Godzilla vs Kong,
c'est un peu comme de s'essayer à la cuisine gastronomique quand on
ne sait faire cuire que des pâtes ! On pourrait s'arrêter là
et simplement pleurer tout en évoquant les millions de dollars qui
furent engloutis dans ce joujou pour réalisateur mégalomaniaque.
Une entreprise de destruction suicidaire financée par Warner
Bros et
Legendary Pictures
qui devrait, espérons-le, mettre un terme à la franchise
MonsterVerse
qui pourtant nous avait offert en 2014, l'excellent reboot Godzilla
de Gareth Edwards. Mais c'était avant que ne vienne mettre les pieds
dans le plat le réalisateur Jordan Vogt-Roberts avec le relativement
médiocre Kong: Skull Island
trois ans plus tard. Et si l'on espérait qu'avec Michael Dougherty
et le troisième long-métrage de la franchise sortie il y a deux ans
Godzilla 2 - Roi des Monstres
la vapeur allait être renversée, c'était sans doute présager un
peu trop rapidement des capacités de réalisateur à reprendre le
flambeau laissé derrière lui par Gareth Edwards. Autant dire qu'à
l'annonce de Godzilla vs Kong je
ne faisais pas partie de ceux qui s'excitaient sur leur clavier ou
leur tablette pour marquer leur empressement. Pour en revenir à la
''grande cuisine'' et surtout comprendre pourquoi le long-métrage
d'Adam Wingard est indigeste, il suffit juste de le comparer au plat
préféré de Casimir, ce monstre gentil créé dans les années
soixante-dix par Yves Brunier et Christophe Izard. Un heureux hasard
d'ailleurs si l'on tient compte du fait qu'il aurait tout aussi bien
pu remplacer Godzilla tant le film est ridicule (Casimir étant un
dinosaure de la famille des Casimirus).
Mais donc, pour parler recette, Godzilla vs Kong
est la version blockbusterisée du Gloubi-boulga.
Soit le mélange improbable de moutarde forte, de chocolat râpé, de
confiture de fraise, de saucisse de Toulouse et de banane écrasée...
Sans
rire... comment peut-on à ce point mélanger tout et n'importe quoi
en étant persuadé que le public ne se rendra compte de rien ?
À moins, bien entendu, qu'Adam Wingard ait pensé son film pour ces
jeunes décérébrés qui posent leur cul sur un fauteuil de cinéma
pour parler où pour consulter les réseaux sociaux sur leur
smartphone durant la projection ! Mais ne soyons pas trop durs
et restons indulgents avec le réalisateur américain dont le mode de
pensée est sans doute moins étriqué. Car probablement a-t-il
voulut à cette occasion réaliser un film-somme de tout ce qu'est
capable de vomir Hollywood ! Trop gourmand Adam Wingard. Forçant
avec un peu trop d'engouement sur la colorimétrie, son film pète de
couleurs outrancières qui parfois donnent à son œuvre l'aspect
d'un long-métrage d'animation. Il n'y a d'ailleurs qu'à le
comparer, au hasard, au Godzilla : la planète
des monstres de
Kobun Shizuno et Hiroyuki Seshita sortit quatre ans en arrière pour
s'en convaincre. Alors oui, c'est beau, et même souvent très
impressionnant. Les effets-spéciaux en mettent plein la vue, le
spectacle est total et permanent, mais pour le reste, Godzilla
vs Kong s'avère
impersonnel à force de mêler diverses influences qui n'auront
d’accointance que dans l'esprit du metteur en scène. C'est
l'époque qui le veut, mais bien entendu, aucun long-métrage de ce
type ne peut désormais plus se passer de ses héros à peine
extraits de leurs couches-culotte. Au point que cela en devient
agaçant. Mais là n'est plus vraiment le problème. Le véritable
soucis de Godzilla vs Kong,
c'est son scénario.
Il
suffit d'ailleurs de voir combien de scénaristes et combien de
sources d'inspirations sont entrés en jeu pour comprendre le
problème : un scénario conçu à quatre mains par Eric Pearson
et Max Borenstein sur la base d'une histoire écrite par Terry
Rossio, Michael Dougherty et Zach Shields, elle-même imaginée à
partir du Kaijū
créé dans les années cinquante par Tomoyuki Tanaka et la Tōhō et
inspirée par le long-métrage de Merian Caldwell Cooper et Ernest
Beaumont Schoedsack, le King Kong
de 1933... Ouais, ça laisse songeur. Mais à l'écran, les
répercussions se font très rapidement ressentir. Entre l'évocation
de technologies en veux-tu en voilà que la rapidité de mise en
scène empêche de digérer, et l'évocation d'une Terre creuse
dont
l'exploitation à l'image est ébouriffante de connerie et
d'invraisemblance (bien que son concept ait été formalisé par des
théories géodésiques), on passe plus de temps à s'arracher les
cheveux à force de n'y rien comprendre ou de rire devant
l'incroyable bouillie de CGI et le ridicule de nombreuses séquences
qui s'étalent sur l'écran. Pour celles et ceux qui ne veulent pas
perdre leur temps, qu'ils se rassurent : tout rentre dans
l'ordre. L'homme n'en ressort pas forcément grandi mais Godzilla et
King Kong vont désormais pouvoir prendre leur retraite et jouer aux
cartes ensemble...
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