Capable du meilleur comme
du pire, le réalisateur japonais Takashi Miike revenait en grande
forme en 2006 avec l'un de ses meilleurs longs-métrages intitulé
Sun Scarred.
Ici, pas de lycéens rebelles, de yakuzas ou de super-héros inspirés
de mangas mais un salaryman (terme utilisé au Japon pour évoquer
les employés d'une entreprise). Traduction anglaise du titre
japonais Taiyō no kizu
qui signifie chez nous Soleil
cicatrisé,
Sun Scarred
est un drame poignant mettant donc un homme tout ce qu'il y a de plus
commun face à une bande d'adolescents particulièrement violents qui
s'en prennent un soir à un sans domicile fixe tandis que Katayama
(le salaryman en question) rentre chez lui. C'est en voulant aider le
vieil homme que l'employé de bureau va bouleverser sa vie ainsi que
celle de ses proches. En effet, le chef de la bande, un certain Akira
Kamiki (l'acteur Satochi Morimoto dont ce long-métrage est pour le
moment le seul auquel il a participé), est bien décidé à se
venger. Et pour ce faire, il kidnappe la fille de Katayama et la
tue. Condamné à une peine de prison jugée insuffisante par le père
de la gamine, Akira Kamiki est traqué par Katayama qui à son tour
est bien décidé à se venger. Quant à son épouse, incapable de se
remettre de la mort de leur fille, elle choisit de mettre fin à ses
jours en se jetant du toit de leur l'immeuble...
Comme
on le voit, le sujet de Sun Scarred
s'avère particulièrement sinistre. Un thème qui s'inscrit
d'ailleurs très nettement dans notre époque et qui surtout, se
révèle être universel puisque dépassant largement les frontières
du Japon. On disait le Orange Mécanique
de Stanley Kubrick visionnaire, Sun Scarred est
de ces longs-métrages qui trente-cinq ans plus tard le confirment.
De l'ultra violence que s'injectent dans les veines les adolescents
du monde entier profitant parfois d'une certaine impunité puisque
comme le signifie l'un des plus jeunes antagonistes du récit lors
d'une séquence particulièrement marquante, '' Si
tu tues quelqu'un à l'âge treize ans, la loi ne peut pas te
punir'' !
Une séquence qui fait véritablement froid dans le dos et qui montre
combien certains sont prêts à passer le cap, simplement par plaisir
sadique ou par absence totale de moralité. Takashi Miike oppose
Katayama (qu'interprète l'acteur Show Aikawa) à toute une galerie
de personnages dont des autorités contraintes de le prévenir qu'il
pourrait avoir des problèmes si seulement il osait s'en prendre à
celui qui tua sa petite fille. Démarrant sous des augures déjà peu
joyeux, Sun Scarred
s'enfonce de plus en plus dans une certaine noirceur, le réalisateur
japonais badigeonnant son œuvre d'une pleine couche de violence
contenue et de l'obsession d'un homme à se venger du bourreau de sa
fille et par extension, de la mort de son épouse...
Si
Takashi Miike ne titille jamais vraiment les sommets qu’atteignirent
jusque là certains de ses longs-métrages (au hasard, Ichi
the Killer,
Audition
ou Gozu),
on est ici plus proche des meilleures tentatives de ce réalisateur
très prolifique que des nanars qu'il produit parfois à la chaîne.
Pour autant, Sun Scarred
se révèle malheureusement parfois ennuyeux. La faute à une
succession de séquences qui tournent parfois en boucle. Approchant
les deux heures, celui que l'on peut considérer approximativement
comme étant le soixante-dixième long-métrage de Takashii Miike
aurait mérité d'être débarrassé de quelques séquences
redondantes. Délayé dans une accumulations de scènes qui se
répètent parfois ad
nauseam,
Sun Scarred
met effectivement un peu trop de temps à se réveiller et nous
offrir un final à la hauteur de la vengeance de son héros et des
attentes du public. Mais ne boudons pas notre plaisir car le film
fait partie de ces excellentes surprises que le cinéaste japonais
est capable de parfois nous offrir...
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