Pour que l'évolution
professionnelle soit possible dans une grande entreprise, il faut
couper la tête la tête de son dirigeant pour que ceux d'en dessous
puissent gravir les échelons. C'est à peu de chose près le concept
sur lequel repose Carambolages de
Marcel Bluwal, réalisateur à la carrière étonnante puisque
d'abord tournée vers la télévision, il fut l'auteur de trois
longs-métrages cinéma seulement, les deux premiers tous deux
tournés en 1962 avant que le réalisateur ne fasse reparler de lui
sur grand écran qu'en 1999 avec Le Plus Beau
Métier du Monde.
Si Carambolages
est l'adaptation du roman éponyme de l'écrivain et scénariste
Fred Kassar sorti en 1959 et que son auteur jugea d'infidèle, le
sujet rappelle étrangement celui d'un autre long-métrage sorti en
2005 et signé de Costa-Gavras, Le Couperet.
Un thriller dramatique dans lequel Bruno Davert (excellent José
Garcia), cadre supérieur d'une usine de papier licencié tuait tous
les concurrents potentiels à l'obtention d'un emploi dans le même
domaine de compétence que lui. Dans le cas de Carambolages,
le ton est plus léger puisqu'il s'agit avant tout d'une comédie. Et
pourtant, déjà, l'esprit de la concurrence y prend une forme aussi
radicale que chez Costa-Gavras. Prêt à gravir les échelons en
commençant par prendre la place de l'un de ses supérieurs dont il
doit épouser la fille, Paul Martin voit son projet contrecarré le
jour où le président directeur générale de l'agence 321
lui annonce que le gouvernement a décidé de rallonger la date de la
retraite de cinq années supplémentaires...
De
quoi manquer de satisfaire Paul Martin qui voit son opportuniste
projet tomber à l'eau. Ce jeune homme plein d'ambition, c'est
l'acteur Jean-Claude Brialy qui l'incarne. Alors âgé de vingt-neuf
ans, l'acteur a le beau rôle puisque le récit lui adjoint deux
jolies partenaires féminines en les personnes de Anne Tonietti,
actrice originaire d'Italie, et surtout Sophie Daumier, charmante
blonde caricaturale et amante contrariée du héros de cette histoire
un brin emberlificotée de situations pas toujours très claires à
suivre. Si Carambolages part
avec de sacrés bagages, le résultat final est cependant nettement
moins reluisant. Preuve que l'on a beau avoir comme atout dans sa
poche le cynisme de Pierre Tchernia ici employé à l'adaptation du
roman ou le dialoguiste Michel Audiard, le film de Marcel Bluwal
sonne relativement creux. Jean-Claude Brialy est cependant loin de se
débrouiller comme un manche et peu se montrer digne de trôner aux
côtés du Claude Rich d'Oscar (Edouard
Molinaro, 1967) puisque son personnage de Paul Martin peut être
envisagé comme un talentueux brouillon de Christian Martin avec
lequel (fruit du hasard ?) il partage le patronyme...
Si
le jeune acteur voit son nom sur l'affiche et au générique avoir le
privilège d'être encadré (un peu comme cela sera le cas plus tard
pour les productions Alain Delon), la véritable vedette reste bien
évidemment dans le cœur des cinéphiles, la future star de la
comédie française Louis de Funès. Le célèbre comique y façonne
déjà le personnage qui fera sa renommée. Autoritaire, méprisant,
grimaçant et aboyant devant ses employés, celui-ci y connaît
d'ailleurs un sort assez remarquable puisque Norbert Charolais y perd
la vie. Les spectateurs noteront la présence à l'écran de Michel
Serrault dans le rôle de l'inspecteur Boudu, un nostalgique du
Troisième Reich. Ou encore celles de Henri Virlogeux, de Daniel
Ceccaldi, Dominique Zardi ou Philippe Castelli. Les plus attentifs
remarqueront également les courtes interventions de Pierre Tchernia
et même celle d'un tout jeune acteur qui débuta sa carrière sur
grand écran seulement deux ans auparavant : un certain Alain
Delon. Mais en dehors de ces quelques détails qui demeureront en
réalité fort négligeables, Carambolages
s'avère en fait peu (pour ne pas dire pas du tout) amusant. Et même,
parfois, ennuyeux. Un petit film dans la carrière de Louis de Funès
qui d'ailleurs n'intervient que dans un nombre de séquences bien
inférieur à celles qui mettent en scène Jean-Claude Brialy.
Anecdotique...
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