Pink Flamingos est
LE film culte de John Waters. Ce qui ne doit bien évidemment
contraindre personne à le préférer à n'importe quel autre de ses
treize longs-métrages réalisés entre 1969 et 2015. L'un des papes
du cinéma trash réalisait en 1972 ce qui allait devenir l'un des
monuments du genre et l'un des représentants du courant ''Midnight
Movie''
parmi lesquels on retrouve notamment Freaks, la
Monstrueuse Parade
de Tod Browning, El Topo
d'Alejandro Jodorowsky ou bien Eraserhead de
David Lynch. En 2015, John Waters réalise ce qui demeure encore
jusqu'à aujourd'hui son dernier ''méfait''. Le remake de son propre
''chef-d’œuvre'', intitulé Kiddie Flamingos
et malheureusement toujours demeuré inédit chez nous. Mais revenons
en 1972 avec Pink Flamingos
dont la réputation demeure un tout petit peu galvaudée, surtout si
on le compare à Female Trouble
( 1974) ou à Desperate Living
(1977) que votre serviteur considère comme les meilleurs films de
John Waters dans sa période la plus trash !
Le
réalisateur originaire de Baltimore où il tourna tous ses films
nous y conte les mésaventures de Babs Johnson que la presse locale
surnomme ''The
filthiest person
alive''
(La personne la plus sale du monde). Le couple de fétichistes formé
par Connie et Raymond Marble va tout tenter afin de détrôner Babs
de son statut en usant de tous les stratagèmes. Comme à son
habitude, John Waters s'entoure de familiers. C'est ainsi donc
qu'outre la présence de l'indispensable Divine (la star travestie du
cinéma indépendant Glenn Milstead), nous retrouvons à l'écran
tous ceux qui dès les débuts de carrière du réalisateur,
participèrent à l'explosion de son univers décadent. Edith Massey
incarne notamment le rôle d'Edie, la mère de Babs Johnson/Divine,
Mink Stole et David Lochary le couple Marble, Mary Vivian Pearce
l'amie des Johnson, quant à Cookie Mueller, elle interprète le rôle
de Cookie, une détective chargée de surveiller les activités de
Babs pour le compte de Connie et Raymond Marble...
C'est
un monde à part auquel nous convie John Waters. À l'extrême
opposée de la Californie et de ses plus belles plages, Pink
Flamingos
expose des marginaux. À l'image d'Edie, qui vit dans un parc pour
enfant et qui est obsédée par les œufs de poule qui constituent
son unique repas. Pire actrice de la ''famille Waters'', elle éructe
son désir de manger des œufs de son timbre criard parfois
insupportable. De Crackers (l'acteur Danny Mills, dont Pink
Flamingos
sera le seul fait d'arme) aux mœurs étranges. Pires demeurent les
Marble. Le couple enlève de jeunes femmes et les enferment dans leur
cave où leur serviteur Channing (Channing Wilroy) les engrosse. Le
but ? Vendre les bébés à des couples homosexuels afin d'en
retirer des bénéfices qui leur permettront de financer un réseau
de vente d'héroïne dans les écoles. Et puis, il y a Divine.
Toujours sexy, ventripotente, maquillée à outrance, vêtue de
costumes éveillant la curiosité d'anonymes dont certains badauds
aperçus en ville ne semblent pas se douter que le tournage d'un film
a lieu. Objet de curiosité, de fascination ou de rejet, elle compose
un personnage évoluant dans un univers vraiment, vraiment
dégueulasse.
John
Waters ne s'économise pas lorsqu'il s'agit de mettre en scène des
séquences parfois absolument abjectes. La nudité y est souvent
repoussante, l'exhibition y est reine et la vulgarité un mode de
pensée. Ici, tout est affaire de mauvais goût. Les actrices et
acteurs jouent mal, mais en même temps, quel fan du réalisateur ou
de ses interprètes s'en plaindrait ? Le principal intérêt de
cette ''Monstrueuse
Parade''
réside dans la surenchère à laquelle s'adonnent des interprètes
tous voués à la cause immorale de John Waters. Fascination ou
rejet, oui, lorsque David Lochary s'exhibe une saucisse suspendue au
bout du pénis. Lorsque Danny Mills/Crakers viole Cookie
Mueller/Cookie lors d'un ébat où deux poules font les frais de sa
dérangeante libido. Mais LA scène culte de Pink Flamingos, celle
qui ne fit appel ni à l'imagination de John Waters ni à la fiction
mais à l'inspiration exclusive de Divine est celle qui clôt Pink
Flamingos et qui, selon
les versions proposées, est soit visible sous forme de diaporama,
soit a tout simplement été coupée, soit est visible dans son
intégralité. L'anecdote veut que John Waters ne sachant comment
mettre un terme à son récit, Divine, en voyant un chien déféquer
en pleine rue, décida d'aller ramasser la crotte afin de la manger
et ceci, pour de vrai. Pour avoir eu le ''privilège'' d'assister à
la chose, je peux affirmer que la scène ne souffre d'aucun
subterfuge visant à faire croire qu'il s'agit d'un acte fictionnel.
Une ''proposition'' qui symbolise au fond l’œuvre à laquelle on
vient d'assister. Un acte d'une totale liberté, trash et
irrévérencieux. Un sommet du genre...
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