School's Out
Forever
est typiquement le genre de films assez rares que l'on a la chance de
pouvoir dénicher chaque année. Le genre de long-métrage qui ne
paie pas de mine, dont le synopsis évoque peu ou prou des dizaines
d'autres projets cinématographiques passés, présents et futurs,
mais qui dans le fond et dans la forme se détache très nettement du
lot. Pour son premier long-métrage, le réalisateur Oliver Milburn
(à ne pas confondre avec l'acteur du même nom) signe une œuvre
puissante, très forte visuellement et émotionnellement. Dans un
contexte de dystopie qu'il partage avec des dizaines d'autres
longs-métrages, School's Out Forever situe
son action au lendemain d'une catastrophe qui a décimé toutes
celles et ceux dont le groupe sanguin n'est pas de type O négatif.
Mais que l'on se rassure : l’œuvre du britannique est tout
sauf une resucée façon films d'infectés. Ici, pas de malades
courant comme des dératés à la recherche d'une gorge, d'une jambe
ou d'un bras à mordre. Non, le contexte de School's
Out Forever est
beaucoup plus réaliste. Une vision poussée à l'extrême du
Covid-19
qui pourrit actuellement le quotidien de la Terre entière. Mais ici,
pas de leçon à retenir sur le comportement à avoir en cas de
pandémie. Le long-métrage se rapproche en fait d'une série comme
The Walking Dead
mais sans zombies. Ici, il s'agit de survie, et presque uniquement de
cela. Si résumer le film ainsi peut paraître réducteur, tout le
génie d'Oliver Milburn repose sur sa manière d'aborder le
comportement de ses adolescents pratiquement abandonnés à leur
sort. Des gamins qui n'ont pas encore atteint l'âge adulte et pour
certains, tout juste celui d'adolescent. Des orphelins qui vont sans
doute vivre les pires heures de leur existence dans les vingt-quatre
heures à venir, comme si la pandémie ne suffisait pas...
Tout
commence assez calmement malgré l'horreur de la situation. Si les
victimes de la maladie sont rarement exposées à l'écran, c'est
parce que le sujet principal est ailleurs. Dans la rivalité qui va
d'abord opposer une femme venue récupérer sa fille qu'elle
soupçonne être retenue par les pensionnaire de la prestigieuse
école Saint Mark, mais aussi dans celle qui va opposer les uns et
les autres concernant l'attitude à observer lors de ce qu'ils vont
considérer comme une intrusion. Reposant sur une trame relativement
simple, School's Out Forever déploie
tout un stratagème afin de rendre les événements terriblement
anxiogènes. Le moindre mot ou le moindre geste génère alors
suspicion et méfiance. Ça n'est alors plus deux camps qui
s'affrontent, mais trois. Une vieille femme aux abois, entourée de
ce qui s'apparente comme étant une véritable milice. Le jeune Sean
MacKillick, surnommé ''Mac'', lequel prône une attitude radicale
face à la situation. Et puis Lee Keegan, son meilleur ami. Posé et
réfléchi qui va devoir choisir entre amitié et raison. Si le sujet
de la pandémie semble à l'origine assez peu propice à l'humour,
School's Out Forever
ne prépare cependant pas le spectateur à l'apocalypse à venir. Que
l'habit ne fasse pas le moine est ici plus qu'une certitude. Les
adolescents ont beau avoir reçu une certaine éducation et être
apprêtés comme le veut la tradition britannique, certains d'entre
eux vont révéler leur véritable personnalité au moment venu. Dans
les deux rôles masculins principaux, nous retrouvons les deux jeunes
acteurs Liam Lau Fernandez et Oscar Kennedy.
L'un
est un ange, l'autre un démon. Au spectateur de deviner lequel
mérite notre sympathie et lequel notre rejet. Presque exclusivement
situées dans l'école en question, certaines séquences tournées en
dehors rapprochent School's Out Forever d’œuvres
post-apocalyptiques. Ville abandonnée, cadavres étendus sur le
pavé, silence de mort. Des scènes courtes mais largement
suffisantes et auxquelles le réalisateur n'apporte aucun artifice
particulier... L'intérêt du film se concentre en fait surtout
autour du binôme principal, et de quelques individus qui satellisent
autour d'eux. Parmi eux l'on retrouve forcément Georgina
qu'interprète l'actrice Samantha Bond. Cette femme prête à
employer tous les moyens pour récupérer sa fille. Le film bénéficie
d'un rythme enlevé et de séquences parfois très violentes, voire
nihilistes. Bien que School's Out Forever
ait d'abord l'air d'un teen
movie,
au fll du temps, l'intrigue devient de plus en plus sombre et
délétère. La petite pointe d'humour que l'on constate d'abord dans
sa première partie disparaîtra au profit d'une approche beaucoup
plus sérieuse qui ensuite contaminera le sujet jusqu'à son terme.
Glaçant et percutant, School's Out Forever est
l'une des très bonnes surprises de ce début d'année 2021...
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