Catastrophes naturelles,
maritimes, ferroviaires, aériennes... De ces dernières est demeurée
la plus célèbre d'entre elles la franchise Airport.
Comme le fut en son temps le Titanic dans le milieu maritime et le
récit de l'épouvantable tragédie qui découla de son premier et
unique voyage en mer, la simple évocation du Hindenburg est un
spoiler à lui seul. Car au même titre que le fameux paquebot
transatlantique d'origine britannique qui le 14 avril 1912 heurta un
iceberg et causa la mort de 1491 passagers sur les 2201 (équipage
compris), le sort du Hindenburg est d'ors et déjà scellé lorsque
les passagers de cette Odyssée du Hindenburg
montent à bord du plus célèbre des dirigeables. Le plus connu
d'entre tous et le plus grand également et dont la destruction lors
d'un incendie le 6 mai 1937 causa le décès de trente-cinq voyageurs
dont plus de la moitié faisait partie de l'équipage. C'est donc en
tout état de cause que l'issue est inscrite dans le marbre. Reste
pour le réalisateur Robert Wise (La maison du
Diable)
et pour ses scénaristes Nelson Gidding (un fidèle du réalisateur)
et Richard Levinson (la série Columbo)
qu'à composer avec son casting et un script digne de ce nom pour que
L'odyssée du Hindenburg
ne repose pas simplement sur l'unique reconstitution d'un drame qui à
l'époque, chose incroyable, fut filmé, mais sur un script
suffisamment étoffé pour justifier une durée avoisinant les deux
heures de long-métrage...
Alors
qu'il y a huit ans des ingénieurs sont arrivés à la conclusion que
le LZ 129 Hindenburg (nom complet du célèbre dirigeable) avait pris
feu après avoir été chargé en électricité lors de son passage
dans une zone orageuse, les scénaristes Nelson Gidding et Richard
Levinson envisagent plusieurs solutions dont certaines font
directement et bien des années avant, référence aux conclusions
des ingénieurs. En effet, si la charge en électricité est
officiellement due au passage du dirigeable dans une zone orageuse,
dans L'odyssée du Hindenburg,
la charge en question est due à son passage au cœur d'un nuage. Une
séquence mise en images et lors de laquelle l'on assiste au
phénomène dit des ''Feux de Saint-Elme'' qui se produit dans
certaines conditions météorologiques. Autre explication ici
transformée pour les besoins du récit, la rupture d'un câble qui
selon John Duggan aurait été causé par des essais répétés sur
les turbulences et qui auraient fragilisé le câble en question.
Dans le film de Robert Wise, la séquence prend une toute autre
allure puisque c'est l'auteur présumé d'un attentat (William
Atherton dans le rôle du gréeur Boerth) qui par accident amène à
la rupture du câble, provoquant ainsi une déchirure dans la toile
de l'une des ailes de l'Hindenburg. Mais le film n'évoque pas
uniquement l'hypothèse d'un accident mais bien d'un attentat comme
semble le désigner le personnage du gréeur et la bombe qu'il
détient et place dans la structure du dirigeable...
Les
vraies grandes stars du cinéma américain ne se bousculent pas ici.
Pas de Steve McQueen, de Paul Newman, de Charlton Heston, d'Elizabeth
Taylor ou d'Ava Gardner, mais tout de même, la présence de George
C. Scott dans le rôle du colonel Franz Ritter chargé de la sécurité
du Hindenburg. Vedette des films de guerre Docteur
Folamour de
Stanley Kubrick en 1964 et Patton
de Franklin J. Schaffner en 1970 ainsi que du chef-d’œuvre de
l'effroi The Changeling
de Peter Medak dix ans plus tard, il incarne un officier allemand
soupçonneux très éloigné du héros auquel on aurait pu
s'attendre. C'est d'ailleurs ce que partagent tous les protagonistes
dont aucun n'est véritablement séduisant et ne crée aucune forme
d'empathie. Aux côtés de la star, l'actrice Anne Bancroft dans le
rôle de la comtesse Ursula, Burgess Meredith dans celui d'Emilmion
Vogel, Charles Durning en Capitaine du Hindenburg Max Pruss ainsi que
Roy Thinnes, le David Vincent de la série télévisée de
science-fiction Les Envahisseurs.
Si le pari d'exposer la catastrophe en toute dernière partie du
long-métrage s'avère particulièrement osé, Robert Wise nourri
suffisamment son œuvre de situations diverses et variées pour que
l'on n'ait pas vraiment le temps de s'ennuyer. La majeure partie de
l'intrigue se situe donc dans les entrailles de la bête et dans les
incroyables coursives constituées d'innombrables et impressionnants
embranchements. Quant à la catastrophe elle-même, Robert Wise a
l'ingénieuse idée de la filmer en noir et blanc et de mêler aux
séquences de tournage par un astucieux montage, les effroyables
images d'archives de la catastrophe...
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