Le retour dans les salles
obscures s'est faite en douceur... et en couple... accompagné de ma
chère et tendre, ensemble nous nous sommes rendus en salle 8 du Mega
CGR de Narbonne pour y découvrir
le dernier long-métrage du français Albert Dupontel. Dont le
passage en salle fut aussi peu anecdotique que la misère culturelle
qui nous a accompagné durant plus d'un. Parmi les dix-sept
longs-métrages à l'affiche cette semaine, il ne nous a pas fallut
réfléchir bien longtemps avant d'opter pour le dernier bébé de
l'un des réalisateurs français les plus remarquables de son époque.
Albert Dupontel qui depuis le début de sa carrière au cinéma en
tant qu'auteur et interprète n'a jamais cessé d'évoluer sans pour
autant renier son style. Alors, bien sûr, Adieu les
cons
n'est pas aussi trash que son Bernie
de 1996 même s'il perdure ça et là quelques bribes de visions bien
dans l'esprit de cet humoriste, acteur, réalisateur et scénariste
qui n'a jamais mâché ses mots. Avec Au revoir là-haut
sorti en 2017, Albert Dupontel mettait un sacré coup d’accélérateur
en tant que metteur en images et conteur avec ce que l'on pouvait (ou
pas d'ailleurs) considérer comme sa meilleure réussite. Un avis que
peuvent toujours partager certains d'entre nous mais qui de mon
opinion personnelle n'est plus tout à fait vrai depuis la découverte
du dernier film d'Albert Dupontel. Si Adieu
les cons
n'est peut-être pas d'une recherche esthétique aussi bluffante que
celle de son précédent film, l'acteur-réalisateur y met tellement
d'amour pour ses personnages et ses interprètes qu'en matière
d'émotion, c'est peut-être bien avec ce dernier long-métrage
qu'Albert Dupontel atteint la quintessence d'un projet qui n'a
semble-t-il pas débuté en cette année 2020 mais bien en 1993
lorsqu'il réalisa le court-métrage Désiré.
Il
y a dans l’œuvre d'Albert Dupontel une unité de ton qui a su
progresser en même temps que l'artiste lui-même. Car si au moins
ses deux derniers longs-métrages paraissent avoir objectivement
atteint une certaine maturité, il n'en demeure pas moins que le
cinéma d'Albert Dupontel a su conserver une certaine naïveté, quel
que soient les messages ou l'enrobage avec lesquels ils furent mis en
scène et interprétés. D'ailleurs, l'héroïne Suze Trappet
qu'interprète l'excellente Virginie Efira avec beaucoup de justesse
et d'émotion n'est-elle pas le pendant féminin de Bernie Noël, le
héros éponyme du premier long-métrage d'Albert Dupontel... ?
Ce dernier nous raconte une histoire simple,
avec des mots simples et universels. Tout cruel qu'il puisse être
parfois fasse à certaines injustices dont on pouvait craindre qu'il
n'insiste un peu trop en ''tapant'' systématiquement sur notre
police nationale (formidable séquence d'ouverture entre Virginie
Efira et Bouli Lanners), Albert Dupontel nous parle d'amour et avant
tout de cela. Quelle que soit sa forme d'ailleurs. Le titre lui-même
cache beaucoup de significations, lesquelles sont décrites tout au
long des rencontres que font notre héroïne et le réalisateur
lui-même qui s'offre ici le rôle de Jean-Baptiste Cuchas.
Adieu
les cons a
tout pour plaire et plaira donc forcément à tout le monde. À
celles et ceux qui vénèrent tout d'abord le Albert Dupontel culte
de Bernie
et son versant trash (le réalisateur saupoudre en effet son dernier
long-métrage de quelques sages irrévérences) ainsi que le public
des familles qui part au cinéma non pas seul ni en couple mais avec
la marmaille. Car il y a de quoi rire mais aussi surtout, de quoi
pleurer. Cette émotion vivace et... tenace qui persiste juste à
l'évocation de certaines séquences. L'occasion d'évoquer la très
belle partition musicale de Christophe Julien qui adhère
parfaitement aux séquences les plus drôles ou les plus tragiques.
Débordant de génie et d'un savoir-faire qui transpire à chaque
plan, Albert Dupontel intègre certains de ses sujets en prenant
comme option une méthode de filmage tout à fait originale. On pense
notamment à cette magnifique et bouleversante séquence, pleine
d'une tragique poésie, lors de laquelle l'héroïne est en voiture,
accompagnée d'un archiviste aveugle (tout l'humour noir d'Albert
Dupontel étant concentré dans cette seule évocation), lequel se
souvient d'un quartier qu'il a bien connu en son temps et qui reflété
sur le pare-brise, témoigne du changement et de l'écoulement du
temps. Imparable ! À noter, d'ailleurs, l'excellente
performance de l'acteur Nicolas Marié, aussi drôle, tendre et
touchant dans le dit rôle de l'archiviste traumatisé par la police,
Serge Blin. Tout comme celle de Jackie Berroyer auquel Albert
Dupontel offre sans doute le rôle de sa carrière dans celui du
Docteur Lint, un homme atteint de la maladie d'Alzheimer. Adieu
les cons dresse
le portrait de personnages parfois pittoresques et cependant si
proches de nous. Plein de fantaisie, de répliques amusantes et de
séquences réellement poignantes, Albert Dupontel, ses interprètes
et Adieu
les cons prouvent
que le cinéma français n'a absolument pas perdu de son prestige.
Loin de là....
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