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mardi 15 septembre 2020

Tous les Dieux du Ciel de Quarxx (2018) - ★★★★★★★★★☆




Dans un monde où tous les cinéphiles seraient tous d'accord pour dire que le cinéma de genre français a sa place dans le septième art, Quarxx tiendrait sans doute une place importante dans leur cœur. Malheureusement, il existe un noyau dur de réfractaires qui stoppés par la seule évocation d'une comédie réalisée par Dany Boon ou interprétée par Kad Merad ou Gad Elmaleh en font des généralités et considèrent que ces quelques exemples ne diffèrent pas du reste de la production hexagonale. Combien de fois ai-je pu entendre et dû subir des remarques inappropriées alors que l'on a tout de même la chance dans notre pays d'avoir des Gustave Kervern, des Benoit Delépine, des Quentin Dupieux, des Gaspar Noé ou comme dans le cas présent, des Quarxx. Combien de fois ai-je eu à me renfrogner, prendre sur moi ou même carrément exposer ma boue dédaigneuse face à une nuée d'indifférents restés de marbre face à notre cinéma national ? Peut-être que la réponse qu'attendent ces incultes à leur hypothétique question s'inscrit-elle dans l'une des incroyables expériences auxquelles nous convient en général les réalisateurs cités ci-dessus et notamment certains longs-métrages comme Tous les Dieux du Ciel qui, pour le coup, n'est pas vraiment un film de genre mais plutôt Transgenres. Le type de long-métrage qu'il est assez facile de résumer sous l'appellation OFNI. Une catégorie qui permet de ranger dans un même sac tout ce qui sort des sentiers battus...

Pourtant, ce premier long-métrage signé de Quarxx, pseudonyme étrange sous lequel se cache le réalisateur français Alexandre Claudin, n'est pas vraiment un Objet Filmique Non Identifié. Il est plutôt la somme de plusieurs idées qui mises bout à bout, ou plutôt mélangées, offrent une expérience de cinéma qui ne ressemble pas vraiment à ce que l'on a l'habitude de découvrir sur grand écran même si le concept pousse forcément à référencer toutes les sources d'inspiration dont semble s'être abreuvé le réalisateur. Concernant les genres abordés dans Tous les Dieux du Ciel, le spectateur pourra tout autant être tétanisé par l'ambiance lourde du propos, par ce drame terrible qui touche un frère et surtout sa sœur victime lorsqu'elle était toute petite du jeu de la roulette russe. Par cette hallucinante galerie de portraits, entre rednecks et gueules cassées à la suite de suicides ratés. Par cet environnement rural et souvent hostile qui rappelle les heures les plus marquantes du Survival. Par cette administration employant des protocoles inhumains, sourdes aux suppliques. Mais aussi, par la poésie que dégage le long-métrage à travers les espoirs d'un frère rongé par la culpabilité depuis plus de vingt ans et qui pour résister à la tentation de mettre un terme aux souffrances de sa sœur dont il a été le témoin ''coupable'' de l'accident alors qu'ils n'étaient tout deux que des enfants, se réfugie dans un monde de fantasmes où des extraterrestres pourraient bien débarquer un jour pour leur venir en aide à tous les deux...

Tous les Dieux du Ciel, c'est un peu tout cela et encore beaucoup d'autres choses. Entre les sujets abordés par Quarxx et les impressions qui s'en dégagent, le spectateur considérera la somme de données à ingérer au moins double, si ce n'est le triple, des quelques exemples cités dans le paragraphe ci-dessus. Sa vedette, Quarxx va la chercher en Belgique en la personne de Jean-Luc Couchard qui en matière d’œuvres déviantes n'en est pas à ses débuts puisqu'on le découvrit notamment quatorze ans plus tôt dans l'excellent Calvaire de son compatriote Fabrice du Welz. N'ayant cessé de tourner depuis, on le vit également dans l'excellente comédie d'Olivier Van Hoofstadt, Dikkenek l'année suivante ou dans Mon Pire Cauchemar d'Anne Fontaine auprès de Benoît Poelvoorde en 2011. Interprète principal du court-métrage de Quarxx Un Ciel Bleu Presque Parfait dans lequel il interprétait déjà le rôle de Simon aux côté de l'actrice et mannequin hors norme Mélanie Gaydos qui elle, interprète pour la seconde fois le rôle de la sœur Estelle, Jean-Pierre Couchard porte sur ses épaules le poids d'une œuvres lourde de sens. Si Tous les Dieux du Ciel épouse les contours d'un scénario convoquant aussi bien l'épouvante que le drame, la science-fiction que la critique sociale, ce n'est que pour mieux décrire la lente dérive psychologique d'un individu se sentant responsable du drame qui a rendue infirme et défigurée sa jeune sœur.

Aussi sombre et désespéré soit-il, le long-métrage de Quarxx n'en est pas moins parcouru de quelques séquences optimistes telles que l'amitié entre Estelle et la jeune Zoé Debart (l'actrice Zélie Rixhon). Des scènes pourtant très rares, noyées dans un contexte de fin du monde imminente comme le laissent en partie présager les propos de Simon. Quarxx maîtrise son œuvre de bout en bout. Tous les Dieux du Ciel évite le piège du ridicule qui consiste à brasser plusieurs genres à la fois pour un résultat navrant. Le réalisateur ET scénariste nous convie durant plus d'une heure trente aux confins du désespoir et laisse ce sentiment étrange qui ne perdure généralement plus lorsque l'ingestion de cinéma d'épouvante est devenue monnaie courante : Tous les Dieux du Ciel offre ce remarquable frisson qui laisse présager après son visionnage que la nuit à venir sera peut-être agitée par d'intenses cauchemars... à noter la présence (trop courte) de l'excellent Thierry Frémont...

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