Les nouvelles aventures
d'Indiana Jones débutent un an avant celles du premier volet
intitulé Les Aventuriers de l'Arche Perdue.
Une logique qui s'explique peut-être dans le fait que la dite arche
est considérée comme l'objet ultime que puisse convoiter le héros.
Par conséquent, faire évoluer le personnage à travers un récit
dont l'aboutissement serait d'une efficience moindre étant illogique
en terme d'intensité, il valait mieux pour Steven Spielberg et ses
scénaristes Willard Huyck et Gloria Katz évoquer un retour vers le
passé si récent soit-il par rapport au premier volet. Nous sommes
donc désormais en 1935. Indiana Jone et le
Temple Maudit débarque
sur les écrans américains le 23 mai 1984 et dans notre pays le 12
septembre de la même année. Cette fois-ci, le réalisateur ouvre
les hostilités en conviant les spectateurs à une introduction se
situant non plus dans une forêt dense de l'Amérique du Sud mais en
Chine, dans un cabaret situé à Shanghai où
l'archéologue-aventurier fait affaire avec le parrain de la mafia
locale, Lao Che (l'acteur hongkongais Roy Chiao, notamment interprète
d'un moine shaolin dans Opération Dragon
de Robert Clouse aux côtés de Bruce Lee et de Senzo Tanaka dans
Bloodsport
de Newt Arnold aux côtés de l'acteur belge Jean-Claude Van Damme)
auquel il doit remettre les cendres de l'empereur chinois Nurhachi
contre lesquelles Indiana Jones doit recevoir en échange un très
gros diamant. Mais les choses tournent mal. Après avoir bu un verre
empli de poison, Indiana Jones n'a que quelques minutes pour
récupérer l'antidote qui est entre les mains de Lao Che s'il veut
rester en vie. Mais alors que la situation dégénère et se
transforme en fusillade, ''Indy'' parvient à prendre la fuite au
bras de Wilhelmina Scott, une proche de Lao Che que le chinois
abandonne apparemment sans regrets...
Voici
donc telles que débutent les nouvelles aventures de l'aventurier au
chapeau modèle ''traveller''
vissé sur la tête, toujours aussi mal rasé et vêtu de sa
légendaire tenue couleur beige. Après un long générique dont la
grandiloquence est égale à son ambition, à sa démesure en terme
de chorégraphie mais sans doute encore davantage à son aspect
totalement désuet, voire ringard, les choses commencent vraiment
mal. Et si l'on perd un peu de l'aspect sauvage qui ouvrait les
hostilités dans le précédent épisode, on sent déjà que Steven
Spielberg n'a pas l'intention de se reposer sur ses lauriers.
Profitons-en pour évoquer tout d'abord la partition musicale de John
William avant d'oublier d'en parler comme ce fut le cas dans
l'article consacré aux Aventuriers de l'Arche
Perdue.
C'est avec grand plaisir que les fans de la saga retrouveront donc le
thème principal qui comme dans l'épisode précédent connaîtra
quelques variantes. Le casting étant entièrement remanié en dehors
de Harrison Ford qui assure toujours le rôle d'Indiana Jones, le
public aura la tristesse de constater la disparition de la charmante
Karen Allen et du personnage de Marion Ravenwood au profit de la
toute aussi séduisante Kate Capshaw qui joua notamment aux côtés
de Michael Douglas dans Black Rain de
Ridley Scott en 1989 et dans la comédie noire de Todd Solondz, Life
During Wartime
en 1997...
Autre
fait qui lui, pourra s'avérer quelque peu gênant durant les toutes
premières minutes : en effet, dans cette séquelle en forme de
préquelle, ça n'est plus Claude Giraud qui double en français
Harrison Ford mais Francis Lax, celui-là même qui fut notamment (et
à plusieurs reprises) les voix de Michael Caine, de Ronny Cox, de
Chuck Norris et de Jerry Lewis au cinéma, ainsi bien entendu que
celle de David Soul dans la célèbre série policière américaine
Starsky et Hutch
entre 1975 et 1979. Ce qui peut apparaître comme une anecdote
demeure en fait comme un indice de l'évolution que vient de prendre
en l'espace de ce seul épisode, la saga. Le ton enjoué et pas
vraiment sérieux du doublage est malheureusement significatif de
l'esprit de cette préquelle qui tout au long du récit reposera
majoritairement sur un humour pas toujours très fin et même, très
enfantin. On s'y perd donc un peu, à ne plus vraiment retrouver ce
mélange entre action, aventure, fantastique et comédie qui dans Les
Aventuriers de l'Arche Perdue était
parfaitement dosé. En conséquence de quoi, Kate Capshaw s'avère
agaçante dans le rôle de Willie. Pourtant écrit à quatre mains,
le scénario de cet Indiana Jone et le Temple
Maudit est
pittoresque, mais dans le mauvais sens du terme...
