Lorsque l'on s'appelle
Menahem Golan et Yoram Globus, que l'on rachète une petite compagnie
de cinéma à l'agonie du nom de The Cannon Group Inc. et
que l'on a l'ambition de rivaliser avec les plus grands et pourquoi
pas dompter Hollywood, encore faut-il s'en donner les moyens. Nos
deux producteurs israéliens rachètent la compagnie en 1979,
réalisent (pour le premier) et produisent des dizaines de
longs-métrages dès le début des années quatre-vingt. Beaucoup de
ceux-ci deviendront pour les amateurs de séries B, de véritables
objets de culte. Les passionnés de nanars s'y retrouveront
également, et notamment à travers Enter the Ninja
(L'implacable
Ninja)
que réalise lui-même Menahem Golan en 1981. Premier volet d'une
trilogie fantasmant logiquement sur le succès d'un certain Bruce Lee
et des classiques qu'engendra sa participation à une poignée de
longs-métrages d'arts martiaux révérés par les fans du genre
(parmi lesquels, The Big Boss
de Lo Wei, Opération Dragon
de Robert Clouse ou Le Jeu de la mort
de Robert Clouse). Un sous-genre qui sera surtout popularisé par
l'acteur Michael Dudikoff et la série de films intitulés American
Ninja
et initiée quatre ans plus tard par le réalisateur Sam Firstenberg.
Mais avant cela, retour en 1981, donc, avec le réalisateur/producteur
aux commandes et l'acteur italien Franco Nero (oui, oui, il s'agit
bien de celui qui incarna le rôle-titre de Django
de Sergio Corbucci en 1966) dans le rôle principal...
Lorsque
débute Enter the Ninja,
on constate une chose : la présence au générique du logo
Metro-Goldwyn-Mayer,
laquelle entreprise qui, faut-il le savoir, devient propriétaire de
The Cannon Group
Inc. en
1993. Mais rassurons-nous puisqu'une toute petite poignée de seconde
après apparaît celui de notre petite compagnie spécialisée dans
le cinéma d'action, ornée d'un symbole japonais qui ne laisse aucun
doute sur le produit devant lequel nous allons nous positionner en
tant que spectateurs. Franco Nero qui dans la peau de Cole vient de
parfaire et d'obtenir son titre de Ninja dans une école spécialisée
située au Japon (malgré l'avis contraire de l'un des élèves,
Hasegawa qu'interprète Sho Kosugi) se rend ensuite en Thaïlande où
il retrouve l'un de ses anciens compagnons d'arme de l'Angola, un
certain Frank Landers (l'acteur Alex Courtney) qui vit dans une
luxueuse propriété avec son épouse Mary Ann (la britannique Susan
George qui apparu notamment dans la série Amicalement
votre
en 1970 et fut l'épouse à l'écran de Dustin Hoffman dans Les
Chiens de Paille
de Sam Peckinpah l'année suivante). Malheureusement pour lui, le
couple est très régulièrement pris à partie par les hommes de
main d'un certain Venanius qui veut s'emparer des terres de Frank et
Mary Ann car elles recèlent des nappes de pétrole. Devant le refus
des Landers de lui céder leurs terres, ses hommes s'en prennent à
leurs employés qui finissent par abandonner leur travail laissant
seuls les deux propriétaires. Mais heureusement, Zorro.... Oups !
Cole est arrivé, sans s'presser. Le grand Cole, le beau Cole, avec
sa moustache et son sabre blanc...
En
passant du rôle de cow-boy à celui de Ninja, l'italien Franco Nero
n'a pas tout à fait perdu de son charisme. ''Pas tout à fait''
puisque malgré un regard toujours aussi intense, l'acteur se voit
affublé d'une moustache toute ''villagepeoplienne''
du plus ridicule effet. Mais passons. Arborant toute la panoplie du
ninja (kusarigama, épée, shurikens, Makibishi, aiguilles et
sarbacanes, Shikomizue), la liste étant complétée par son ancien
camarade mais désormais ennemi Hasegawa, Cole et cette première et
dernière œuvre dans laquelle intervient son personnage peuvent être
considérés comme les ancêtres d'Hannibal Smith et de son équipe
d'anciens membres d'une équipe de soldats américains ayant servi
durant la guerre du Vietnam de la célèbre série télévisée
L'Agence tous
risques. Deux
ans avant eux, Cole est typiquement le genre de héros aidant ''la
veuve et l'orphelin'' face aux voyous et aux criminels en tous
genres. Ici, ces derniers sont sous les ordres de Venanius
qu'interprète l'acteur Christopher George que les amateurs de films
d'horreur connaissent et apprécient pour l'avoir vu dans l'un des
chefs-d’œuvre du cinéma d'épouvante italien, Paura
nella città dei morti viventi du
maître Lucio Fulci. À ses côtés, un curieux personnage interprété
par l'acteur Zachi Noy, ici sorte de Capitaine Crochet d'un mètre
cinquante à peine et claudiquant que l'on aurait sans doute mieux vu
chez le Quasimodo de Notre-Dame
de Paris
de Victor Hugo.
Concernant
l'action à proprement parler et donc des scènes de combats que les
spectateurs ont le droit d'exiger, Enter the
Ninja
ne risque à aucun moment de leur faire oublier Bruce Lee et même
tous ses succédanés. Si elles sont en nombre, les séquences lors
desquelles Cole fait usage de la technique qu'il a acquise lors de sa
formation sont rarement convaincantes. Franco Nero a bien du mal à
se battre lors de scène, de plus, généralement mal chorégraphiées.
Ce qui donne à l'ensemble du long-métrage, présence de Zachi Noy
en nain nanti d'un crochet à la main droit et de Christopher George
en chef de gang en roue libre compris, de faux airs de comédies
façon Terence Hill et Bud Spencer. Tout cela n'est pas très
sérieux, assez ennuyeux même au final, avec un scénario
relativement plat. Et pourtant, Enter the Ninja
sera
à l'origine de deux fausses suites intitulées Revenge
of the Ninja
et Ninja 3 the domination
toutes deux réalisées en 1983 et 1984 par le réalisateur Sam
Firstenberg...
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