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mercredi 7 avril 2021

Tvar d'Olga Gorodetskaya (2019) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


Soyons honnêtes, avec ce premier long-métrage, la réalisatrice russe Olga Gorodetskaya ne risque pas de remporter le titre de ''Tarkovski de l'épouvante et de l'horreur''. Il s'agit moins là de la remarque d'un misogyne que d'une évidence... et pourtant, même si Tvar (qui en langue russe signifie créature) ne révolutionne pas un genre qui chez les despotiques américains encombre le cinéma fantastique, il ne mérite sans doute pas tout à fait les notes ou les remarques désastreuses que lui concèdent beaucoup de ceux qui l'ont vu depuis son passage au Brussels International Fantastic Film Festival (ou BIFFF pour les intimes). Non, car si Tvar n'est pas remarquablement original (une sentence que vient appuyer le pauvre titre international Evil Boy) dans le fond, c'est dans sa forme qu'il faudra chercher cette petite spécificité qui le démarquera quelque peu de ses concurrents. Il y a déjà le lieu où se situe l'intrigue. Exit les États-Unis, bonjour la Russie. Mais là, la chose demeure encore anecdotique car à part quelques éléments de décors, peut-t-on encore y voir suffisamment d'exotisme pour adouber l’œuvre d'Olga Gorodetskaya ? Non, pas pour le moment. Ensuite, il y a la langue. Ce qui déjà est un curseur beaucoup plus précis du climat qui va y régner même si l'Union Soviétique fait partie du passé.... n'est-ce pas ?


Principalement interprété par Elena Lyadova et Vladimir Vdovichenkov dans les rôles respectifs de Polina et Igor Belova, Tvar mêle avec une certaine habileté, drame, fantastique et épouvante. Du moins, le première est une certitude. Le second est lui, déjà plus évasif. Ambigu dirons-nous. Quant à la troisième, erf, j'ai eu beau chercher et MÊME courageusement me farcir deux projections du long-métrage coup sur coup, j'en suis encore à me demander si le caractère angoissant ne s'est pas fait la malle au premier ''tour de manivelle'' ! Polina et Igor viennent de vivre un drame terrible avec la perte de leur seul enfant. Un fils. Qu'à cela ne tienne puisqu'alors qu'ils n'ont pas pris le temps de s'en remettre ou du moins de laisser quelques semaines, mois ou années passer, ils vont adopter de façon pas tout à fait légale un gamin qui va très vite se révéler étrange. Sorte de maniaco-dépressif (ou bipolaire pour les frileux) dont les crises sont suffisamment puissantes pour que le premier reflex des parents soit d'aller illico le renvoyer dans ses pénates. Mais Polina et Igor étant des parents très courageux, ou terriblement inconscients, ceux-ci vont faire l'effort de supporter l'attitude vraiment dérangeante du gamin. Soyez heureux que votre enfant vous réveille la nuit parce qu'il se fait les dents ou parce qu'il vient de faire un très mauvais rêve car celui de Tvar possède tous les symptômes qui mériteraient de l'envoyer consulter non pas un psychiatre mais carrément le père Lankester Merrin du chef-d’œuvre de William Friedkin, L'exorciste. Mais stoppons là la comparaison puisque à aucun moment le film d'Olga Gorodetskaya ne parvient à effleurer le génie de l'américain...


Et pourtant, si l'on regarde bien, le film possède quelques petites qualités qui, bien évidemment, laisseront totalement indifférents ceux qui s'attendraient à une boucherie ultra gore ou des myriades d'effets-spéciaux numériques. Ici, pas une goutte de sang, à part une giclée consécutive à un acte de violence filmé hors-champ. On s'amusera (ou pas), des conséquences de l'acte, d'ailleurs. Ouais, parce que c'est cool : en Russie, ton gamin peut en massacrer un autre et rentrer tranquillement chez lui sans qu'il ne soit inquiété ! Faute de sursauter au moindre petit jump scare, lesquels se comptant pourtant par dizaines, les cinéphiles de bon goût et de peintures s’émerveilleront devant quelques tableaux vivants véritablement esthétiques. De bien belles images fort malheureusement assez rares. Ce qui ne l'est pas, en revanche demeure dans l'absence systématique de sentiment d'effroi. À aucun moment l'on ne ressent de danger pour ce couple pourtant plutôt bien interprété. Sans vouloir donner de leçon de cinéma, et surtout sans en avoir la prétention, il me semble qu'en jouant sur l’ambiguïté du gamin, et donc en ôtant certains artifices allant dans le sens de l'entité diabolique, le film aurait sans doute gagné en épaisseur et donc, en intérêt. En laissant planer le doute sur ce personnage que l'on n'aimerait très honnêtement pas avoir entre les pattes, Tvar aurait permis au spectateur de douter jusqu'à la conclusion plutôt que d'en faire rapidement une représentation du Mal. Si le long-métrage d'Olga Gorodetskaya n'est pas catastrophique en soit, il souffre de plus d'une redondance dans les séquences qui finit de ruiner son intérêt. Dommage...

 

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