Antonio Margheriti, que
les amateurs connaissent également sous le nom d'Anthony M. Dawson
(pseudonyme sous lequel il réalisa notamment Apocalypse domani
en 1980 ou Il mondo di Yor trois
ans plus tard) fut l'auteur en 1978 de L'invasion
des piranhas,
traduction française d'un long-métrage en réalité intitulé
Killer Fish
dont on ne doutera pas un seul instant de l'opportunité d'un
réalisateur qui surfe alors sur le succès du Piranhas
de Joe Dante sorti quatre mois plus tôt seulement, lui-même très
inspiré de l'un des grands classiques du cinéma d'épouvante signé
de Steven Spielberg Les dents de la mer
qui vit quant à lui le jours sur grand écran en 1975. Mais alors
que certains le désignent comme la suite du long-métrage de Joe
Dante (en Allemagne, le film est abusivement intitulé Piranhas
II, die Rache der Killerfish)
L'invasion des piranhas
n'entretient aucun rapport direct avec celui-ci. D'ailleurs, une
fausse suite officielle sera mise en chantier quelques années plus
tard sous le titre Piranha Part Two: The Spawning
(Piranha 2 : Les Tueurs volants),
premier long-métrage du réalisateur américain James Cameron qui
signait là, une purge authentique. Sous pseudo, le réalisateur
italien Antonio Margheriti met les petits plats dans les grands
puisqu'il convoque non pas une mais plusieurs vedettes du cinéma
outre-atlantique. Au titre desquelles on retrouve en tête d'affiche
l'acteur Lee Majors, surtout célèbre pour avoir interprété les
rôles principaux des séries télévisées L'Homme
qui valait trois milliards
et L'Homme qui tombe à pic.
À ses côtés, l'actrice américaine Karen Black à la carrière
notable, parcourue de quelques chefs-d’œuvre, entre films
d'épouvante, catastrophes, thrillers, science-fiction et comédies...
Quant
à Margaux Hemingway, elle n'a débuté sa carrière que deux ans
auparavant avec Viol et Chatîment
de Lamont Johnson avant de rejoindre le casting de
L'invasion des piranhas.
Plus étonnante est la présence de l'américaine Marisa Berenson qui
avant cela joua pour Luchino Visconti ou Stanley Kubrick. Acteur dont
le visage est resté célèbre notamment après qu'il ait interprété
le rôle principal de Brent dans Le Secret de la
planète des singes,
James Franciscus campe ici le personnage de Paul Diller,
l'organisateur d'un hold-up auquel participent Lasky (Lee Majors),
Kate (Karen Blackà, et les frères Llyod (Charles Guardino) et
Warren (Franck Pesce). Une sous-intrigue qui bouffe déjà le tiers
d'un long-métrage qui ne consacre pour l'instant pas une seule
seconde de ses trente premières minutes aux poissons carnassiers du
titre. L'un des aspects les plus inattendus du long-métrage se situe
au niveau de la bande originale signée Guido et Maurizio De Angelis
qui signent une partition parfois disco qui colle relativement mal à
certaines séquences (dont une poursuite en pleine jungle). Le
scénario de Michael Rogers reste constant dans sa médiocrité.
Séquences ''humoristiques'' tournées autour d'une piscine, conflits
entre les divers membres du groupe de cambrioleurs, jalousies
féminines, personnages secondaires inutiles, le film tente parfois
de composer avec le charme relatif de certains interprètes (Lee
Majors/Margaux Hemingway), se veut d'un exotisme suranné et
artificiel, le tout étant ponctué d'attaques ''ichtyennes'' d'un
niveau bien inférieur à celles qu'offrait l’œuvre de Joe Dante.
À
titre de comparaison, ceux qui en matière de scènes d'horreur
espèrent du caviar d'esturgeon devront compter plutôt sur des œufs
de poule ''Top
Budget''
de chez Intermarché ! Par contre, et c'est sans doute là que
L'invasion des piranhas prend
de la hauteur, ce qui semble être davantage un film d'aventures
exotiques qu'un film d'horreur ou d'épouvante offre une séquence
d'une durée avoisinant les dix minutes lors de laquelle le
long-métrage d'Antonio Margheriti se mue en un film catastrophe
plutôt réussi. Si l'ouragan qui passe derrière un barrage est
totalement foiré d'un point de vue visuel, ses conséquences sur
l'environnement donnent par contre lieu à quelques passages
remarquables. Barrage qui cède sous la pression des eaux, raz de
marée, explosions au cœur d'une usine, cette poignée de minutes
mérite à elle seule que l'on consacre du temps à
L'invasion des piranha.
Et ce, malgré ses dialogues indigents qui trouvent leur summum lors
des séquences de shoots entre des mannequins et le photographe Ollie
qu'interprète l'acteur américain Roy Brocksmith. Une fois le ciel
redevenu plus clément, les piranhas du titre se mettent enfin en
action. Mais alors que l'on aurait pu espérer quelques gros plans de
mâchoires s'en prenant à la chair de leurs victimes, Antonio
Margheriti choisit une option beaucoup plus économique puisque les
victimes une fois jetées à l'eau, seule des flaques rouges faisant
immédiatement référence à de la sauce tomate qui aurait été
déversée figurent les morsures infligées. À part un squelette
découvert sous la surface au beau milieu de l'intrigue, ne comptez
pas voir le moindre poisson dévorer la moindre chair. Autant
L'invasion des piranha
réserve-t-il une excellente surprise lors du dernier tiers, autant
les amateurs de purs films d'horreur risquent de rester sur leur
faim...
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