''Béééééé,
essayez de faire l'amour à un illustre inconnu en pleine zone
hostile sur le territoire des mutants... vous verriez comme c'est
bandant'' Voici le genre de dialogue auquel les spectateurs
auront droit s'ils choisissent de regarder Hell Comes to
Frogtown
de Donald G. Jackson et R.J. Kizer. Leur premier long-métrage en
collaboration mais aussi le dernier. Le quatrième pour Donald G.
Jackson et le second et avant dernier pour R.J. Kizer. Fleurissant
joyeusement dans le courant des années quatre-vingt, le film de
science-fiction post-apocalyptique a donné naissance à nombre de
sous New York 1997
aux origines diverses mais souvent produits chez nos voisins
italiens. Dans le cas présent, c'est pourtant bien sur le territoire
de John Carpenter qu'est né ce projet un peu fou et hybride dans
lequel l'acteur Roddy Piper tient la vedette. Pour les étourdis,
rappelons qu'il fut tout de même la même année (soit en 1988), le
héros de l'un des nombreux films cultes de l'auteur de The
Thing,
Christine
ou Prince des ténèbres.
Oui, l'on parle bien de John Carpenter, l'un des grands maîtres de
la série B en tous genres qui avec Invasion Los
Angeles
offrait au catcheur Roddy Piper l'occasion d'incarner son meilleur
rôle sur grand écran. Malheureusement pour lui, Donald G. Jackson
et R.J. Kizer n'étant pas de la trempe de John Carpenter, Hell
Comes to Frogtown ne
jouit ni de la même réputation, ni des mêmes qualités...
Et
pourtant, considérer ce film au scénario insensé écrit par
Randall Frakes sur la base de sa propre histoire écrite en compagnie
de Donald G. Jackson comme un authentique film culte ne doit surtout
pas être considéré comme une faute de goût. Ou alors, il faudra
penser à ôter ce statut à des dizaines, voire des centaines de
longs-métrages de petite envergure qui ont cependant mérité leur
titre grâce à l'engouement de milliers de fans pas trop regardant
sur les qualités réelles du produit ! Cultes Terminus
de Pierre-William Glenn (avec notre Johnny nationale en ersatz de Mad
Max), La Galaxie de la terreur
de Bruce D. Clark ou Terreur extraterrestre de
Greydon Clark ? Oui, définitivement, oui. Et pourtant... Pour
revenir au film qui nous intéresse ici, le sujet de l'infertilité
qu'il s'agisse de celui de l'homme ou de la femme, n'est pas une
denrée rare au cinéma puisqu'avant Donald G. Jackson et R.J. Kizer,
le réalisateur italien Sergio Martino invoqua le sujet avec son
superbe nanar post-apocalyptique 2019 après la
chute de New York
en 1984 alors que le mexicain Alfonso Cuarón allait prouver
dix-huit ans plus tard avec son brillant Les fils
de l'homme
qu'un tel sujet pouvait donner lieu à un authentique chef-d’œuvre
de la science-fiction post-apocalyptique...
Mais
pourquoi donc Hell Comes to Frogtown parait-il
aussi incongru dans le paysage cinématographique et pour quelle
raison certains l'ont-ils immédiatement rangé dans la catégorie
des nanars ?
Pour des raisons qui bien entendu paraissent évidentes. Car plutôt
que la ridicule traduction française dont résulte Transmutations,
c'est bien le titre original qui donne tout son sens à l'absurdité
de certaines idées véhiculées par le scénario. Et à commencer
par la plus saugrenue d'entre toutes : la présence à l'écran
de mutants humanoïdes ressemblant désormais davantage à des
grenouilles et autres batraciens à la peau verruqueuse qu'à des
hommes ou des femmes. L'improbabilité d'une telle hybridation étant
ce qu'elle est, nos ''charmantes'' bestioles ont l'air de sortir tout
droit d'une version déviante du Muppet
Show !
Décors façon ''western délabré'', Hell Comes
to Frogtown
promène sa toute petite poignée de personnages dans un univers
cyberpunk relativement étonnant. Roddy Piper cabotine dans le rôle
de Sam Hell, personnage viril dont les abattis sont la propriété
exclusive du gouvernement. À ses côtés, deux jolies poupées
personnifiées par les actrices Sandahl Bergman et Cec Verrel qui
incarnent respectivement Spangle et Centinella. Ces trois là se
lancent dans un voyage direction Frogtown où sont tenues
prisonnières des femmes non fertiles que
Spangle
et Centinella espèrent pouvoir libérer à l'aide de Sam. Si les
maquillages des batraciens sont relativement convaincants, le
déroulement du récit l'est un peu moins. Hell
Comes to Frogtown donne
parfois presque l'impression d'avoir été pensé pour le jeune
public. Ce qui n'empêche pas le film d'être amusant pour peu qu'on
accorde à son approche humoristique, un certain intérêt...
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