Le cinéma fantastique
asiatique, c'est un peu comme la musique ou la peinture. Un
chef-d’œuvre reste un chef-d’œuvre et une merde, une merde !
Et la déception qui en découle peut être sans commune mesure avec
tout autre contrariété. Ou comment foirer une soirée lorsque l'on
s'attendait à découvrir un long-métrage, certes, archétypal dans
le fond, mais que l'on espérait gratifié d'une originalité en
terme de mise en scène. Hideo Nakata signait en 1998 le film
d'horreur Ringu
dans lequel une cassette vidéo provoquait la mort de quiconque
l'aurait visionnée. Cinq ans plus tard, ce sera au tour du
réalisateur Takashi Miike d'évoquer le concept d'un message par
téléphones portables interposés semant la mort dans Chakushin
ari.
Entre les deux œuvres japonaises devait s'incruster le film
sud-coréen Hayanbang
dans lequel, cette fois-ci, il s'agissait d'un site internet qui
après sa visite provoquait la mort de jeunes femmes enceintes.
Nettement plus à l'aise dans le domaine du thriller que dans
l'épouvante, l'horreur ou le fantastique, la Corée du sud démontre
ici que certaines évocations ne devraient être que l'apanage de
leurs voisins Japonais. Car si les deux pays se font face, l'un n'est
ici que le pâle reflet du second. Le problème avec Hayanbang
se situe en général au niveau de ses effets qui demeurent ultra
cheap. Sans ses origines asiatiques, le long-métrage du sud-coréen
Chang-jae Lim aurait tout aussi bien pu n'être que l'un de ces
nombreux téléfilms américains fantastiques des années
quatre-vingt parmi lesquels beaucoup ont malheureusement mal supporté
le poids des années...
Mais
puisque plus tard certains auront l'idée de développer le remake du
long-métrage à l'origine de tout, il n'y avait sans doute aucune
mauvaise raison pour que la Corée du Sud ne vienne pas mettre son
petit grain de sel dans toute cette histoire. Le problème est que
Chang-jae Lim a semble-t-il voulu jeter le dit condiment par
poignées, le résultat ne se faisant pas longtemps attendre.
Hayanbang est
proprement indigeste. Le détective Choi (Jun-ho Jeong) est passé de
la crim' à la cybercriminalité. C'est alors l'occasion pour la
reporter Su-Jin (Eun-ju Lee) de le suivre sur sa dernière enquête
concernant la mort de plusieurs femmes enceintes après qu'elles
aient consulté un site internet intitulé White
Room.
Particulièrement intéressée par cette affaire, notre héroïne va
aller jusqu'à emménager dans l'appartement d'une femme décédée
dans des conditions très particulières et à l'origine de laquelle
semblent être survenus les derniers événements. Si vous vous
attendiez à des monceaux de surprises avec Hayanbang
et si les climax sont ce qui nourri vos fantasmes de
cinéphiles(phages), passez votre chemin. D'une convenue absolument
tragique, le long-métrage de Chang-jae Lim n'est d'aucune
originalité. Avec sa tronche de téléfilm du dimanche après-midi,
sa musique à deux balles signée de Jeong-a Kim et son intrigue
éludée au bout d'une poignée de minutes, Hayanbang
fait figure de parent pauvre du cinéma fantastique asiatique...
Même
un Takashi Shimizu parfois peu inspiré n'oserait très certainement
pas nous servir un plat aussi fade. Question effets-spéciaux, là
encore le bât blesse. Le film se contente surtout d'innombrables
mouvements de caméras signifiant la présence d'un fantôme et s'il
est possible que le spectateur sursaute à une ou deux occasions, ça
n'est pas tant parce que le film est effrayant que parce qu''une fois
endormi devant la platitude qu'offre l'intrigue, le spectateur risque
d'être subitement réveillé lorsque la partition de Jeong-a Kim
s'invite à grands renforts de nappes synthétiques. Mis entre les
mains d'un vrai grand réalisateur tels que Hideo Nakata, takashi
Shimizu ou bien pourquoi pas le frappadingue Takashi Miike, il n'est
pas impossible que Hayanbang
ait pu être une réussite d'autant plus que le scénario aurait pu
réserver d'excellentes surprises. Malheureusement, Chang-jae Lim
semble incapable de concrétiser le script de son homologue Hui-ju
Park. Redondant, Hayanbang semble
durer des heures, ce qui pourra provoquer des fourmis dans le jambes
des spectateurs les moins patients. Notons qu'après hayanbang,
le réalisateur sud-coréen n'a plus donné signe de vie. Du moins,
pas au cinéma. Ce qui au vu du résultat de son unique long-métrage
n'est ni une surprise, ni une mauvaise nouvelle...
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