Avant d'être un
long-métrage, All That We Destroy est
un épisode de série. Le huitième de la première saison de Into
the Dark.
Et lorsqu'on ne le sait pas, on se retrouve bien bête. Car l'un des
principes d'une série n'est-il pas que chaque épisode se doit
d'être vu dans l'ordre, du premier au dernier ? Sauf que dans
le cas présent, ça n'a pas vraiment d'importance puisqu'en dehors
du fait que tous font partie d'une anthologie d'horreur, chaque
segment est indépendant des autres et peu donc être visionné dans
l'ordre qui nous convient le mieux. Par chance, celui-ci est plutôt
réussi. On peut même supposer que vu ses qualités, il y a de
fortes chances pour qu'il fasse partie des meilleurs épisodes de
cette première saison même si l'on ne connaît pas encore la teneur
des onze autres. Mais si au contraire All That We
Destroy s'avérait
faire partie du bas du classement, je vous laisse imaginer ce que
peur donner le reste de cette anthologie. Pour ce huitième épisode
qui s'avère donc être le premier que je m'apprête à chroniquer,
le récit tourne autour de Spencer Harris, un beau jeune homme qui
vit reclus auprès de sa mère dans une très belle propriété
située au beau milieu de nulle part. Si le docteur Victoria Harris a
de bonnes raisons de contraindre son fils à vivre loin de tout,
c'est parce que depuis son plus jeune âge, Spencer est tiraillé par
des pulsions incontrôlables qui le poussent à tuer...
Généticienne
de profession, Victoria vient de mettre au point une technique de
clonage qui lui permet de reproduire à volonté une copie d'Ashley,
l'une des dernières victimes de son fils. Son projet : parvenir
à maîtriser les pulsions de son fils et les faire définitivement
disparaître. Mais la chose est compliquée. En effet, chaque fois
que lui est présenté un clone de la jeune femme, Spencer le tue. Un
rituel qui le pousse d'abord à l'étrangler puis à lui frapper le
crâne contre le sol. Jusqu'au jour où la nouvelle voisine Marissa
Cornell débarque dans la vie du jeune homme. Peut-être l'espoir
pour Spencer d'abandonner enfin définitivement ses pulsions... Avec
un sujet pareil, j'avoue avoir tout d'abord été frileux. Mais très
rapidement, la mise en scène et surtout le jeu de ses interprètes
m'ont conforté dans l'idée que l'expérience allait s'avérer
beaucoup plus subtile que le jeu de massacre auquel je m'attendais
tout d'abord. Regard intense pour un Israel Broussard véritablement
habité. Sociopathe un peu gauche (presque gêné) dans son attitude
mais froid lorsque l'envie de serrer la gorge de celle qui se
présente en face de lui devient irrépressible. Le genre de
beau gosse dont on réfléchira par deux fois avant d'accepter de lui
confier pour une soirée, le bras de sa fille. Face à lui, l'actrice
Samantha Mathis, qui dans le rôle de la généticienne est tiraillée
entre son amour pour son fils et son impuissance face à sa
psychopathie. Le film pose la question de la moralité. Doit-on tout
sacrifier pour une cause perdue ? La mère n'est-elle pas aussi
coupable que son fils ? Car s'affrontent alors deux contrecoups
à la méthode employée. En voulant guérir Spencer de ses
obsessions, Victoria ne fait que les alimenter en recréant sans
cesse celle qu'il tua après l'avoir accueillie chez eux...
Plus
qu'un long-métrage d'horreur, All That We
Destroy
mixe les genres. Et si le sang coule parfois, on est bien loin de
certains projets versant outrageusement dans l'hémoglobine. Le
réalisateur Chelsea Stardust et les scénaristes Sean Keller et Jim
Agnew intègrent le concept de clonage et font du long-métrage un
hybride entre fantastique dystopique et thriller angoissant. Les
récits s’entremêlent. Entre l'immoral dessein d'une mère vouant
ses recherches pour guérir son fils, l'attitude névrosée de
celui-ci, une ''copie'' de Ashley retrouvant sporadiquement la
mémoire et une Marissa porteuse d'espoir, All
That We Destroy
repose sur une multitude de flash-back et de retours dans le présent.
Une expérience relativement délicate à mettre en place mais qui
s'avère au fond plutôt réussie. Si l'on excepte bien entendu les
quelques séquences qui réunissent la généticienne et son époux
lointain, Parker, qu'interprète l'acteur Frank Whaley. Des scènes
dont le seul atout serait d’imaginer un nouveau modèle de
communication mais qui sur le moyen et sur le long terme s'avèrent
lassantes. D'une manière générale, les effets-spéciaux sont
sobres. Ce qui ne nuit jamais à l'action. Pas vraiment nerveux mais
parcouru par quelques assauts de la part du jeune sociopathe, l’œuvre
de Chelsea Stardust confronte des contraires. Entre la froideur et
les angles droits de la propriété des Harris plantée dans un
décors perpétuellement chauffé par le soleil. Ou l'amour d'une
mère se confrontant à la mort frappant par le biais de son fils. À
dire vrai, il semble que sous ses allures d'honnête petite
production horrifique, All That We Destroy
ait encore beaucoup de choses à nous dire. Mais bien que le film
n'ait pas le profil de ces œuvres qui exigent plusieurs visionnages
pour en décoder tous les rouages, une deuxième vision n'aura sans
doute rien de futile. En tout cas, une bonne surprise qui donne envie
de remonter le fil des épisodes de la première saison de Into
the Dark
pour confirmer que All That We Destroy
ne fut pas qu' un coup de chance...
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