À l'âge qu'il a et vu
quelle forme a pris son tout premier long-métrage, on devine que le
réalisateur espagnol José Luis Montesinos s'est sevré dans les
années quatre-vingt et quatre-vingt dix aux films d'horreur et
d'épouvante américains. P't'tre même qu'un jour une petite voix
lui a dit que son tour viendrait. Qu'il connaîtrait la consécration
dès son premier film. Que ce dernier deviendrait culte du jour au
lendemain de sa sortie et qu'il serait révéré par une horde de
fans transits d'admiration. Le rêve, quoi... et puis, José Luis
Montesinos a ouvert les yeux, baillé à s'en décrocher la mâchoire,
s'est gratté le triceps (Droit ? Gauche ? On s'en fiche)
en se dirigeant vers la cuisine où il s'est préparé un café bien
serré avant de s'asseoir et de penser : ''Bon, vu que ça va
pas s'faire tout seul, première chose. Trouver une histoire...''.
Et c'est là, sans doute, que le cauchemar a commencé. La page
blanche. Impossible de coucher sur papier la moindre idée, la plus
petite ligne. Un coup de téléphone passé au scénariste Yako
Blesa, un compliment bien placé (au sujet de.... ? Parce que,
HEIN ! Le bonhomme n'avait rien écrit jusque là) avant de le
supplier de lui venir en aide. Mais bon, pas plus inspiré et encore
moins ASpiré à devenir l'un de ces scénaristes que les
réalisateurs du monde entier s'arrachent, Yako Blesa (l'amour propre
de José Luis Montesinos qui se voyait peut-être déjà monter les
marches des plus grands festivals fantastiques !!!) glisse au
creux de l'oreille du futur auteur de Cuerdas
une idée, sinon originale, du moins, dans l'air du temps :
''T'es fan de
films d'horreur et d'épouvante ? Tu connais la filmographie des
plus grands réalisateurs du genre ayant sévit il y a trente ans et
même bien plus ? Te fais pas chier. Inspire toi de ce qui
existe déjà. Hybride deux ou trois longs-métrages que tu apprécie
tout particulièrement. Avec ce talent que je t'accorde les yeux
fermés, je suis certain que les amateurs n'y verront que du feu. Au
pire, ils prendront ça pour un hommage multiple...''
Bon !
À dire vrai, je ne sais pas si tout s'est vraiment passé ainsi.
Peut-être même que du haut de ses quarante-trois ans José Luis
Montesinos n'a jamais vu un seul film fantastique ou d'épouvante de
toute son existence. Ce que tendrait à confirmer sa poignée de
courts-métrages dont aucun ne concourt dans le domaine de l'horreur.
Pourtant, Cuerdas
sent, dans la meilleure hypothèse qui soit, l'hommage. Et dans la
pire, rien de plus qu'un plagiat. Deux films traversent l'esprit. Pas
deux chefs-d’œuvre mais au moins, deux longs-métrages qui
réussirent à faire suffisamment parler d'eux à l'époque de leur
sortie pour que l'on s'en souvienne. D'un côté, Monkey
Shines de George Romero qui
s'éloignait là pour un temps de sa franchise consacrée aux
morts-vivants. Son tétraplégique et son singe capucin qui très
rapidement va devenir agressif. Et puis surtout, Cujo
de Lewis Teague, adaptation du roman de l'écrivain Stephen King. Son
chien, mordu par une chauve-souris enragée s'en prenant à une mère
de famille et son jeune enfant. Deux thèmes qui véhiculent plus ou
moins le même type de ressorts dramatiques et dont Cuerdas
se fait l'écho des décennies plus tard... Peut-être est-ce
inconsciemment parce que l'actrice Paula del Río ressemble
sensiblement à ma belle-fille que je me devait d'aller jusqu'au bout
de cette aventure qui, conséquence de son manque d'originalité,
s'avère quelque peu soporifique, ou peut-être simplement parce que
j'ai voulu croire en une formule qui tout à coup allait changer de
direction pour me proposer quelque chose de neuf.... enfin.... Mais
non ! Cuerdas
est de ces insignifiances cinématographiques qui peuvent
éventuellement satisfaire celles et ceux qui ne connaissent pas les
deux références citées plus hauts mais sans doute pas les autres,
qui connaissent la chose sur le bout des doigts et de leurs
mirettes...
Paula
del Río a beau être impliquée dans le double rôle de Elena et
Vera et le cadre (une maison perdue dans la campagne) a beau chercher
à générer un certain malaise du fait de son isolement, les
références y trop marquées et désamorcent la sensation d'effroi
par leur souvenir encore beaucoup trop prégnant. Et puis, découvrir
aujourd'hui Cuerdas
après le choc Run
d'Aneesh Chaganty sorti l'année dernière seulement, c'est comme de
vouloir comparer pain au chocolat et chocolatine. N'importe qui de
censé sait que seul le premier a de la valeur quand le second n'est
qu'une lubie territoriale... Pour revenir à Cuerdas,
disons que quelques rares séquences font leur petit effet comme une
ou deux apparitions du chien enragé (et lui aussi mordu par une
chauve-souris enragée!), toutes canines sorties et écume au bord
des lèvres. Pour le reste, l’œuvre de José Luis Montesinos est
d'un classicisme déconcertant et PRESQUE anachronique. Genre
''revival''
de second choix...
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