Tourné à Nice et dans
sa région ainsi que dans les studios de la Victorine,
Toi, le Venin
est le troisième long-métrage du réalisateur, scénariste,
comédien de théâtre et acteur de cinéma Robert Hossein. Si pour
beaucoup il demeurera à jamais le Joffrey de Peyrac de la saga de
Bernard Borderie, Angélique, Marquise des Anges,
il ne faut pas oublier qu'il fut metteur en scène de théâtre et
l'interprète de nombreux longs-métrages parmi lesquels on notera
notamment sa présence aux côté de la star Jean-Paul Belmondo dans
Le Professionnel
de Georges Lautner bien après avoir incarné le sinistre Vampire
de Düsseldorf,
effrayant surnom qu'offrit au tueur en série des années trente
Peter Kürten, la presse allemande. Toi, le
Venin est
l'adaptation (la cinquième) d'un roman de l'écrivain français
Frédéric Dard, surtout connu pour sa série d'ouvrages mettant en
scène le commissaire de police San-Antonio. Pour cette seconde
collaboration entre l'écrivain et le réalisateur après
Les salauds vont en Enfer
en 1955, Robert Hossein engage sur le tournage deux actrices
d'origine russe dont le public retiendra surtout le nom de l'une
d'entre elles : Marina Vlady. La seconde, Odile Versois, n'est
autre que la propre sœur de la première, ce qui explique la
troublante ressemblance entre les deux femmes qui pour le coup,
interprètent les sœurs Eva et Hélène Lecain, la seconde étant
l'aînée tandis que la première est bloquée dans un fauteuil
roulant. La troublante beauté des deux sœurs va de paire avec
l'étrange climat qui règne dans leur luxueuse demeure et où
apparaîtra bientôt Pierre Menda qu'interprète Robert Hossein...
Un
homme qui après avoir été abordé par une jeune femme blonde dont
il n'a su pas même entrevoir le visage est décidé à la retrouver.
Ayant retenu la plaque d'immatriculation de l'inconnue, il fait
croire à la police à un banal accrochage entre voitures afin
d'obtenir facilement son adresse. C'est avec surprise que Pierre
découvre que les propriétaires de la demeure en question sont deux.
Deux sœurs presque jumelles si ce n'était que l'une d'entre elle
est clouée sur son fauteuil roulant. Aidées par deux employés de
maison, Eva et Hélène tombent sous le charme de Pierre qui lui,
montre très rapidement une attirance pour la seconde. Pourtant, de
curieux faits apparemment sans importances se manifestent dans la
demeure. Ne sachant tout d'abord pas à laquelle des deux sœurs se
fier, il croit voir en la personne d'Hélène, la jeune femme qui un
soir l'a accosté avant de soupçonner Eva de pouvoir marcher. Petit
à petit, le doute s'installe dans l'esprit de Pierre qui décide de
mener sa propre enquête concernant le handicap de la jeune femme...
Si
Toi, le Venin est
emprunt d'une ambiance trouble, la beauté de ses deux interprètes
féminines agit sans doute un tout petit peu moins que celle du
couple formé par Marie-France Pisier et Robert Hossein pour Le
Vampire de Düsseldorf.
Le réalisateur ponctue son œuvre d'une ambiguïté par petites
touches qui mène le spectateur à douter de l'une puis de l'autre
des sœurs jusqu'à même lui brouiller l'esprit. ''C'est
certain, Eva doit marcher''
penseront certains tandis que d'autres imagineront sans doute que
''Hélène
empoisonne lentement mais scrupuleusement sa jeune sœur''.
Puis viendra le moment où, pauvre poire qui s'est laissé manipuler
par le jeu tout en finesse de son trio d'interprètes, le spectateur
imaginera un ''fin mot de l'histoire'' encore plus tordu. Seule la
conclusion nous le dira. Comme une Agatha Christie sous l'emprise
d'une force plus sombre qu'à l'accoutumée, Robert Hossein accouche
d'une œuvre subtilement nauséeuse qui rappellera PEUT-ËTRE sous
certains aspects, le beaucoup plus efficace et dérangeant Singapore
Sling
que le cinéaste grec Nikos Nikolaïdis réalisera trente-deux ans
plus tard. Sauf que dans le cas présent, tout y nettement plus
nuancé et incertain quant aux causes du trouble ressenti par le
personnage interprété par Robert Hossein mais aussi par les
spectateurs. Une évidence s'impose cependant: Toi,
le Venin
ne laisse pas indifférent. J'en profite pour remercier Bruno Terrier
qui dans la dernière vidéo du Boulevard
du Cinéma
sur Youtube a évoqué Robert Hossein et notamment le film ici
présent. C'est donc grâce à lui si j'ai pu découvrir ce
long-métrage...
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