Si Anthropophagus
de Joe D'Amato pouvait encore faire illusion en évoquant le
débarquement de touristes sur une île grecque, son remake signé
dix-neuf ans plus tard par l'allemand Andreas Schnaas aura déjà,
lui, beaucoup plus de difficultés pour nous convaincre que l'action
se situe elle aussi sur l'une de ces îles que citent les divers
résumés. Fauché comme les blés, Anthropophagous
2000
est d'abord un hommage au cinéaste italien qui meurt trois mois
avant la sortie de ce remake. Un calendrier, fruit du hasard, qui ne
doit pourtant pas faire oublier que la vision d'Andreas Schnaas n'a
d'hommage que dans l'esprit puisque comme le réalisateur transalpin,
l'allemand signe un long-métrage épouvantablement mauvais. Et ce
qui se voudrait justement un hommage en allant (involontairement)
jusqu'à coller à l'esprit Z de l’œuvre originale s'affirme comme
une attestation selon laquelle sans pognon ni imagination, rien de
bon ! Parce que des réalisateurs qui réfléchissent au contenu
et à la composition de leur œuvre moyennant des budgets de misère,
il y en a eu et il y en aura toujours. Mais là où persévéreront
certains d'entre eux se retrouvera toujours dans un résultat qui à
l'écran se traduit par un résultat catastrophique. Anthropophagus
version 1980 a beau bénéficier d'un statut culte et d'une aura
spécifique auprès d'un certain public notamment grâce (ou à
cause) à deux séquences qui, si sur le papier son gratinées
(l'avortement contraint d'une future maman et l'anthropophage du
titre s'auto-dévorant les entrailles), sont en réalité tout sauf
réalistes et donc ratées... surtout la première d'entre elles...
Notons
que bien avant que le réalisateur allemand ne décide de
s'approprier le sujet de Joe D'Amato et George Eastman (ce dernier
incarnant également le rôle du cannibale), une (fausse) suite fut
mise en chantier sous le titre de Rosso Sangue,
toujours réalisée l'année suivante par Joe D'Amato, scénarisée
par ses soins ainsi que par Michele Soavi (notamment réalisateur du
cultissime Bloody Bird
en 1987), George Eastman interprétant non plus le personnage de
Nikos Karamanlis mais celui de Mikos Stenopolis ! En 1999, c'est
Andreas Schnaas qui reprend lui-même le rôle de Nikos Karamanlis
dans un remake reprenant une part des éléments de l’œuvre
originale. Mais alors que dans la version de Joe D'Amato,
l'insignifiance du récit n'était même pas rattrapée par ses
effets-spéciaux de très mauvaise qualité (le fœtus n'était rien
d'autre qu'un lapin acheté chez le boucher du coin), Andreas Schnaas
se fait, et NOUS fait plaisir avec une accumulation d'atrocités qui
feront le bonheur des amateurs de gore pas trop regardant sur le
réalisme de certains maquillages. Les hostilités débutent sur une
plage après une séance de "in
out in out"
(Alex, si tu me lis) aussi passionnante qu'un reportage sur la
culture des huîtres. Sous une tente, une jeune asiatique tatouée à
peu près partout sur le corps découvre son compagnon égorgé avant
d'être ''proprement'' massacrée à coups de hache. Efficace !
Surtout que la séquence se termine par un arrachage de visage
particulièrement gerbant...
Très
vite, le spectateur aura l'occasion de découvrir la très mauvaise
qualité d'image. Sans doute due à l'acquisition par Andreas Schnaas
d'un caméscope d'une autre époque. Un style visuel auquel s'allient
sans complexe une mise en scène et un montage désastreux ainsi
qu'une interprétation au rabais. Vu le look de certains ''acteurs'',
on se doute que le réalisateur n'est pas allé chercher bien loin et
qu'il a demandé à quelques amis personnels d'accepter de jouer dans
ce qui s’avérera être son quatrième long-métrage après qu'il
ait signé sa trilogie Violent Shit
dont l'excellente et cultissime collection Haxan
Films
nous permis de découvrir les prémices en France dans le milieu des
années quatre-vingt dix. L'intrigue ? En gros, des touristes en
balade sur une île grecque vont être les victimes d'un homme devenu
fou depuis que son épouse et leur petite fille sont mortes à la
suite d'un naufrage. Courage, chers spectateurs.... prenez au moins
le temps de vous habituer au style de jeu et de mise en scène
particulier des interprètes et du réalisateur car la surprise n'en
sera que plus grande. Toutefois, ne jamais oublier que l'on est bien
face à du bon gros Z qui tâche. La fascination du réalisateur pour
le vomi s'exprime à plusieurs occasions et dans un goût des plus
douteux. Digérées ces quelques courts passages dont nous nous
serions bien passés, le film, malgré ses innombrables défauts,
vaut surtout pour sa longue liste d'atrocités exposées à l'écran :
égorgements, éviscérations, fracture ouverte de l'avant-bras,
extraction des viscères par la bouche (un hommage au Frayeurs
de Lucio Fulci?), empalement (autre hommage mais cette fois-ci au
Cannibal Holocaust
de Ruggero Deodato) et j'en passe et des meilleurs. On a même le
droit aux deux séquences qui offrirent sa réputation au
long-métrage de Joe D'Amato. Sauf que cette fois-ci, Andreas Schaas
repousse très largement l'ignominie de l'acte d'avortement. Futures
mamans, bienvenue à vous ! Bref, Anthropophagous
2000 est
visuellement laid, interprété à l'arrache, à peine mis en scène,
monté n'importe comment (on passe du jour à la nuit en un instant)
mais question gore, il y a de quoi se remplir la boite à fantasmes.
Choisissez votre camp. Joe D'Amato ou bien Andreas Schnaas ?
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