, du moins, l'une des plus sombres et pessimistes. Paul Massie y impose son inquiétant charisme et surtout, un sinistre sourire qui exprime à lui seul toute l’ambiguïté du personnage de monsieur Hyde. Terence Fisher injecte en outre quelques séquences divertissantes qui permettent de faire baisser la température (ou de la faire monter, c'est selon), entre la danse lascive d'une charmeuse de serpent que s'arrachent les grands de ce monde (l'actrice Norma Maria dont les traits auront tout de même un peu de mal à coller avec l'image d’icône de sensualité que lui prête le récit) et le spectacle façon ''Crazy Girls'' du célèbre cabaret de Paris, le Crazy Horse...

 

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