Créez un tableau excell
constitué de plusieurs colonnes que vous intitulerez, au hasard,
''bon'' ''très bon'', ''passable'' ou médiocre''. À gauche de ces
deux colonnes, inscrivez à la verticale toute une série de termes
relatifs à la description de l’œuvre cinématographique à
laquelle vous venez d'assister. Tels ''scénario'', ''mise en
scène'', interprétation'', ''décors'', ''musique'', etc...
ensuite, à vous de jouer. Cochez les cases correspondant à votre
ressenti. Et si comme moi vous venez d'assister à la projection de
Vortice Mortale du
réalisateur italien Ruggero Deodato, auteur du cultissime et
nauséeux Cannibal Holocaust
en 1980, il y a de fortes chances pour que soit noircie dans le
meilleur des cas la colonne ''passable'' et dans le pire, la colonne
''médiocre''. Ce giallo relativement tardif (le film est sorti en
1993) nous ment en partie sur la marchandise dès son affiche qui
arbore un brin de nudité mais aussi et surtout une machine à laver
à l'intérieur de laquelle se trouve le cadavre découpé en morceau
d'un individu, amant de l'une des trois sœurs héroïnes d'un récit
dont la confusion ne doit qu'à à un scénario et une mise en scène
carrément brouillons. La Italian
Touch
dans l'une de ses plus improbables exhibitions. Une transfiguration
du genre Giallo
qui n'a malheureusement droit à aucun traitement de faveur de la
part d'un Ruggero Deodato qui concourt là dans la même catégorie
que son compatriote Lamberto Bava... Vortice
Mortale ou
comment s'y prendre pour donner tout sauf ses lettres de noblesse à
un courant qui de toute manière à déjà tout exploré...
Tout
juste papy ressentira-t-il sans doute une montée de sève lorsque
l'une des trois actrices s'effeuillera devant la caméra du
réalisateur italien. Mais alors, il sera bien le seul. Car si Ilaria
Borrelli, Katarzyna Figura et Barbara Ricci ont certes des atouts
qu'elles savent mettre en valeur lorsque le scénario leur indique
qu'il est temps de se foutre à poil, l'érotisme diffusé ici au
compte-gouttes est à peine digne des pénibles téléfilms érotiques
que diffusait fut un temps la sixième chaîne nationale française.
À propos du mensonge que j'évoquais plus haut, il s'agit bien
entendu de l'exceptionnelle vision horrifique affichée et qui ne
sera en réalité représenté à l'écran qu'à deux très courtes
occasions. Lorsque l'une des sœurs découvre le cadavre de l'amant
de sa frangine Vida découpé en morceau dans une machine à laver,
puis plus tard, lorsque un pauvre type est passé entre les mains de
cette dernière...
Face
à ces trois ''mangeuses d'hommes'' perfides et obsessionnelles,
Ruggero Deodato oppose l'inspecteur Alexander Stacev, lequel se lance
alors dans une enquête hors du commun, à la poursuite d'un cadavre
qui a disparu et confronté à trois sœurs pas vraiment saines
d'esprit mais au corps suffisamment avantageux pour qu'il se laisse
glisser entre les bras (les jambes ?) de l'une ou de l'autre.
L'acteur français Philippe Caroit profite de l'occasion qui lui est
mise entre les mains de tourner dans cette production
italo-franco-hongroise pour ''goûter'' ou ''tâter'' de la chair
transalpine. On a vu pire comme traitement et l'on imagine que
l'acteur n'a pas dû rencontrer beaucoup de difficultés pour faire
ce que lui demandait le réalisateur. Pour le spectateur, c'est
autrement plus compliqué. La plus grande déception que l'on puisse
ressentir devant ce Vortice Mortale,
c'est d'y constater une totale absence en matière de malaise.
Celui-là même que l'on pouvait par exemple ressentir trois ans plus
tôt avec le dérangeant Singapore Sling
du réalisateur grec Nikos Nikolaïdis, en 1990. ou même plus
simplement, celui de Cannibal Holocaust
que Vortice Mortale
ne parvient jamais à rejoindre, qu'il s'agisse des séquences
érotiques ou du jeu trouble que mènent les trois sœurs. C'est
même, n'ayons pas peur de le dire, très mauvais...
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