Il était une fois dans
la tête d'un type pas tout à fait sain d'esprit. Un gars pas très
bavard. Puis surgit une araignée. Ensuite, des visions. À priori,
il pourrait s'agir de Spider,
l'un des innombrables chefs-d’œuvre du réalisateur canadien David
Cronenberg, d'une suite ou d'un remake. C'est vrai que l'on a parfois
l'impression que Clayton Witmer dont il s'agit là du premier
long-métrage en tant que réalisateur et scénariste s'est inspiré
du cas de cet homme qui après avoir passé plusieurs années dans un
hôpital psychiatrique retourne dans le quartier où il a grandit et
où il a surtout vécu un drame personnel terrible. Mais comme si de
Spider,
il n'en avait conservé qu'une part infime pour donner sa vision
personnelle d'un psychisme perturbé avec The
Arbors
(qui chez nous signifie les tonnelles). L’œuvre de Clayton Witmer
s'avère cependant relativement singulière. Démonstration en partie
clinique mais aussi parcourue de visions fantasmagoriques qui laisse
finalement très peu de temps au spectateur habitué à ce genre de
propositions de se faire une opinion sur le long terme. Les autres
quant à eux, mettront sans doute plus de temps à comprendre le fin
mot de l'histoire. C'est sans doute en cela que The
Arbors
pourra en décevoir certains. Car bien qu'étant envoûtant sous
divers aspects, comme peuvent l'être la partition musicale de
Benjamin Hoff (dont la carrière s'affole dès le milieu des années
2010), le rythme ou l'interprétation de l'acteur principal Drew
Matthews, il s'avère relativement aisé de décoder l'intrigue et
surtout la mise scène de Clayton Witmer, tout comme l'objectif du
récit...
Le
long-métrage met en scène Ethan Daunes, un serrurier qui toute sa
vie a vécu dans la même petite ville américaine. Un soir, sur la
route et à bord de son véhicule, il tombe sur un cerf mort et
étendu au milieu du chemin. Mais alors qu'il déporte l'animal sur
le bas-côté, il remarque qu'une étrange créature vit à
l'intérieur. Le jeune homme place le cerf à l'arrière de la
voiture et une fois arrivé chez lui, extrait la bête qui ressemble
à une énorme araignée. Après l'avoir enfermée dans une cage,
puis plus tard dans une boite en bois, la créature parvient à
s'échapper et disparaît dans la nature. Alors que son frère lui
demande un jour de bien vouloir s'occuper de sa nièce, il croise un
voisin un peu trop curieux et lui demande de rentrer chez lui. Le
lendemain matin, ce dernier est étendu, mort, dans le jardin
d'Ethan. Avant que son frère ne vienne récupérer sa fille, Ethan
cache le cadavre du jeune homme dans un fourré et constate ensuite
que le père de la jeune victime a fait part de la disparition de son
fils. Ethan est très vite soupçonné par un inspecteur qui
surveille alors ses faits et gestes. Poursuivi la nuit suivante par
le flic en question, ce dernier est tué par une immense créature
qui n'est autre que l'araignée qui s'est échappée de sa cage
plusieurs jours auparavant et qui depuis a pris de gigantesques
proportions...
L'araignée
revêt ici un symbole que l'on retrouve en psychanalyse. Cette peur
irraisonnée liée, en outre, à l'image de la mère, l'apparition et
la disparition subite de la créature en question étant directement
reliée à celle de la génitrice. Dès que le lien est avéré de
quelque manière que ce soit, l'aspect fantastique des événements
qui se produisent dans l'entourage du héros s'efface pour laisser
place à une logique œdipienne. Ou de déni. La ville où se situe
l'action, et même Shane (l'acteur Ryan Davenport), le frère d'Ethan
symbolisent le cocon dans lequel vit le héros. Un lieu rassurant
pour un individu qui semble nous être décrit comme autiste. Le
cocon en question, c'est la rassurante cavité amniotique de la mère.
Pourtant ici décrit comme un lieu anxiogène (toujours cette bande
musicale et l'attitude perpétuellement angoissée d'Ethan) au centre
duquel une série de meurtres directement liés au héros vont peu à
peu éclairer les spectateurs sur la réalité de la créature et
surtout sur sa signification. Mais pas seulement, car ce que semble
vouloir surtout décrire The Arbors
sont les conséquences que peut avoir l'abandon sur le psychisme d'un
individu éminemment fragile. Clayton Witmer aborde moins son œuvre
comme un authentique film d'horreur que comme un drame psychologique
éprouvant. Mais d'éprouvant, le film n'a que le rythme qu'il
imprime durant cent-vingt minutes, ce qui risque de laisser sur le
bas-côté de la route, les spectateurs les moins patients. Éprouvant
également, les interactions entre les divers personnages et
certaines sous-intrigues qui n'ont de place que pour rallonger
artificiellement le récit. Cependant, l'ambiance générale et le
contexte inhabituel font de The
Arbors
une œuvre réellement intrigante pour quiconque n'est pas au fait de
ce genre d'exercice scénaristique et cinématographique. Perso,
j'adhère au concept même si le mystère entourant Ethan et
''l'araignée'' n'aura duré qu'un peu plus de vingt minutes...
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