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mercredi 12 mai 2021

Les animaux anonymes de Baptiste Rouveure (2020) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Voici une œuvre hautement originale. Mais si Les animaux anonymes du réalisateur français Baptiste Rouveure l'est assurément, cette originalité dont ce premier film qui échappe au statut de moyen-métrage à quelques minutes près bénéficie semble surtout reléguée dans ses premiers instants. Car la suite fait l'effet d'une boucle scénaristique dont Baptiste Rouveure semble ne pas parvenir à s'extraire. Bien vue l'idée de cet homme attaché à un arbre, sur le bord d'une route, avant qu'un véhicule particulièrement suspect ne vienne s'arrêter et son propriétaire s'en approcher. Mais surtout, bien vu ce concept qui range immédiatement Les animaux anonymes dans la catégorie des Objets Filmiques Non Identifiés ou, OFNIs. Imaginez que l'une des séquences les plus ambiguës et dérangeantes du Calvaire de Fabrice du Welz ait donné naissance aux créatures du long-métrage de Baptiste Rouveure. Imaginez un ersarz des Chasses du comte Zaroff de Richard Connell couplé avec L'Île du docteur Moreau de H. G. Wells, tout cela mixé avec une pointe de survival et vous obtenez Les animaux anonymes. Sans aucun doute beaucoup moins amusant que Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris (aucun rapport bien entendu), mais surtout, bien moins passionnant que n'a l'air de le décrire le synopsis. Une trame qui brille par un manque total d'imagination. Car après nous avoir fait découvrir les enjeux du récit (en bref, dans un contexte rural, forestier, agricole, à vous de choisir, les rôles des animaux et des humains sont inversés) Les animaux anonymes tourne en rond...


Les animaux anonymes prend alors une drôle d'allure. Comme une œuvre de propagande sur l'antispécisme. Ce courant qui nous ferait presque rougir de honte à chaque bouchée de viande ingurgitée. Le long-métrage de Baptiste Rouveure ne dépasse pas les une heure et quatre minutes mais alors, qu'elle souffrance dans l'ennui. Comme je l'évoquais plus haut, ce film aux ambitions esthétiques certaines fait preuve d'une originalité que le réalisateur tente malheureusement de recycler à l'infini à défaut d'avoir une réelle idée de scénario à nous proposer. Y'a pas d'autres mots : on s'fait littéralement chier ! Trop répétitif et surtout, beaucoup trop long alors que le format court lui aurait sans doute beaucoup mieux convenu, Les animaux anonymes déclare son originalité dans les premiers instants avant de n'être qu'un produit bâtard des longs-métrages cités au dessus. Comme avec des sabots utilisés aussi maladroitement que les extrémistes de la bien-pensance, Baptiste Rouveure semble avoir voulu faire passer un message mais s'y prend avec une maladresse absolue. En essayant d'humaniser ses créatures.... hybrides, dirons-nous, il n'en fait qu'une projection toute similaire à notre espèce, ne revalorisant alors à aucun moment ce bétail que l'homme traque habituellement. Même le meilleur ami de l'homme s'est rangé du côté de ces êtres humanoïdes à tête de cerf, de porc et donc, de chien !


Bon, le principe, faut-il le savoir, repose sur la thérianthropie qui consiste en la transformation d'un être humain en animal. Et dans le cas présent, le terme est représenté par des individus qui ont conservé leur silhouette humaine et portent à la place de leur visage, la tête de tel ou tel animal. Les animaux anonymes n'en est cependant pas dénué de tout soubresaut d'originalité puisque l'on pourra notamment apprécier la séquence lors de laquelle des hybrides humanoïdo-canins organisent un combat d'humains dans une grange. Autre chose à savoir, vous n'entendrez aucune ligne de dialogue autre que quelques onomatopées à base de grognements et de rugissements. Le réalisateur refuse même au bétail humain la possibilité de s'exprimer. On a alors compris dans quel camp se range Baptiste Rouveure : dans celui des mangeurs d'herbes. Si son entreprise est louable, Les animaux anonymes est d'un point de vue strictement cinématographique, un rendez-vous raté avec les cinéphiles. Au mieux, une expérience dont l'originalité se délite au bout de quelques minutes seulement. Au pire, un disque rayé qui n'empêchera malheureusement pas quelques bâillements...

 

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