Voici une œuvre
hautement originale. Mais si Les animaux anonymes du
réalisateur français Baptiste Rouveure l'est assurément, cette
originalité dont ce premier film qui échappe au statut de
moyen-métrage à quelques minutes près bénéficie semble surtout
reléguée dans ses premiers instants. Car la suite fait l'effet
d'une boucle scénaristique dont Baptiste Rouveure semble ne pas
parvenir à s'extraire. Bien vue l'idée de cet homme attaché à un
arbre, sur le bord d'une route, avant qu'un véhicule
particulièrement suspect ne vienne s'arrêter et son propriétaire
s'en approcher. Mais surtout, bien vu ce concept qui range
immédiatement Les animaux anonymes
dans
la catégorie des Objets Filmiques Non Identifiés ou, OFNIs.
Imaginez que l'une des séquences les plus ambiguës et dérangeantes
du Calvaire
de Fabrice du Welz ait donné naissance aux créatures du
long-métrage de Baptiste Rouveure. Imaginez un ersarz des
Chasses du comte Zaroff de
Richard Connell couplé avec L'Île du docteur
Moreau
de H. G. Wells, tout cela mixé avec une pointe de survival et vous
obtenez Les
animaux anonymes.
Sans aucun doute beaucoup moins amusant que Les
émotifs anonymes de
Jean-Pierre Améris (aucun rapport bien entendu), mais surtout, bien
moins passionnant que n'a l'air de le décrire le synopsis. Une trame
qui brille par un manque total d'imagination. Car après nous avoir
fait découvrir les enjeux du récit (en bref, dans un contexte
rural, forestier, agricole, à vous de choisir, les rôles des
animaux et des humains sont inversés) Les
animaux anonymes tourne
en rond...
Les animaux
anonymes
prend alors une drôle d'allure. Comme une œuvre de propagande sur
l'antispécisme. Ce courant qui nous ferait presque rougir de honte à
chaque bouchée de viande ingurgitée. Le long-métrage de Baptiste
Rouveure ne dépasse pas les une heure et quatre minutes mais alors,
qu'elle souffrance dans l'ennui. Comme je l'évoquais plus haut, ce
film aux ambitions esthétiques certaines fait preuve d'une
originalité que le réalisateur tente malheureusement de recycler à
l'infini à défaut d'avoir une réelle idée de scénario à nous
proposer. Y'a pas d'autres mots : on s'fait littéralement
chier ! Trop répétitif et surtout, beaucoup trop long alors
que le format court lui aurait sans doute beaucoup mieux convenu, Les
animaux anonymes
déclare son originalité dans les premiers instants avant de n'être
qu'un produit bâtard des longs-métrages cités au dessus. Comme
avec des sabots utilisés aussi maladroitement que les extrémistes
de la bien-pensance, Baptiste Rouveure semble avoir voulu faire
passer un message mais s'y prend avec une maladresse absolue. En
essayant d'humaniser ses créatures.... hybrides, dirons-nous, il
n'en fait qu'une projection toute similaire à notre espèce, ne
revalorisant alors à aucun moment ce bétail que l'homme traque
habituellement. Même le meilleur ami de l'homme s'est rangé du côté
de ces êtres humanoïdes à tête de cerf, de porc et donc, de
chien !
Bon,
le principe, faut-il le savoir, repose sur la thérianthropie qui
consiste en la transformation d'un être humain en animal. Et dans le
cas présent, le terme est représenté par des individus qui ont
conservé leur silhouette humaine et portent à la place de leur
visage, la tête de tel ou tel animal. Les
animaux anonymes
n'en est cependant pas dénué de tout soubresaut d'originalité
puisque l'on pourra notamment apprécier la séquence lors de
laquelle des hybrides humanoïdo-canins organisent un combat
d'humains dans une grange. Autre chose à savoir, vous n'entendrez
aucune ligne de dialogue autre que quelques onomatopées à base de
grognements et de rugissements. Le réalisateur refuse même au
bétail humain la possibilité de s'exprimer. On a alors compris dans
quel camp se range Baptiste Rouveure : dans celui des mangeurs
d'herbes. Si son entreprise est louable, Les
animaux anonymes
est d'un point de vue strictement cinématographique, un rendez-vous
raté avec les cinéphiles. Au mieux, une expérience dont
l'originalité se délite au bout de quelques minutes seulement. Au
pire, un disque rayé qui n'empêchera malheureusement pas quelques
bâillements...
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