Si
Harrison Ford assure sa part de marché, le spectateur sera plus
circonspect en ce qui concerne l'histoire et la mise en scène. À
trop vouloir œuvrer dans le divertissement, Steven Spielberg use et
abuse d'un humour aussi potache qu'inefficace. Car trop d'humour tue
l'humour. Le film a beau nous faire voir du pays, entre la Chine et
l'Inde, l'ennui s'installe après seulement une demi-heure. Et
lorsque l'on sait que Indiana Jone et le Temple
Maudit
approche les deux heures, le sentiment que l'on va inutilement perdre
un temps infini se fait rapidement ressentir. Alors que Les
Aventuriers de l'Arche Perdue
proposait toute une séries d'aventures et de situations débordant
d'imagination, ce second volet ressemble parfois davantage à un
catalogue de voyage à destination de terres inconnues et
dépaysantes. Évidemment, les décors demeurent souvent
impressionnants. Bien que l'illusion soit souvent parfaite, le
tournage n'a pas eu lieu en Inde mais au Sri Lanka puis dans les
studios d'Elstree où furent notamment tournés tout ou partie de
2001, l'Odyssée de l'Espace
de Stanley Kubrick en 1968, Danger, Planète
Inconnue de Robert
Parrish la même année, Qui veut la Peau de Roger
Rabbit de
Robert Zemeckis en 1988 ou encore les séries Le
Saint,
Le Prisonnier
et Chapeau Melon et Bottes de Cuir.
Une
grande partie du long-métrage se déroule dans le temple maudit du
titre dans lequel nous assistons notamment à un sacrifice humain
lors d'une cérémonie païenne, à une course-poursuite à bord d'un
wagonnet de mine, Indiana Jones, Willie et le jeune asiatique
Demi-Lume (l'acteur Jonathan Ke Quan que l'on retrouvera notamment
dans Les Goonies
de Richard Donner en 1985 ou à la télévision dans la troisième
saison de l'anthologie fantastique Les Contes de
la crypte en
1991) parvenant même à s'extraire d'un piège à base de pics
acérés descendant d'un plafond directement inspiré par le film La
Maîtresse du Désert
réalisé par William Witney en 1942. L'une des excellentes idées du
script fait en outre référence au premier volet en forme de clin
d’œil. En effet, rappelez-vous : dans Les
Aventuriers de l'Arche Perdue,
Harrison Ford étant en mauvaise état lors de la séquence qui
devait l'opposer à un homme armé d'un sabre, celle-ci avait été
abrégée.
Dans
Indiana Jone et le Temple Maudit,
notre héros tente une nouvelle fois d'écourter le combat face à
deux hommes armés de sabres avant de se rendre compte qu'il ne porte
pas sur lui son fameux pistolet !!! Une autre séquence plutôt
appréciable : Celle qui voit Indy, Willy et leur jeune
compagnon tenter de traverser un pont de singe avant d'être
confrontés au prêtre Mola Ram (l'acteur indien Amrish Puri) et ses
hommes. Comme on peu le voir, tout n'est pas raté dans ce second
épisode. Simplement, en comparaison des Aventuriers
de l'Arche Perdue,
cette préquelle sent souvent le rance et s'avère au final beaucoup
moins divertissante. Et si on la compare au premières aventures
d'Indiana Jones, les recettes furent un peu moins importantes
puisqu'en coûtant vingt-huit millions de dollars (quand le premier
fut financé à hauteur de vingt), Indiana Jone
et le Temple Maudit
a rapporté à l'échelle mondiale la modique somme de trois-cent
trente-trois millions de dollars alors que Les
Aventuriers de l'Arche Perdue en
accumula environs cinquante-cinq de plus. Cinq ans plus tard, un
troisième épisode verra le jour, toujours réalisé par Steven
Spielberg, mais cette fois-ci écrit par le scénariste Jeffrey Boam.
Son titre : Indiana Jones et la Dernière
Croisade...
Je vais partie de ceux qui considèrent le 2 comme le meilleur de la saga.
RépondreSupprimer