En terme général,
l'humour outre-atlantique reposant sur le comique de situation et de
gestuelle plutôt que sur la finesse de ses dialogues, il est parfois
difficile de passer d'une comédie française brillamment écrite
comme il en existe tant, à une comédie américaine misant tout ou
presque sur la gestuelle de ses interprètes. Si l'on décide de
faire un voyage dans cet univers qu'est la comédie, mieux vaut
parfois d'abord passer par certaines frontières communes avec notre
pays. Faire un tour en Espagne et y découvrir l’œuvre déjantée
d'un Alex de la Iglesia ou traverser la Manche pour y retrouver
l'univers poilant des Monthy Python. Puis une fois le billet en main,
traverser l'Atlantique, débarquer, et pourquoi pas débuter par un
Mel Brooks. Ou un ZAZ (Zucker, Abraham, Zucker). Ou encore un Gene
Wilder. L'acteur ET le réalisateur de cet Haunted Honeymoon
parodico-horrifique, témoignage de la passion de son auteur pour les
vieux films d'épouvante. C'est pourtant bien sur le chemin de la
parodie que s'engage cet acteur américain qui s'est fait une
spécialité dans la comédie. Lui qui débuta sur le petit écran
avant d'apparaître dans le Bonnie and Clyde
de Arthur Penn en 1967 et surtout dans The
Producers
de Mel Brooks la même année... Surtout connu comme interprète chez
les autres, Gene Wilder s'est lui aussi intéressé au métier de
réalisateur puisqu'il a mis en scène quatre longs-métrages (dont
le remake de Un Éléphant ça trompe énormément
d'Yves Robert sous le titre The Woman in Red)
et a même participé à la réalisation du film à sketchs Les
Séducteur
auprès des cinéastes français Édouard Molinaro, britannique Bryan
Forbes et italien Dino Risi en 1980.
Haunted Honeymoon
sera
son dernier longs-métrage en tant que réalisateur. Il y incarne
surtout le premier rôle... Celui de Larry Abbot,
acteur de radio, qui s'apprête à épouser sa fiancée Vicky. Alors
qu'il est victime de phobie, Larry et la jeune femme se rendent dans
un vieux manoir familial, propriété de sa tante Kate où il vécu
voilà de nombreuses années. Là-bas, Vicky y fait en outre la
connaissance des membres de la famille Abbot à laquelle fait partie
son futur époux. Alors que chacun espère toucher sa part de
l'héritage lorsque décédera la tante Kate, celle-ci annonce que
Larry en sera finalement le seul bénéficiaire... Haunted
Honeymoon
mélange parodie de film et d'épouvante et film policier à
caractère mystérieux à la manière d'Agatha Christie. Loup-garou,
être difforme marchant sur les murs, domestique dur d'oreille et
''igoresque'', cluedo, meurtres en série, manoir hanté, orages, le
long-métrage de Gene Wilder est un salmigondis d'idées plus ou
moins bienvenues. La première partie située dans une station de
radio est relativement plaisante et nous en apprend sur les méthodes
employées pour donner vie à une fiction radiophonique. La suite se
déroule presque exclusivement entre les murs de l'impressionnant
manoir des Abbot.
Tourné
en partie à Stevenage situé dans le comté du Hertfordshire et dans
les studios d'Elstree qui eux se trouvent dans la partie nord de
Londres, à trop vouloir mélanger les styles, Haunted
Honeymoon
s'avère n'être qu'un mélange de situations sans réelle cohésion.
À défaut d'être tout à fait rigoureux dans le déroulement du
récit, le long-métrage ménage cependant quelques séquences
sympathiques qui mèneront sans doute certains spectateurs à rire
devant les facéties des différents interprètes. Parmi eux, nous
retrouvons l'actrice Gilda Radner dans le rôle de Vickie Pearle.
Décédée à l'âge de quarante-deux ans d'un cancer des ovaires,
elle sera marié à Gene Wilder, son second époux dans la vie. Dans
celui du majordome Pfister, l'impressionnant Bryan Pringle, le rôle
de la tante Kate ayant été confié à l'acteur Dom DeLuise. Sont
également présents Paul L. Smith (Crimewave
de Sam Raimi), Jonathan Pryce (Brazil
de Terry Gilliam) ou Roger Ashton-Griffiths (Le
Secret de la pyramide)
de Barry Levinson. Si on le compare à la plupart des parodies
passées et celles qui restaient à venir, Haunted
Honeymoon se
situe dans une bonne moyenne. Le film bénéficie de très
impressionnants décors, œuvre de Terence Marsh, et d'une ambiance
retranscrivant parfois parfaitement celle des vieux films
d'épouvante. Budgété à hauteur de neuf millions de dollars, le
film n'en reportera cependant que huit...
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