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samedi 27 mars 2021

Rent-a-Pal de Jon Stevenson (2020) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Pour son premier film en tant que réalisateur, scénariste et producteur, Jon Stevenson accouche d'une œuvre pour le moins déstabilisante. Et pas seulement en ce qui concerne le récit mais pour cette idée permanente qui fait son petit bonhomme de chemin dans l'esprit du spectateur. Lequel est bien obligé de constater que Rent-a-Pal passe tout juste à côté du statut d’œuvre culte qu'il aurait pu devenir. Proche de ces portraits de déviances engendrées par la société contemporaine, le long-métrage de Jon Stevenson souffre sans doute de certaines petites faiblesses qui le condamneraient presque à n'être qu'un énième petit film d'horreur psychologique s'il n'avait pour lui certaines qualités. En effet, c'est avec une naïveté relativement touchante que le réalisateur tente d'humaniser son protagoniste. Un individu remarquable d'attentions pour sa mère presque impotente et à moitié sénile. D'où l'impossibilité pour David d'avoir une vie à lui, condamné qu'il est à vivre auprès de sa génitrice et d'accepter tous ses caprices. Incarné par Brian Landis Folkins dont l'essentiel de la carrière s'est jusqu'à maintenant faite autour d'un certain nombre de courts-métrages, David, s'il n'est pas l'anti-héros par excellence n'est sans doute pas non plus l'image que l'on se fera du beau jeune homme que l'on jettera entre les bras de sa propre fille. D'apparence libidineuse, il s'est inscrit à un service de rencontres sur support VHS (le film situe en effet son action dans les années quatre-vingt). Mais alors qu'un jour la société lui propose de réenregistrer son annonce, il découvre une vidéo intitulée Rent-a-Pal qui l'intrigue et qu'il s'empresse d'acquérir...


Cette vidéo va changer sa vie, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Il y découvre en effet un certain Andy avec lequel, étrangement, il va sympathiser. Naît alors une étrange relation entre David et cette bande magnétique qu'il ne cesse de se repasser en boucle. C'est aussi à ce moment que pour David l'enregistrement d'une nouvelle annonce a porté ses fruits. Grâce à cette dernière, il fait en effet la connaissance de Lisa qui comme lui est inscrite au service Rent-a-Pal. L'arrivée de la jeune femme dans l'existence de David ne va pas arranger la nouvelle ''relation'' qu'entretiennent le quadragénaire et Andy. Car aussi insensé que cela puisse paraître, ce dernier va se montrer rapidement jaloux de la nouvelle amitié entre David et Lisa. Si le sujet peut paraître totalement incongru, Jon Stevenson déploie un savoir-faire suffisamment convaincant pour que la pilule passe sans que l'on se surprenne à penser que le concept est grotesque ou bancal. En jouant en permanence sur l’ambiguïté de son personnage et sur la manipulation des images, le spectateur finit par croire en la présence bien vivante d'Andy malgré son improbabilité. Car faut-il le répéter : il ne doit son existence qu'à cet enregistrement sur bande magnétique. L'ambiance de Rent-a-Pal est pesante. Et sans être tout à fait morbide, le film dégage un pessimiste à peine secoué de quelques séquences pas vraiment joyeuses...


Le film est bien sûr porté par la performance de Brian Landis Folkins mais fait également d'Andy, l'un des éléments cruciaux du récit. Derrière ce personnage mu à travers l'usage d'un magnétoscope et d'un écran de télévision et dont les interventions sont l’œuvre d'un scénariste prenant un malin plaisir à manipuler l'image, se cache l'acteur Wil Wheaton. Bien que méconnaissable derrière sa barbe et ses faux airs de ''pancarte publicitaire'', il n'en est pas moins bien connu des cinéphiles ou des téléphages amateurs de science-fiction puisqu'il interpréta notamment le rôle de Gordie Lachance dans le formidable drame Stand by Me de Rob Reiner en 1986 ou celui de Wesley Crusher dans la série télévisée Star Trek : la Nouvelle Génération entre 1987 et 1994. Se noue alors entre les deux personnages une relation inédite, foyer d'une démence qui couve sans doute depuis fort longtemps. Ou du moins d'un besoin refréné depuis bien trop d'années. Jon Stevenson manipule l'image dans l'optique de faire accepter au spectateur l'idée que le personnage d'une bande vidéo enregistrée puisse prendre vie sans pour autant qu'aucun élément ''fantastique'' ne vienne s'interposer entre David et cette authentique tragédie qu'il s'apprête à vivre. Mais si Brian Landis Folkin et Wil Wheaton campent ce drôle de couple sur lequel repose l'essentiel du récit, il ne faudra pas oublier la performance de l'actrice Kathleen Brady qui en dehors d'un épisode de série télévisée huit ans en arrière n'a rien interprété d'autre que le rôle de Lucille, la mère de David. Sans être un chef-d’œuvre, Rent-a-Pal représente cependant une alternative très réussie au cinéma d'épouvante, lequel a tendance à ne donner vie qu'à de sempiternelles redites...

 

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