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mercredi 28 juillet 2021

Location Africa de Steff Gruber (1987) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après avoir accompagné l'acteur Klaus Kinski et le réalisateur Werner Herzog dans les aventures du personnage de Cobra Verde dans le film du même nom, quoi de plus indispensable que de poursuivre cette exceptionnelle expérience en y ajoutant juste derrière, l'excellent documentaire du réalisateur et photographe suisse Steff Gruber ? Bien avant tout le monde, ce dernier crée le premier fournisseur d'accès à internet suisse, Cultnet au tout début des années quatre-vingt. C'est lors du tournage de son documentaire-fiction Fetish & Dreams en 1982 qu'il fait la connaissance de Werner Herzog avec lequel il collaborera cinq ans plus tard pour donner vie à Location Africa, un documentaire exclusivement consacré aux coulisses du tournage de Cobra Verde. Le formidable témoignage d'une amitié compliquée entre deux hommes, le réalisateur et Klaus Kinski qu'il engagea là pour la cinquième et dernière occasion. Des coulisses à ciel ouvert puisque le documentaire est entièrement tourné au Ghana et s'intéresse en fait surtout à l'une des pièces maîtresses du long-métrage : la séquence d'entraînement d'un millier de figurants de sexe féminin, toutes leurs représentantes incarnant alors les centaines de guerrières amazones qui aux côtés de Cobra Verde auront la charge de défaire l'autorité du roi du Dahomey. La voix-off de Steff Gruber nous explique le cheminement qui l'a amené à tourner avec sa propre caméra ce documentaire. Une caméra portée à l 'épaule par l'un de ses collaborateurs puisque lui-même apparaît à diverses reprises devant l'objectif.


Une attitude qui pourra parfois paraître sinon envahissante, du moins étonnante lorsque l'on prend en compte le fait que le projet tourne tout d'abord autour de ses deux vedettes et du film qu'ils ont la lourde tâche de mener à bien... ''Ils'' puisque comme le veut la légende et comme le confirment les images, Klaus Kinski se voit une fois n'est pas coutume comme le prophète à la place du prophète. S'insinuant un peu trop souvent dans la tâche qui incombe en vérité à Werner Herzog, l'acteur veut décider de tout. Et pas seulement en ce qui concerne sa propre direction d'acteur mais concernant également la manière de filmer. De placer la caméra à tel ou tel endroit. Bizarre d'ailleurs. Car si dans certaines circonstances Klaus Kinski se veut au premier plan de l'image comme la star qu'il revendique être, il laisse parfois tout latitude pour que soient filmées en priorité ces dizaines, ces centaines de figurantes à la peau couleur d'ébène. Ces dernières, justement. Que Steff Gruber filme et questionne à intervalles réguliers. Leur demandant à tour de rôle ce qu'elles pensent du tournage, livrant pour certaines leur rêve illusoire de devenir des stars de cinéma. Avec sa technique toute particulière de filmer, on découvre un Werner Herzog otage de promesses que la production ne semble pas prête à tenir. Une question d'argent bien entendu, qui mènera un millier de figurantes à menacer le réalisateur de refuser de porter leur costume et d'arrêter de tourner l'indispensable séquence d'entraînement des amazones s'il n'accepte pas de leur accorder le double de ce que la production (qui avait tout d'abord décidé de couper la poire en deux) leur avait promis...


Mais un documentaire avec au centre le charismatique interprète allemand ne pouvait en être véritablement un que si on pouvait le voir entrer dans ses légendaires colères. Pour des raisons parfois futiles, cet éternel besoin de reconnaissance qui s'exprime tantôt de manière inquiétante, tantôt de façon infantilisante. D'une durée dépassant à peine les soixante minutes, Location Africa est un documentaire fascinant qui témoigne d'abord des difficultés rencontrées par un cinéaste pourtant rompu à la chose (on sait les expériences passées d'Aguirre, la colère de Dieu et de Fitzcarraldo ô combien éprouvantes), humaniste (puisqu'il prend sur lui de promettre aux figurantes qu'elles toucheront bien l'argent exigé), patient (il faut voir le temps qu'il passe à tenter de faire comprendre à Klaus Kinski ses choix artistiques, au détriment, parfois, de figurants qui perdent patience à brûler sous l'implacable soleil) et très libre dans sa conception du cinéma. Un Werner Herzog que l'on aurait sans doute aimé voir plus souvent à l'image. Seul petit défaut d'un documentaire que tout fan de l'acteur et (ou) du réalisateur se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie de cinéphile...

 

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