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jeudi 20 mai 2021

Godzilla vs Kong d'Adam Wingard (2021) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Godzilla vs Kong, c'est un peu comme de s'essayer à la cuisine gastronomique quand on ne sait faire cuire que des pâtes ! On pourrait s'arrêter là et simplement pleurer tout en évoquant les millions de dollars qui furent engloutis dans ce joujou pour réalisateur mégalomaniaque. Une entreprise de destruction suicidaire financée par Warner Bros et Legendary Pictures qui devrait, espérons-le, mettre un terme à la franchise MonsterVerse qui pourtant nous avait offert en 2014, l'excellent reboot Godzilla de Gareth Edwards. Mais c'était avant que ne vienne mettre les pieds dans le plat le réalisateur Jordan Vogt-Roberts avec le relativement médiocre Kong: Skull Island trois ans plus tard. Et si l'on espérait qu'avec Michael Dougherty et le troisième long-métrage de la franchise sortie il y a deux ans Godzilla 2 - Roi des Monstres la vapeur allait être renversée, c'était sans doute présager un peu trop rapidement des capacités de réalisateur à reprendre le flambeau laissé derrière lui par Gareth Edwards. Autant dire qu'à l'annonce de Godzilla vs Kong je ne faisais pas partie de ceux qui s'excitaient sur leur clavier ou leur tablette pour marquer leur empressement. Pour en revenir à la ''grande cuisine'' et surtout comprendre pourquoi le long-métrage d'Adam Wingard est indigeste, il suffit juste de le comparer au plat préféré de Casimir, ce monstre gentil créé dans les années soixante-dix par Yves Brunier et Christophe Izard. Un heureux hasard d'ailleurs si l'on tient compte du fait qu'il aurait tout aussi bien pu remplacer Godzilla tant le film est ridicule (Casimir étant un dinosaure de la famille des Casimirus). Mais donc, pour parler recette, Godzilla vs Kong est la version blockbusterisée du Gloubi-boulga. Soit le mélange improbable de moutarde forte, de chocolat râpé, de confiture de fraise, de saucisse de Toulouse et de banane écrasée...


Sans rire... comment peut-on à ce point mélanger tout et n'importe quoi en étant persuadé que le public ne se rendra compte de rien ? À moins, bien entendu, qu'Adam Wingard ait pensé son film pour ces jeunes décérébrés qui posent leur cul sur un fauteuil de cinéma pour parler où pour consulter les réseaux sociaux sur leur smartphone durant la projection ! Mais ne soyons pas trop durs et restons indulgents avec le réalisateur américain dont le mode de pensée est sans doute moins étriqué. Car probablement a-t-il voulut à cette occasion réaliser un film-somme de tout ce qu'est capable de vomir Hollywood ! Trop gourmand Adam Wingard. Forçant avec un peu trop d'engouement sur la colorimétrie, son film pète de couleurs outrancières qui parfois donnent à son œuvre l'aspect d'un long-métrage d'animation. Il n'y a d'ailleurs qu'à le comparer, au hasard, au Godzilla : la planète des monstres de Kobun Shizuno et Hiroyuki Seshita sortit quatre ans en arrière pour s'en convaincre. Alors oui, c'est beau, et même souvent très impressionnant. Les effets-spéciaux en mettent plein la vue, le spectacle est total et permanent, mais pour le reste, Godzilla vs Kong s'avère impersonnel à force de mêler diverses influences qui n'auront d’accointance que dans l'esprit du metteur en scène. C'est l'époque qui le veut, mais bien entendu, aucun long-métrage de ce type ne peut désormais plus se passer de ses héros à peine extraits de leurs couches-culotte. Au point que cela en devient agaçant. Mais là n'est plus vraiment le problème. Le véritable soucis de Godzilla vs Kong, c'est son scénario.


Il suffit d'ailleurs de voir combien de scénaristes et combien de sources d'inspirations sont entrés en jeu pour comprendre le problème : un scénario conçu à quatre mains par Eric Pearson et Max Borenstein sur la base d'une histoire écrite par Terry Rossio, Michael Dougherty et Zach Shields, elle-même imaginée à partir du Kaijū créé dans les années cinquante par Tomoyuki Tanaka et la Tōhō et inspirée par le long-métrage de Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack, le King Kong de 1933... Ouais, ça laisse songeur. Mais à l'écran, les répercussions se font très rapidement ressentir. Entre l'évocation de technologies en veux-tu en voilà que la rapidité de mise en scène empêche de digérer, et l'évocation d'une Terre creuse dont l'exploitation à l'image est ébouriffante de connerie et d'invraisemblance (bien que son concept ait été formalisé par des théories géodésiques), on passe plus de temps à s'arracher les cheveux à force de n'y rien comprendre ou de rire devant l'incroyable bouillie de CGI et le ridicule de nombreuses séquences qui s'étalent sur l'écran. Pour celles et ceux qui ne veulent pas perdre leur temps, qu'ils se rassurent : tout rentre dans l'ordre. L'homme n'en ressort pas forcément grandi mais Godzilla et King Kong vont désormais pouvoir prendre leur retraite et jouer aux cartes ensemble...

 

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