Basé sur un scénario de
Robert Hossein, Robert Chazal, Steve Passeur, Jean Serge et Louis
Martin, Le Jeu de la Vérité
est le septième long-métrage de Robert Hossein. Une œuvre qui
s'inscrit dans la lignée des romans de l'écrivain britannique
Agatha Christie, et notamment de ses Dix Petits
Nègres.
Un genre bien spécifique qui depuis quelques années connaît un
regain d'intérêt puisque sont sortis dans les salles le remake du
Crime de l'Orient-Express réalisé
en 2017 par Kenneth Branagh ou À Couteaux Tirés
de Rian Johnson deux ans plus tard. En France, l'acteur, réalisateur
et scénariste Robert Hossein s'est donc intéressé au concept du
Cluedo
qui consiste à découvrir parmi un certain nombre d'individus,
lequel à pu commettre un homicide. C'est donc en terrain connu que
sont transportés les spectateurs amateurs d'énigmes, ici, pas
vraiment policière puisque les autorités tarderont à surgir,
laissant des hôtes et des convives se charger eux-même de découvrir
le nom du responsable du meurtre de l'un d'entre eux. À savoir, un
certain Portrant que seul l'excellent Paul Meurisse semblait pouvoir
incarner. Un être cynique, quelque peu immonde dans sa façon d'agir
et de penser. Que l'on n'invite pas mais qui s'impose. Dans le cas
présent, c'est accompagné d'une jeune prostituée d'origine
asiatique (une présence qui fera l'objet de remarques xénophobes et
d'un certain rejet pour cette jolie jeune femme d'un milieu social
jugé modeste) et d'une enveloppe dont le contenu restera longtemps
mystérieux que Portrant débarque et commence à semer la zizanie
parmi les invités de l'écrivain Jean-François Vérate (Jean
Servais) et de son épouse Solange (Nadia Gray). Surtout lorsqu'est
évoquée l'idée de jouer à un jeu dangereux : Le Jeu de la
Vérité lors duquel, les uns posent des questions aux autres avec
pour impératif de dire la vérité. Ce qui ne va pas apaiser les
tensions des convives. Mais le jeu est subitement interrompu lorsque
Portrant est découvert mort assis dans un fauteuil. L' homme
semble apparemment avoir reçu une balle à l'arrière du crâne...
Le Jeu de la Vérité
se mue très rapidement en un jeu de massacre dans lequel les bons
mots fusent aussi rapidement qu'une balle de fusil. C'est d'ailleurs
là que le film de Robert Hossein tire toute sa substantifique
moelle. La qualité première d'une œuvre qui porte haute et fière,
une couleur de langage que l'on ne retrouve plus guère aujourd'hui
que dans de rares occasions. Ici, le cadrage et le montage
participent de l'élaboration d'une mise en scène incroyable dans
laquelle le moindre regard ou la moindre gestuelle constitue un
élément de réponse fugace signifiant l'état d'esprit de tel ou
tel personnage féminin ou masculin. Comme le veut la coutume dans ce
genre de production, chaque personnage semble avoir un bon prétexte
pour se retrouver suspecté du meurtre. Les scénaristes ajoutent à
cette affaire déjà ''bien compliquée'' un élément mystérieux.
La lettre que porte sur elle la victime avant de disparaître comme
par enchantement. C'est alors que survient un nouveau personnage.
Celui qu'interprète Robert Hossein. Un flic venu enquêter peu
orthodoxe sur la mort de Portrant. Dès l'arrivée de ce nouveau
personnage, le récit ''s'appauvrit'' quelque peu. Du moins, du point
de vue des dialogues puisque après une première partie
particulièrement vigoureuse lors de laquelle la dizaine
d'interprètes s'en sont donnés à cœur joie lors d'une
éblouissante joute verbale à laquelle la caméra participa
brillamment, Le Jeu de la Vérité,
s'il ne retombe pas comme un soufflet, prend une direction
sensiblement différente en opposant le représentant de l'autorité
à un groupe de suspects. Mais là encore, le film brille pour ses
dialogues (déjà plus discrets) ainsi que pour son interprétation.
Toujours celle de Robert Hossein, bien sûr. Mais également celles
de Françoise Prévost, de George Rivière, de Jean-Louis Trintignant
ou de Perrette Pradier. Mais bien que Le Jeu de
la Vérité
soit supérieur à nombre de longs-métrages reposant sur le même
concept du point de vue des dialogues, le climax est lui,
relativement décevant. En tout cas, beaucoup moins percutant que ne
le laissait présager la ''bombe'' évoquée à maintes occasions.
Reste que le film de Robert Hossein est une excellente surprise qui
vaut bien ses homologues britanniques...
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