Dans un monde où tous
les cinéphiles seraient tous d'accord pour dire que le cinéma de
genre français a sa place dans le septième art, Quarxx tiendrait
sans doute une place importante dans leur cœur. Malheureusement, il
existe un noyau dur de réfractaires qui stoppés par la seule
évocation d'une comédie réalisée par Dany Boon ou interprétée
par Kad Merad ou Gad Elmaleh en font des généralités et
considèrent que ces quelques exemples ne diffèrent pas du reste de
la production hexagonale. Combien de fois ai-je pu entendre et dû
subir des remarques inappropriées alors que l'on a tout de même la
chance dans notre pays d'avoir des Gustave Kervern, des Benoit
Delépine, des Quentin Dupieux, des Gaspar Noé ou comme dans le cas
présent, des Quarxx. Combien de fois ai-je eu à me renfrogner,
prendre sur moi ou même carrément exposer ma boue dédaigneuse face
à une nuée d'indifférents restés de marbre face à notre cinéma
national ? Peut-être que la réponse qu'attendent ces incultes
à leur hypothétique question s'inscrit-elle dans l'une des
incroyables expériences auxquelles nous convient en général les
réalisateurs cités ci-dessus et notamment certains longs-métrages
comme Tous les Dieux du Ciel
qui, pour le coup, n'est pas vraiment un film de genre mais plutôt
Transgenres.
Le type de long-métrage qu'il est assez facile de résumer sous
l'appellation OFNI.
Une catégorie qui permet de ranger dans un même sac tout ce qui
sort des sentiers battus...
Pourtant,
ce premier long-métrage signé de Quarxx, pseudonyme étrange sous
lequel se cache le réalisateur français Alexandre Claudin, n'est
pas vraiment un Objet
Filmique Non Identifié.
Il est plutôt la somme de plusieurs idées qui mises bout à bout,
ou plutôt mélangées, offrent une expérience de cinéma qui ne
ressemble pas vraiment à ce que l'on a l'habitude de découvrir sur
grand écran même si le concept pousse forcément à référencer
toutes les sources d'inspiration dont semble s'être abreuvé le
réalisateur. Concernant les genres abordés dans Tous
les Dieux du Ciel,
le spectateur pourra tout autant être tétanisé par l'ambiance
lourde du propos, par ce drame terrible qui touche un frère et
surtout sa sœur victime lorsqu'elle était toute petite du jeu de la
roulette russe. Par cette hallucinante galerie de portraits, entre
rednecks et gueules cassées à la suite de suicides ratés. Par cet
environnement rural et souvent hostile qui rappelle les heures les
plus marquantes du Survival.
Par cette administration employant des protocoles inhumains, sourdes
aux suppliques. Mais aussi, par la poésie que dégage le
long-métrage à travers les espoirs d'un frère rongé par la
culpabilité depuis plus de vingt ans et qui pour résister à la
tentation de mettre un terme aux souffrances de sa sœur dont il a
été le témoin ''coupable''
de l'accident alors qu'ils n'étaient tout deux que des enfants, se
réfugie dans un monde de fantasmes où des extraterrestres
pourraient bien débarquer un jour pour leur venir en aide à tous
les deux...
Tous les Dieux du
Ciel,
c'est un peu tout cela et encore beaucoup d'autres choses. Entre les
sujets abordés par Quarxx et les impressions qui s'en dégagent, le
spectateur considérera la somme de données à ingérer au moins
double, si ce n'est le triple, des quelques exemples cités dans le
paragraphe ci-dessus. Sa vedette, Quarxx va la chercher en Belgique
en la personne de Jean-Luc Couchard qui en matière d’œuvres
déviantes n'en est pas à ses débuts puisqu'on le découvrit
notamment quatorze ans plus tôt dans l'excellent Calvaire
de son compatriote Fabrice du Welz. N'ayant cessé de tourner depuis,
on le vit également dans l'excellente comédie d'Olivier Van
Hoofstadt, Dikkenek
l'année suivante ou dans Mon Pire Cauchemar
d'Anne Fontaine auprès de Benoît Poelvoorde en 2011. Interprète
principal du court-métrage de Quarxx Un Ciel
Bleu Presque Parfait dans
lequel il interprétait déjà le rôle de Simon aux côté de
l'actrice et mannequin hors norme Mélanie Gaydos qui elle,
interprète pour la seconde fois le rôle de la sœur Estelle,
Jean-Pierre Couchard porte sur ses épaules le poids d'une œuvres
lourde de sens. Si Tous les Dieux du Ciel épouse
les contours d'un scénario convoquant aussi bien l'épouvante que le
drame, la science-fiction que la critique sociale, ce n'est que pour
mieux décrire la lente dérive psychologique d'un individu se
sentant responsable du drame qui a rendue infirme et défigurée sa
jeune sœur.
Aussi
sombre et désespéré soit-il, le long-métrage de Quarxx n'en est
pas moins parcouru de quelques séquences optimistes telles que
l'amitié entre Estelle et la jeune Zoé Debart (l'actrice Zélie
Rixhon). Des scènes pourtant très rares, noyées dans un contexte
de fin du monde imminente comme le laissent en partie présager les
propos de Simon. Quarxx maîtrise son œuvre de bout en bout. Tous
les Dieux du Ciel évite
le piège du ridicule qui consiste à brasser plusieurs genres à la
fois pour un résultat navrant. Le réalisateur ET scénariste nous
convie durant plus d'une heure trente aux confins du désespoir et
laisse ce sentiment étrange qui ne perdure généralement plus
lorsque l'ingestion de cinéma d'épouvante est devenue monnaie
courante : Tous les Dieux du Ciel
offre ce remarquable frisson qui laisse présager après son
visionnage que la nuit à venir sera peut-être agitée par
d'intenses cauchemars... à noter la présence (trop courte) de l'excellent Thierry Frémont...
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